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Homoalpinus

Werner Bätzing est un des plus importants spécialistes de l'espace alpin. il propose une définition originale donnant plusieurs possibilités en fonction du point de vue que l'on se place .

Délimitation des Alpes (Alpenabgrenzung)

Tout d'abord il faut rappeler le constat souligné par Werner Bätzing : « il n'existe pas de définition unique et infaillible des Alpes...» et il ajoute «...même la question de la subdivision interne n'est pas résolue de manière consensuelle »

Dans la version originale de la 4e édition (2015) de son ouvrage sur les Alpes, Werner Bätzing propose trois méthodes très différentes pour délimiter et définir les Alpes (délimitation étroite, moyenne et large) qui peuvent être justifiées, dans chaque cas, par des critères basés sur les sciences naturelles ou les sciences humaines, soit 6 possibilités :

1. Délimitation étroite des Alpes (Enge Alpenabgrenzung)
   
a. Dans une perspective naturelle (In naturwissenschaftlicher Perspektive)
Les limites se situent au niveau de l'étage alpin autour des 2 000 m avec une superficie de 35 770 km².


Les Alpes à 2 000 m


    b. Dans une perspective touristique (In touristischer Perspektive)
Les Alpes commencent alors habituellement à 1 000 m, ainsi les profondes vallées incluant les réseaux routiers principaux, les installations industrielles et les villes sont délibérément exclus des Alpes, n'appartenant pas à la particularité et l'unicité alpestre. Il en résulte une fragmentation de la chaine en plusieurs massifs individuels, avec un espace qui renferme environ 0,8 millions d'habitants. Les terres au-dessus de 1 000 m atteignent une superficie de 111 200 km² dans les limites de la Convention Alpine.


Les Alpes à 1 000 m

2. Délimitation moyenne des Alpes (Mittlere Alpenabgrenzung)
    a. Dans une perspective naturelle (In naturwissenschaftlicher Perspektive)
Les Alpes commencent où le relief est escarpé qui comprend la haute montagne ainsi que le corps complet de la montagne, mais aussi les vallées, les bassins internes et les zones de piémont. On peut estimer une superficie entre 175 000 km² et 180 000 km².


Exemple de délimitation orographique - Roderich Mattmüller


    b. Dans une perspective politique (In politischer Perspektive)
Ce point de vue se base sur les limites municipales et correspond aux communes classées selon les lois nationales sur les zones de montagnes des pays alpins.
La Convention Alpine s'est constituée suivant ces critères formant un espace alpin de 190 959 km² avec une population de 15,2 millions d'habitants en 2011.


Périmètre de la Convention Alpine

3. Délimitation large des Alpes (Weite Alpenabgrenzung)
    a. Dans une perspective naturelle (In naturwissenschaftlicher Perspektive)
Les grands cours d'eau du Rhône, Aare, Rhin, Danube et Po qui s'écoulent autour des Alpes servent de frontières et atteint une superficie d'environ 300 000 km²


Délimitation large en fonction majoritairement des grands cours d'eau et des mers


    b. Dans une perspective politique (In politischer Perspektive)
En formant un grand espace périalpin, où le territoire des entités politiques telles que les provinces, les régions, les cantons et les circonscriptions des Alpes n'est pas coupé, l'Alpine Space Programme atteint une superficie de 449 297 km² pour une population de près de 70 millions d'habitants.


Alpine Space

Suivant ces critères de délimitation la superficie des Alpes fluctue entre 35 770 km² et 450 000 km²

La version en langue française, adaptée par le Prof. Henri Rougier décrit 5 possibilités.

1. Dans une perspective naturelle
2. Dans une perspective touristique
3. Dans une optique de politique agricole
4. Sur le plan des lois nationales
5. Dans la perspective d’une politique alpine européenne

La version en langue italienne, traduite par le Prof. Fabrizio Bartaletti, ajoute le point de vue géomorphologique dont il s'est occupé personnellement, ce qui fait 6 possibilités de définition et de délimitation.

1. Du point de vue des sciences sociales (Dal punto di vista delle scienze sociali)
2. Du point de vue touristique (Dal punto di vista turistico)
3. Du point de vue de de l'agriculture de montagne (Dal punto di vista dell'agricultura di montagna)
4. Du point de vue géomorphologique (Dal punto di vista geografico-morfologico)
5. Basé sur les lois de montagne de chaque pays (In base alle leggi per la montagna dei singoli stati)
6. Dans l'optique d’une politique alpine européenne (Nell'ottica della politica europea per le Alpi)

Pour le dictionnaire encyclopédique des Alpes des éditions Glénat, Werner Bätzing choisi la subdivision classique des Alpes en trois parties : les Alpes occidentales, les Alpes centrales et les Alpes orientales. On note que dans son ouvrage "Les Alpes. Un foyer de civilisation au coeur de l'Europe", basé sur les limites de la Convention Alpine, Bätzing intègre une carte correspondant à une étude de Paul Zahn qui divise les massifs alpins en tant que système de partage des eaux et bassins-versants découpant la chaîne en 2 parties : Alpes occidentales et Alpes orientales.

Die Alpen : Geschichte und Zukunft einer europäischen Kulturlandschaft Verlag C H. Beck, München, 1. Auflage 2003, 431 S. - 3. Auflage 2005 - 4. völlig überarbeitete und erweiterte Auflage 2015. 484 S. : mit 14 Tabellen, 34 Karten und 134 Abbildungen.

Dix Articles dans: Dictionnaire encyclopédique des Alpes. Editions Glénat, Grenoble 2006, 2 volumes, dont en ce qui concerne les divisions :
dans le volume "Encyclopédie des Alpes" : Définir les Alpes, p. 21-23 "
dans le volume "Dictionnaire des Alpes" : "Centrales, Alpes", p. 359 ; "Occidentales, Alpes", p. 509-510 ; "Orientales, Alpes", p. 518.

Alpes
Alpes occidentales
  Limites      
Les Alpes occidentales De la Méditerranée au lac Léman Mont-Blanc
4 808,72 m
   
Limites avec les Apennins
La ville de Savone, la rivière Lavanello, le village de Cadibona (335 m), le Col de Cadibone ou Altare (458 m), le village de Altare (436 m), le village de Carcare (365 m), le village de Millesimo (429 m), le village de Monteze-Molo (793 m), le torrent Cevette, la ville de Ceva (388 m), le fleuve Tanaro. La limite suit la voie de communication Torino-Savona. Parfois le Passo dei Giovi (472 m), au nord de Gênes, est indiqué comme frontière.
     
Limites avec les Langhe
D'un point de vue géologique, les 40 km de Langhe (nord de Ceva-Carcare) sont certainement une continuation des Alpes Ligures et des Apennins, mais montrent un paysage composé de collines et de distinguent des Alpes de par leur histoire et civilisation.
     
Limites avec le Jura
Les Préalpes françaises (correspondant aux Préalpes calcaires du Nord) se fondent dans le Jura au niveau du massif de la Chartreuse, formé durant la même période, rendant difficile un tracé qui suit l'espace naturel.
     
Limites avec les Alpes centrales
Lac Léman, vallée transversale du Rhône, la ville de Martigny, la Dranse d'Entremont, le col du Grand-Saint-Bernard (2 469 m), le torrent du Grand-Saint-Bernard, la rivière Artana-vaz, la rivière Buthier, la ville d'Aoste, La Dora-Baltea, la ville d'Ivrea. Cette frontière longe la partie la plus étroite du massif alpin (125 km)
     
Autres limites
Les autres limites sont assez évidentes comme espaces naturels. Les plus nettes sont celles des Alpes maritimes et des Alpes Ligures, finissant dans la Méditerranée, celles des Alpes piémontaises, entre Ivrea au nord et Ceva au sud-est, où les Alpes se dégradent vers les sédiments de la plaine du Pô. Les limites des Alpes françaises entre Saint-Genix au nord et Nice au sud-est sont un peu moins évidentes, car ici, les Alpes se terminent plus graduellement débouchant sur certaines régions collineuses comme la Sainte-Baume ou les Maures.
     
Alpes centrales
Alpes centrales Du col du Grand-Saint-Bernard au Col du Brenner
Remises en cause par la récente classification SOIUSA
Mont-Rose
4 633 m
   
Frontère nord
La frontière entre les Alpes et la Suisse centrale est certainement bien définie, mais, dans la région de transition, il y a un certain nombre de petites régions de collines ou de moyenne montagne (Schwarzenburger Land, Emmental, les montagnes de Lucerne, l'oberland de Zurich, etc.), que la tradition n'inclut pas dans les Alpes, même si cela pourrait avoir un sens en termes politiques. Ce n'est même pas facile de retracer en détail la frontière entre les reliefs des Alpes de Haute-Bavière et les Alpes, parce que les jeunes moraines de la dernière période glaciaire sur le bord géologique des Alpes, rendent délicates la description exacte du passage. Mais il est encore plus difficile de définir la frontière autour du lac de Constance et de l'Allgau, où le paysage est marqué par de très jeunes moraines. Le niveau d'érosion se situe entre 600 et 800 m, altitude qui ne se retrouve nulle part ailleurs, sauf dans un court passage entre Vevey et Bulle en Suisse.
     
Frontière sud
Les Alpes se jettent avec des pentes abruptes sous les sédiments du Pô, par conséquent, la frontière sud se distingue très clairement. Deux régions de collines, près de Varèse et dans le Sottoceneri (une partie du canton du Tessin, au sud du col de Monte Ceneri) ne sont pas incluses aujourd'hui dans les Alpes.
     
Alpes orientales
 
Alpes orientales Intègrent les massifs situés à l'est du col du Brenner Grossglockner
3 798 m
   
Limites avec les Alpes centrales
La frontière entre les Alpes orientales et les Alpes centrales se forme à partir de la ville de Rosenheim, le fleuve Inn, la ville d'Innsbruck, la rivière Still, le col du Brenner (1 374 m), l'Isarco/Eisack, la ville de Bozen/Bolzano, l 'Adige et la ville de Vérone. Cette frontière coupe la partie la plus large du massif alpin (250 km) et la concavité de la crête principale la plus évidente du massif (sauf la partie la plus orientale de la chaîne).
     
Limites avec les Carpates
La frontière entre les Alpes orientales et les Carpates est représentée par le Danube. D'un point de vue géologique, les plis alpins se dégradent vers le bassin de Vienne et continuent vers l'est jusqu'aux Carpates.
     
Limites avec les Dinarides
La frontière entre les Alpes orientales et les Dinarides se compose des villes de Gorizia, Ajdovscina et Postojna. La chaîne des Dinarides est la continuation géologique des Alpes calcaires du sud vers les Balkans. Étant donné que la transition s'effectue sans rupture, il est difficile d'établir une nette frontière naturelle. Parfois, on intègre le grand plateau karstique de Carniole, ou Suha Krajina, et le Karst triestin dans les Alpes, parce que ce sont des régions défavorisées au niveau économique, même si le paysage n'a pas de caractère alpin.
     
La frontière nord
La transition entre les Alpes et les contreforts de la Haute-Bavière et de la Haute et Basse-Autriche n'est pas clairement marquée à cause de la présence de jeunes moraines, mais ne pose pas un réel problème. On exclut généralement le petit massif de l'Hausdruck d'une altitude moyenne, ou forêt Kobernauss, au nord de Salzbourg (755m), car il ne présente pas de paysages alpins.
     
La frontière sud
Le bord méridional est marqué très clairement, même si les massifs en bordure de la chaîne présentent un caractère de moyenne altitude. Cela est dû au fait que les Alpes passent sous les sédiments du Pô. Ne sont pas retenus les volcans des Colli Euganei (601 m) ni ceux des Monti Berici (444 m) au sud de Vicenza.
     
La frontière sud-est
Vers la plaine hongroise ou le bassin de Pannonie, il est difficile de tracer une frontière claire avec les Alpes qui déclinent doucement, avec des collines et des montagnes de moyenne altitude. Au niveau géologique on devrait inclure, une grande partie de la région de Sopron (Hongrie) mais on y a renoncé pour des raisons géographiques.
     

Divisions-Subdivisions-Références bibliographiques