- SOMMAIRE
LE TOURISME DANS LES ALPES
« On ne naît pas touriste, on le devient » (Jean Viard)
Rappelons que l'Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) définit le tourisme comme « un phénomène social, culturel et économique qui implique le déplacement de personnes vers des pays ou des endroits situés en dehors de leur environnement habituel à des fins personnelles ou professionnelles ou pour affaires. Ces personnes sont appelées des visiteurs (et peuvent être des touristes ou des excursionnistes, des résidents ou des non-résidents) et le tourisme se rapporte à leurs activités, qui supposent pour certaines des dépenses touristiques. »
Le tourisme est un secteur clé de l'économie de l’espace alpin et reste étroitement lié à l'histoire de la culture européenne et ne peut s'expliquer uniquement du point de vue économique.
Le désir d’exploration, la soif de connaissance scientifique génère une forme de tourisme proche de l'alpinisme qui remonte à plusieurs siècles en arrière.
- Pétrarque en 1336 escalade le Mont Ventoux.
- À la fin du XVe siècle, Léonard de Vinci s’intéresse aux Préalpes Lombardes.
- Antoine de Ville atteint en juin 1492, sur l’ordre du roi Charles VIII, le sommet du Mont Aiguille.
- Au XVIe siècle, une série d’ascensions contribue à la découverte des Alpes Suisses.
Cette activité demeure toutefois très sporadique et décline au cours des deux siècles suivants, les montagnes inspirant pendant longtemps la crainte plutôt que l'appétit de conquête.
La visite de la Mer-de-Glace en 1741, par les Anglais, William Windham et Richard Pocock, à « Chamouny » (Chamonix) préfigure l'avènement de la pratique touristique dans le massif.
Deux siècles de tourisme dans les Alpes
C'est véritablement dans la deuxième moitié du XIXe siècle que nait le tourisme alpin. C'est une forme d’économie directement liée à la révolution industrielle.
Six étapes se succèdent : (d'après Fabrizio Bartaletti)
- La première phase d’« exploration » prend effet le 6 août 1816 avec l’ouverture de la première auberge suisse, équipée de 6 lits, la Kulm-Gasthaus (Rigi Kulm Hôtel-Schwyz) et se poursuit jusqu’en 1882 avec le premier Championnat d’Europe de patinage à St.Moritz.
La montagne du Rigi, située au-dessus du lac des Quatre-Cantons (Vierwaldstättersee) dans les cantons de Luzern et Schwyz, à 1 798 m, jouit d’un panorama remarquable. Elle est gravie en juin 1776 par le célèbre écrivain allemand Johann Wolfgang von Goethe.
La « découverte » des Alpes est favorisée par les exploits de grimpeurs et les descriptions de poètes et romanciers, depuis la fin du XVIIIe siècle. Albrecht Von Haller (1708-1777) est à l’origine de ce développement, car il est le premier à promouvoir la beauté des Alpes alors que jusque-là il n’était question que de leurs dangers.
Dans son poème « Die Alpen » (les Alpes), il salue avec enthousiasme la grandeur de la nature et la modestie des personnes résidant dans cet environnement. Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) rend cette idée plus populaire en affirmant que l’homme « vraiment libre et bon » vit dans l’idylle pastorale des Alpes.
Les lieux les plus fréquentés se concentrent dans certaines destinations pittoresques, au pied de magnifiques montagnes, ou dans quelques stations thermales (Leukerbad, Badgastein). Pour le voyageur international le Mt. Rigi représente la montagne à la mode et sa visite reste incontournable lorsqu’on parcourt la Suisse.
Verlobung auf dem Rigi
- Fiançailles
sur le Rigi (1866)
Considérées comme un paradis mystique, les Alpes suisses demeurent de loin les plus appréciées ; les gens riches se plaisent à explorer leur beauté naturelle. En conséquence, une industrie du tourisme de la haute société commence à fleurir et croît rapidement.
En septembre 1864, le pionnier de l’hôtellerie, Johannes Badrutt de St Moritz (Suisse), station de villégiature déjà réputée, engage avec quatre invités britanniques le pari suivant : venir pendant l’hiver et si le séjour ne leur convient pas, leurs frais de voyage retour pour Londres leur seront remboursés. Ainsi nait le tourisme hivernal.
Badrutt's Palace Hotel - Sankt-Moritz
- À la Belle Époque, à partir de 1882, on assiste à la deuxième phase d’expansion touristique dans les Alpes. En 1884 l’ouverture du Kursaal Hôtel à Maloja, pourvu d’un système de chauffage adapté à la saison d’hiver marque le début de cette période qui s’étend jusqu’au commencement de la première guerre mondiale en 1914. C'est l'avènement d'un régionalisme pour le tourisme alpin
C’est aussi l’époque de la construction de trains à crémaillère, funiculaires et chemins de fer à voie étroite (Montenvers, Gornergrat, Jungfraujoch, Bernina, etc.) ainsi que de pittoresques Palaces. Le ski, à l’aube de sa pratique, le bobsleigh et le patin à glace se développent modérément et dans des lieux choisis. La Suisse et l’Autriche sont alors les destinations les plus fréquentées. Ce tourisme prospère le plus souvent dans des localités situées entre 1 000 et 1 300 mètres d’altitude.
Interlaken avec la Jungfrau - BE
- La troisième phase couvre les années 1914 à 1955-1958 et est marquée par l’apparition d’une classe moyenne aisée qui va jouer un rôle majeur. Cette période correspond à l’essor du ski ; de fond dans un premier temps, il sera supplanté par le ski de descente à l’origine de la construction des premières remontées mécaniques. L’ingénieur zurichois Ernst Gustav Constam dépose son brevet du premier téléski à arbalète en 1930 et c'est à Davos en 1934 que le premier téleski entre en fonction.
La station de Sestrières dans les Alpes piémontaises (2035 m), planifiée et construite pour satisfaire aux exigences de cette pratique de 1931 à 1932, est le prototype des stations dites de "ski-total", ou stations intégrées. Le tourisme estival, cependant, occupe une place de premier plan. Les Alpes françaises et italiennes prennent de l’envergure.
Sestrière dans les années 1930 - Piemonte-To
- La quatrième phase, de la fin des années 1950 à la fin des années 1970, se caractérise par la croissance du tourisme de masse estival (1960-1975) et hivernal. Le boom du ski et des semaines blanches entraine la prolifération d’infrastructures et de nombreuses stations de sports d’hiver d’altitude. On assiste à l’apparition de quantité de maisons secondaires, particulièrement en France, phénomène moins marqué dans les Alpes centre-Occidentales italiennes et dans le Valais suisse. Le tourisme estival prévaut dans la majeure partie des grandes stations.
Flaine (Haute-Savoie), station de sports d'hiver des années 1960 inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques de France. Exemple d'urbanisme, d'architecture contemporaine et de design
(Bauhaus)
- La cinquième phase, de 1980 à 1998, se distingue par la consolidation du tourisme hivernal avec le renouvellement et la modernisation des remontées mécaniques. On vise une constante augmentation de la capacité par heure, ainsi que l’interconnexion de nombreux domaines skiables voisins.
Pian Ra Valles - Cortina d'Ampezzo
Dès la fin des années 1970, les premiers hivers chauds engendrent la mise en place à grande échelle d’installations pour l’enneigement artificiel et de machines de fabrication de neige.
La pratique du Snowboard séduit un public à la recherche de nouvelles sensations.
Le tourisme de masse hivernal s’intensifie alors que l’on note un déclin du tourisme d’été.
Dans les Alpes françaises, les bâtiments énormes qui constituent la structure urbanistique de certaines stations d’altitude font quelques émules en Italie et en Suisse dans la partie occidentale du Valais.
L’image de nombreuses stations traditionnelles est sérieusement ternie par un surdéveloppement de complexes immobiliers.
- La sixième phase de 1998 à nos jours est marquée :
- par un processus de renouvellement et de rationalisation des remontées mécaniques, un développement à grande échelle des machines de fabrication de neige artificielle : les canons à basse pression ou mono-fluide à générateur ventilateur et les canons à neige bi-fluides (perches) à induction et à nucléation à haute pression ou atomisation bi-fluide,
- par la recherche de nouvelles liaisons à haute altitude,
- par l’apparition d’activités hivernales nouvelles (la marche en raquettes, le freeride) qui deviennent plus populaires, alors que le ski « classique » semble passer par une étape « de maturité ».
Canons à neige : la fuite en avant - Mountain Wilderness
l'enneigement artificiel en question (CIPRA-FFCAM-FRAPNA-MW)
L’enneigement artificiel dans l’arc alpin (CIPRA)
Mais cette représentation synthétique des six phases du tourisme alpin ne reflète pas toute la diversité régionale. Pour une meilleure compréhension, si l'on désire appréhender la situation actuelle des Alpes de manière appropriée, il convient de faire appel à une typologie thématique. C'est l'analyse que propose le géographe Werner Bätzing.
Quatre modèles différents de développement et de marché touristiques.
En effet, les différents développements touristiques ont favorisé l'émergence de quatre marchés, qui diffèrent considérablement les uns des autres et se singularisent en fonction des lois de l'offre et de la demande. Au-delà de ces modèles, nous évoquerons en fin de chapitre le cas particulier du petit marché des Alpes Slovènes. La question du seul centre touristique de la principauté du Liechtenstein, Malbun, est intégrée au marché suisse.
- Les Alpes de Bavière, de l'Autriche occidentale (Vorarlberg, Tirol, Salzburg) et du Haut-Adige (Südtirol)
- Les Alpes suisses
- Les Alpes italiennes (sans le Haut-Adige)
- Les Alpes françaises
- l’absence de stratégie précise de développement,
- la pluralité des styles architecturaux (qui retrouvent une certaine unité dans les cœurs historiques à condition que ceux-ci n’aient pas été détruits par l’expansion touristique, par la guerre ou des évènements naturels),
- l’extension pratiquement permanente dans toutes les directions (compatibles avec les limites du site),
- la fonctionnalité diffuse du domaine skiable morcelé en divers secteurs et/ou joignable en téléphérique,
- Le rôle non négligeable de la saison d’été,
- La présence d’une communauté locale qui a occupé et occupe une place importante dans le développement touristique.
C'est un marché dominé par la clientèle allemande (90 % en Bavière, 65 % en Autriche occidentale et 60 % dans le Haut-Adige). Si les conditions politiques et institutionnelles sont diverses, c’est une impression d’unité qui prévaut. L’Autriche promeut depuis 1955 un développement touristique diffus privilégiant la location de chambres et d’appartements chez l’habitant. Celui-ci peut louer sans autorisation jusqu’à 10 lits, sans être imposé sur ce revenu. Le secteur bancaire fortement étatisé met à l’abri des puissantes sociétés d’investissement à l’origine de la spéculation immobilière.
En Bavière, le tourisme interne prédomine et la grande métropole munichoise en forte croissance, alimente un flux journalier de proximité. En conséquence, l’activité touristique est particulièrement intense. Dans le Tyrol du Sud (Haut-Adige), le long combat pour l’indépendance politique a concouru à une faible modification des structures traditionnelles, exception faite du « superskipass » des Dolomites.
L’offre touristique se singularise par un hébergement constitué de petits établissements, une proportion élevée d'entités non commerciales, un nombre de résidences secondaires plutôt modeste, un haut pourcentage de capitaux locaux et un développement touristique marqué par une empreinte endogène déterminante. Par conséquent, nulle part ailleurs dans les Alpes on ne rencontre un tourisme aussi diffus. Généralement les villages périphériques et toutes les vallées latérales proposent un produit touristique. Les grands centres de tourisme ont moins de 10 000 lits d'hôtes ce qui est relativement bas en comparaison des autres secteurs des Alpes.
On trouve tout de même en Autriche occidentale quelques communes touristiques importantes comme Saalbach-Hinterglemm / Pinzgau (près de 16 000 lits), Sölden / Ötztal (environ 14 000 lits) ou Mittelberg / Kleinwalsertal (plus de 12 500 lits).
Berchtesgaden-Königsee parkplatz - Parking (Oberbayern)
C’est l’aire touristique la plus ancienne de l’espace alpin. À cause de sa longue tradition touristique, ce marché est le moins dominé par la clientèle du seul pays avec plus d’hôtes provenant d’autres continents ; les hôtes de Suisse représentent 42 % dans le total contre 20 % d’Allemands. Les visiteurs venant de loin occupent une place importante et diversifiée : USA 6 % et Japon 3 %.
À partir de 1914, les hôtels de la Belle Epoque ayant rencontrés de graves problèmes structurels et de modernisation ont été partiellement et de manière inégale subventionnés par l’état, de sorte que le développement touristique non commercial (chambres d’hôtes, agritourismes, etc.) est resté durablement figé. Depuis 1965, la construction de copropriétés dans d’imposants immeubles a engendré rapidement l’essor remarquable de résidences secondaires et d’appartements en location, mais dans des lieux limités. Les banques et compagnie d’assurances extra alpines ont soutenu financièrement cette croissance exerçant une forte pression foncière. Cela traduit une influence exogène très marquée en Suisse.
L’offre touristique helvétique se décline en deux types de structures :
- D’une part, les stations réputées de la Belle Epoque qui comptent moins de lits qu’en 1913, mais disposent de grands complexes de résidences secondaires (Grindelwald, Davos, Saint-Moritz, Zermatt).
- D’autre part, des stations plus récentes et moins connues, nées après 1965, proposant presque exclusivement des hébergements en résidences secondaires et situées préférentiellement en Valais.
- Parallèlement, il existe en moindre proportion de plus petits centres touristiques fonctionnant avec une économie endogène.
Le tourisme suisse demeure concentré dans l’espace. Cette caractéristique s’exprime par la dimension des stations et leur capacité d’hébergement. Crans Montana (Valais) 30 000 lits, Bagnes-Verbier (Valais) 27 000 lits, Davos (Grisons) 23 000 lits et Zermatt (Valais) 17 000 lits.
À l’opposé, des régions comme le Tessin, la Suisse orientale, les Préalpes restent relativement à l’écart du tourisme.
Ce marché est dominé à 60-70 % par les hôtes italiens. La clientèle étrangère se concentre principalement dans les Dolomites, la Vallée d’Aoste, la vallée de Suse et à Livigno (Sondrio).
En 1930, Giovanni Agnelli, le président de FIAT, transforme les Alpages de Sestrière, entre la vallée de Suse et la vallée du Cluson (Chiusone), à 2000 m d’altitude en une station de ski. C’est l’archétype de la station de sports d’hiver conçue sur un site vierge. Il s’agit d’un centre sportif fonctionnel, comportant de grands hôtels, les deux tours rondes de 18 étages témoignent d’un style d’architecture et préfigurent le type de structures qui remporteront davantage de succès en France. Dans ces stations dites « intégrées », les nombreuses remontées mécaniques partent directement du pied des hôtels.
À la même période, sur le versant sud du Cervin, nait, soutenue par la haute finance piémontaise, la station de Cervinia. Elle est également située sur un site d’alpage à 2000 m d’altitude et répond à la double affectation de centre sportif d’hiver et d’été. Entre 1936 et 1938, la réalisation d’un téléphérique en trois parties permet d’atteindre le Plateau Rosa à 3 478 m, une altitude record pour l’époque. Parallèlement, on assiste à la création d’hôtels et pensions d’une capacité de 500 lits environ et à la construction de quelques villas. L’important développement touristique et les désastres urbanistiques consécutifs adviendront après la Seconde Guerre mondiale.
De manière générale, l’expansion touristique des Alpes surtout en Lombardie et dans le Piémont a été presque entièrement financée par les capitaux des grandes villes, en ce sens on peut parler de provenance exogène. La Vallée d’Aoste, le Trentin et la Vénétie ont également profité d’aide de même type à divers niveaux. Le secteur de l’immobilier joue un rôle prépondérant dans ce processus. L’objectif est d’obtenir des bénéfices substantiels grâce à la vente d’appartements dans les gigantesques complexes immobiliers. L’état n’étant pas en mesure d’encadrer ces pratiques au travers d’un plan d’aménagement du territoire local ou régional, tout se développe de manière chaotique, « sauvage ». Dans ce contexte, les capitaux de la mafia occupent une place déterminante. On remarquera ainsi dans certains lieux la présence de constructions totalement inappropriées.
C’est pourquoi on peut considérer que les Alpes italiennes sont généralement mal valorisées. Les centres touristiques les plus importants sont des corps étrangers à l’espace alpin qui ne peuvent (ou ne veulent pas) endiguer l’émigration des habitants. L’exemple de Limone dans le Piémont dont la population est en constante diminution illustre parfaitement ce constat.
Les Alpes italiennes présentent une dualité dans le domaine touristique :
– D’une part des grandes stations nées de capitaux extérieurs où fleurissent d’immenses complexes de résidences secondaires (Bardonecchia, Madona di Campiglio, la part des lits dans l’hôtellerie n’atteint que 6 %).
– D’autre part, une offre d’hébergement traditionnel diffus, géré par des acteurs locaux et qui vise une clientèle familiale nationale. Les statistiques ne sont pas vraiment fiables, mais indiquent que cette forme de tourisme ne constitue que peu de monde.
Le tourisme dans les Alpes italiennes demeure concentré dans l’espace avec des structures de taille similaire à celles que l’on trouve en Suisse.
Voici un tour d’horizon des principales stations ;
– Bardonecchia vient en tête avec environ 32 000 lits. À proximité, dans le domaine dit de la « Via Lattea » le Sauze d’Oulx a un capacité de 22 000 lits et Sestrières 17 500 lits (dont 2500 lits en hôtel).
– Madona di Campiglio et Pinzolo proposent autour de 28 000 lits, dont 5600 en hôtel,
– Castione della Presolana (Bergamo) totalise 27 000 Lits, Suivent à égalité avec approximativement 24 000 à 25 000 lits ;
– Cortina d’Ampezzo (dont 4800 lits en hôtel), Limone-Piemonte et Frabosa Sottana (Cuneo).
– Roana, sur le plateau d’Asiago en Vénétie, dont moins de 1000 lits en hôtel.
C'est le secteur alpin, après la Bavière, où domine la clientèle nationale (75-80 %). Les 12 millions d’habitants de Paris/Ile de France occupent une large part de la fréquentation touristique. Du fait que le développement touristique d’après-guerre, en particulier à partir des années soixante, a été programmé de manière stricte par un état centralisé sur des bases systématiques et rationnelles, on peut dénombrer quatre « générations » de stations.
Les stations de première génération, comme Chamonix, Megève, Morzine et Saint-Gervais existaient déjà depuis la fin du XIXe au début du XXe siècle. Elles constituaient plutôt des lieux de vacances estivales, où l’on pratiquait le thermalisme et l’alpinisme. Les sports d’hiver apparaissent dans ces centres à partir de l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale. Le village isolé de Val d’Isère est toutefois un centre de ski à partir de 1935 sans avoir quasiment expérimenté une précédente phase de villégiature estivale. L’Alpe d’Huez voit le jour en 1935 à partir d’alpages vierges, et préfigure ainsi les stations de deuxième génération. Auron et Chamrousse lieux fréquentés par les skieurs depuis respectivement 1937 et la fin du XIXe siècle connaitrons une urbanisation seulement à partir de l’après-guerre.
Les caractéristiques principales de ces endroits résident dans :
L’aspect urbanistique est en général hétérogène, mais reste agréable à Megève et Morzine grâce à la prévalence de constructions éparses, au volume réduit, avec un abondant usage du bois. Ces villages offrent un contraste étonnant avec l’Alpe d’Huez dépourvue de centre historique. En revanche, le cœur de Val d’Isère a été profondément rénové dans la deuxième moitié des années 80, certains édifices disgracieux des années 50 ayant été détruits et remplacés avec d’excellents résultats.
Les stations de deuxième génération sont des constructions récentes sur sites vierges et à des altitudes élevées entre 1500 et 1600 m minimum parmi lesquelles Courchevel sur la commune de Saint-Bon peut être considérée comme pionnière. Le département de la Savoie est à l’origine de sa promotion. En 1946, les pouvoirs publics (commune, département et génie civil) effectuent une étude ciblée qui individualise le site. C’est le secteur public qui se charge de la construction d’accès viables. Il acquiert des terrains, la plupart du temps des alpages, destinés à l’édification de lotissements, d’immeubles ou de pistes et remontées mécaniques évitant ainsi les interventions spéculatives de promoteurs privés. De cette manière, le secteur public abandonne le traditionnel système de la concession pour se diriger vers des constructions contrôlées dans le cadre d’une planification spatiale. De ce point de vue, Courchevel (1) se développe comme une station fonctionnelle, mais non « intégrée », car son extension est déléguée à des opérateurs privés. Courchevel s’articule sur trois pôles situés à différentes altitudes dont le plus important Courchevel 1850 est le plus élevé. Méribel est édifiée sur un modèle identique et se caractérise par son unité de style ; utilisation massive du bois, volumes contenus. Chamrousse qui donne une impression de grand désordre urbanistique, Pra Loup et Val Thorens, la station la plus haute des Alpes appartiennent aux stations de deuxième génération. Celles-ci, construites entre 1945 et 1962, se sont développées de manière chaotique, avec une intervention publique qui se limite aux remontées mécaniques et aux routes d’accès avec une profusion d’initiatives privées sans véritable plan d’aménagement du territoire : les exemples les plus révélateurs sont Les Deux Alpes, Auron, La Touissuire, Le Sauze/Supersauze, l’Alpe d’Huez (même si sa création date des années 30) et Chamrousse.
1 Liens externes :
Courchevel
Courchevel naissance
Les stations de troisième génération, dites « stations intégrées » voient le jour à partir de 1962, année durant laquelle commencent les travaux de construction à 2000 mètres d’altitude de La Plagne, site vertigineux, aux douces ondulations. À la différence des stations de deuxième génération, celles-ci sont aménagées en fonction d’études systématiques étendues à l’ensemble des Alpes françaises réalisées par des institutions (2) étatiques reconnues chargées de cibler les domaines adaptés à la pratique du ski. Ces stations sont édifiées par un acteur unique, public ou privé, à partir du projet d’un seul architecte (ou d’une équipe d’architectes) et généralement grâce à des capitaux extérieurs à la région. Elles se définissent comme « intégrées », car elles sont promues et gérées par une entreprise unique qui ne se limite pas à construire, mais vise à élaborer un produit fini.
D’un point de vue architectural, les stations intégrées se caractérisent, dans leurs aspects positifs comme négatifs, par une unité de style spécifique, des structures particulièrement fonctionnelles, avec des complexes érigés en hauteur pour économiser de l’espace. Les appartements en copropriété au pied desquels arrivent les pistes et partent les remontées mécaniques sont destinés à la location. L’utilisation de la voiture se limite à l’accès à la station.
Le « produit ski » est rationnel et peu coûteux. L’homogénéité et la standardisation du produit s’inspirent d’un modèle fordien renonçant à tout ce qui n’est pas efficace. L’absence de trace d’implantation humaine et économique précédant leur installation, permet de choisir librement pour ces stations intégrées, la dimension la plus adaptée à une exploitation maximale.
En général, ces stations sont de taille importante, offrant une capacité d’hébergement comprise entre 8 000 et 15 000 lits. Elles sont souvent disposées en unités réparties en étages à différentes altitudes (Les Arcs 1600, les Arcs 1800, Les Arcs 2000). On peut ainsi atteindre un volume de 45 000 lits.
Les stations intégrées « à la française » baptisées parfois « usines à ski » sont les plus grandes des Alpes. Avoriaz, Les Ménuires, Superdévoluy, Isola 2000, Flaine, La Foux d’Allos, en partie Vars comptent parmi les 80 stations qui ont vu le jour avec une inégale réussite jusqu’en 1985.
La Plagne incarne l’archétype de la station intégrée dans sa conception d’une remarquable simplicité. Il s’agit d’une station « linéaire » dans le sens où les bâtiments sont alignés dans un axe perpendiculaire à celui des pistes de ski et des remontées. Les édifices sont concentrés dans l’espace et reliés entre eux par des galeries marchandes, avec une alternance de constructions hautes et basses. La circulation automobile reste à l’écart du domaine skiable, les voitures étant garées sur des aires situées à l’opposé, à l’extrémité des routes d’accès. Le site (1 970 m) est assez plat entouré d’un cirque de montagnes relativement peu élevées (2 550 m) par rapport à la station, avec des pistes qui convergent vers la « grenouillère » lieu où se regroupent les remontées mécaniques, les zones commerciales et administratives. Autour de La Plagne, des stations satellites variées sont apparues avec le temps. Aime-La Plagne, complexe immobilier monolithique accroché à la montagne offre un contraste étonnant avec Plagne-Village, Montchavin et Valmorel à l’architecture néo savoyarde, un tissu urbain composé de villages pseudo traditionnels. Ces derniers préfigurent le modèle de la quatrième génération.
Un autre spécimen intermédiaire est celui de la station des Saisies dont l’expansion remonte au milieu des années 80 ce qui lui donne l’aspect d’une station récente. Dépourvu de centre historique, le village est constitué essentiellement de chalets en bois inspirés d’une typologie rurale suisse.
2 Ces institutions sont la « Commission Interministérielle pour l’Aménagement de la Montagne » (1964) et le « Service d’Étude d’Aménagement Touristique de la Montagne ».
À partir de 1985 apparaissent les stations de quatrième génération qui illustrent bien le changement de paradigme économique et social (3). Aucune nouvelle station ne voit le jour, mais des complexes généralement de petite dimension viennent compléter les structures existantes. Ces constructions, sans véritablement de style traditionnel, sont édifiées sur des critères fonctionnels mais plus réellement calqués sur un modèle citadin. Elles tendent à recréer un village idyllique avec une place du marché, des structures de petite taille avec un usage important du bois. Le tout est censé donner une impression d’historicité mais avec une efficience bien supérieure à celle du village traditionnel. Il s’agit d’une récupération évidente, d’un fonctionnalisme froid dissimulé derrière une fausse patine d’histoire et de tradition destinée à reproduire l’atmosphère chaude et accueillante d’autrefois. Cette nouvelle ruralité postmoderne n’a pas grand-chose à voir avec la ruralité authentique.
Les Alpes françaises, au territoire relativement peu étendu, regroupent cependant les plus grands centres touristiques alpins : Chamonix/Mont-Blanc avec 56 000 lits, Les Ménuires, Val-d’Isère, Tignes, La Plagne et Megève avec 42 000 à 44 000 lits pour chaque station, l’offre la plus considérable parmi les quatre marchés alpins. Des modestes structures réceptives existent parallèlement aux stations géantes, mais elles revêtent un rôle encore plus limité qu’en Italie.
La spécificité française réside dans sa concentration économique, la plus importante dans l’ensemble de l’arc alpin. La Compagnie des Alpes fondée en 1989 à Paris avec le soutien de l’État français détient une participation financière majeure dans 11 stations françaises ainsi que dans certaines stations étrangères comme Courmayeur en Italie, Verbier et Saas-Fee en Suisse. Avec des ventes de forfaits avoisinant les 13 millions par jour, la Compagnie des Alpes représente la plus grande société de gestion de remontées mécaniques et de pistes de ski au monde.
3 Il n’existe que peu d’analyse scientifiques sur la quatrième génération, même en France. Quelques articles de presse peuvent toutefois apporter un éclairage intéressant comme celui de « GEO » (N°264, février 2001, pages 48 à 105) ou de la revue italienne de montagne ALP (n°94, 1993, pages 78 à 87).
Chamonix-Mont-Blanc (Haute-Savoie)
Le cas particulier de la Slovénie
L'État socialiste yougoslave ayant intentionnellement bloqué le développement touristique des Alpes slovènes, les rares centres nés à la Belle Époque restent jusqu'à aujourd'hui les seules localités touristiques d'une certaine dimension : Bled, Bohinj et Kranjska Gora possèdent environ 5000 lits.
Toutefois, de grands efforts pour promouvoir et soutenir un tourisme diffus s'amorcent après 1989, comme en attestent les taux de croissance élevés, le nombre de places de lits disponibles demeure malgré cela très bas.
Tendances actuelles
On constate que le tourisme occupe toujours une place centrale. Les touristes se concentrent dans un petit nombre de stations et sont de plus en plus exigeants sur le plan des installations sportives et des infrastructures.
La grande majorité des nuitées dans les principales stations se situe durant la saison d'hiver. Toutefois, la tendance s'atténue parfois à cause du réchauffement climatique. À partir de la fin des années quatre-vingt, la combinaison défavorable de faibles chutes de neige et de températures élevées en particulier pendant l'hiver 2006-2007 soulève de sérieuses interrogations quant à l'avenir du tourisme d'hiver.
De nos jours, nombre de touristes hivernaux ne manifestent que peu d’attirance pour la protection du paysage et de la culture alpine. En outre, beaucoup semblent avoir un faible intérêt pour un environnement alpin préservé :
les Deux Alpes, le Passo Tonale ou Tignes par exemple, sont des stations de ski dont l’esthétique plutôt monotone, voire très contestable est dépourvue de toute intégration paysagère. Néanmoins, cela n’altère pas la fréquentation touristique. Par contre, Macugnaga (Piémont) avec un cadre de montagnes spectaculaires et de nombreuses maisons Walser traditionnelles, enregistre une baisse continue du tourisme.
La saison estivale est en légère reprise localement avec le développement de la pratique du vélo et d'un choix notable de nouvelles activités. Certaines s'adressent tout autant aux familles comme les parcours acrobatiques en forêt (acrobranche), les via ferrata, d'autres aux passionnés : VTT, canyoning, rafting, canoë-kayak, hydrospeed, parapente, vol à voile, course d'orientation, bouldering. Avec une bonne préparation physique, les raids combinent la course en montagne avec d'autres épreuves. L'escalade liée à l'alpinisme a pris quelque peu un virage urbain. Certaines pratiques semblent plus anecdotiques : le saut à l'élastique, le base-jump, la slackline. La randonnée reste quand même l'activité reine aux côtés de l'alpinisme.
L'importance quantitative du tourisme dans les Alpes - (Statistiques - Werner Bätzing - 2015)
Bien que les Alpes soient au milieu de l'Europe, où de bonnes statistiques sembleraient être évidentes, il est très difficile de quantifier dans le détail le tourisme alpin à l'échelle communale.
En effet il est quasi impossible d'utiliser les données des arrivées et des nuitées : ces dernières ne sont pas comptabilisées en France, en Suisse elles sont incomplètes et ne sont pas fiables en Italie.
En complément à ses propres travaux, Werner Bätzing a fait une synthèse des données décrites dans les chapitres suivants (Fabrizio Bartaletti, l’institut de recherche conjoncturelle suisse, BAK Basel et Roger Sonderegger sur les résidences secondaires). Les estimations des résultats obtenus varient, car les méthodes et les espaces choisis dans ces études diffèrent quelque peu.
Dans les Alpes, il y a environ 1,3 million de lits dans l'hôtellerie, statistiques qui peuvent être admises sans problème. Mais il est plus difficile d'avoir les données de la « parahôtellerie » c'est-à-dire refuges, campings, hébergement de groupes (auberges, gîtes alpins) et appartements de vacances. Les estimations comportent des différences assez marquées avec environ 2,5 à 3,2 millions de lits et environ 3,8 à 5,4 millions de lits dans les résidences secondaires, ce qui fait donc un ensemble d' environ 7,5 à 9,9 millions de lits touristiques.
L'intensité touristique (lit par habitant) est dans les Alpes de 0,5 lit par habitant, et si l'on applique une pondération basée sur la création de valeur ajoutée (en assignant un facteur 1 aux lits d'hôtel, et un facteur 0,2 à ceux de la parahôtellerie) on atteint une valeur de 0,17 lit par habitant.
Dans l'ensemble, on compte environ un demi-milliard de nuitées par an, qui sont réalisées à 32 % dans le secteur de l'hôtellerie, à 35 % dans la parahôtellerie et 32 % dans des appartements privés. Il y a aussi beaucoup plus de 60 millions de visiteurs journaliers qui passent chaque année dans les Alpes. Environ 15 % des emplois dans la région alpine sont directement ou indirectement liés au tourisme.
Le résultat de toutes ces études montre sans ambiguïté que nonobstant les chiffres importants, le tourisme dans l'arc alpin est loin d'être présent partout.
Quel rôle les Alpes jouent-elles au sein du tourisme mondial ?
CIPRA Alps Know How
(sur des travaux de Fabrizio Bartaletti pour l'année 2006)
À une question d'une telle importance, nous ne pouvons répondre qu'à partir de cas singuliers.
En réalité, les chiffres fournis par l'OMT, pour l'année 2006, concernent uniquement les arrivées internationales pour chaque pays ; pourtant, en moyenne, les Alpes accueillent davantage de touristes internes que de touristes internationaux.
En outre, les Alpes ne sont pas étudiées comme une région unitaire et l'intégration des données des différents pays conduit à plusieurs problèmes.
Quoi qu'il en soit, sur la base de l'analyse de diverses sources nationales, régionales et municipales (nombre de nuitées dans les Alpes), les arrivées de touristes internationaux dans les Alpes peuvent atteindre jusqu'à environ 30 millions, soit un peu moins de 4 % du nombre total de personnes qui étaient de 806,8 millions pour l'année 2005 (1 milliard 135 millions en 2014) et de près de 7 % de celles de l'Europe.
Tous les ans, ce massif reçoit plus de 60 millions de visiteurs. À cela il faut encore ajouter une quantité presque équivalente de séjours durant les fins de semaine.
On recense 4,5 millions de lits touristiques (dont approximativement 1,2 million en hôtels), et plus de 300 millions de nuitées annuelles. Si les résidences secondaires étaient intégrées dans les statistiques, le nombre total de lits s’élèverait à 9,9 millions (sans l’Autriche et la Bavière) et le nombre de nuitées à 545 millions.
Environ 30 stations enregistrent plus d'un million de nuitées :
- Oberstdorf (2,4 M) et Oberstaufen (1,2 M) dans l'Allgäu (Bayern) en Allemagne ;
- Sölden (2,02 M) et à Saalbach (1,96 M) en Autriche ;
-
Davos (2,1 M appartements y compris) et Zermatt (1,86 M) en Suisse ;
-
Chamonix (5,3 M, résidences secondaires incluses) et Val-d'Isère (> 2 M) en France ;
-
Madonna di Campiglio-Pinzolo (1,7 M), Cortina d'Ampezzo (1,6 M) et Bardonecchia (1,5 M), en Italie (y compris les résidences secondaires).
Ces chiffres indiquent que le tourisme occupe une place considérable au sein de l’économie de l’espace alpin. Néanmoins, les zones touristiques sont inégalement réparties à travers les Alpes et sont de plus en plus dépendantes de la saison d’hiver et du ski alpin. Cette activité hivernale pose problème en matière de développement durable et pourrait être menacée par les effets du réchauffement climatique.
L’Autriche se situe officiellement à la première place en ce qui concerne les nuitées, mais est largement dépassée par l’Italie si l’on considère les flux non officiels (location d’appartements, résidences secondaires). Depuis les années 90, les Alpes françaises accusent une stagnation voire une légère baisse du nombre de nuitées-séjours, tandis que l’on observe une diminution plus sensible en ce qui concerne la Suisse et le Tyrol (ce dernier en raison de la crise estivale). Le Tyrol du Sud (Haut-Adige) enregistre un pic de nuitées-séjours en 2005 et 2006.
Pourtant, si l’on regroupe les lieux touristiques des pays de l’arc alpin, les Alpes se classent presque comme la deuxième destination touristique au monde, après la côte méditerranéenne, bien que cette région enregistre environ quatre fois plus de visiteurs.
Benchmarking du tourisme - Le tourisme alpin - Tourisme durable dans les Alpes
(sur des travaux du BAK Basel-2011, Convention Alpine - 2013)
Rappelons qu'il est très difficile de quantifier le tourisme, car les données statistiques des sept pays principaux ne sont pas directement comparables.
Un rapport de la Convention Alpine de 2013 sur le tourisme durable dans les Alpes cite une étude de l’institut de recherche conjoncturelle suisse, BAK Basel, qui fournit des données dans le cadre d’un benchmarking (analyse comparative) sur le tourisme, et consacre un chapitre aux Alpes.
Le nombre de lits touristiques ne permet de mesurer qu’une partie de l’offre touristique. Il faut noter que le périmètre envisagé diffère légèrement du périmètre d’application de la Convention Alpine, et certaines villes comme Ljubljana, qui sont incluses dans l’étude, ne font pas partie du périmètre de la Convention alpine.
Périmètre choisi dans l'étude du BAK Basel - 40 régions
Entre 1995 et 2010, on a assisté à une stagnation de l’offre de lits touristiques (hôtels seulement), alors que les nuitées ont augmenté de 6,3 % en moyenne annuelle (BAK Basel, 2011, p. 43). Si l’on examine la situation de plus près, on remarque des différences entre les pays. Les Alpes allemandes et le Liechtenstein enregistrent une diminution. Les Alpes françaises ont connu une stagnation, tandis que, les Alpes suisses*, autrichiennes, italiennes et slovènes ont vu le nombre de nuitées hôtelières progresser.
D’une manière générale, l’étude BAK Basel conclut que l’hiver est la meilleure saison. Cependant, cette augmentation des nuitées ne révèle pas si la tendance à la hausse est due à l’augmentation des arrivées et du nombre total de touristes, ou si chaque personne a séjourné plus longtemps.
Ainsi, selon le Groupe de travail démographie et Emploi de la Convention Alpine, l’économie de 10 % des communes seulement, soit 8 % de la population alpine, repose sur le tourisme, et 46 % des lits se concentrent dans 5 % des communes (Price et al., 2011, p. 8). Le tourisme n’est donc pas réparti de manière homogène dans les Alpes. Il tend à se concentrer dans les vallées et les bassins faciles d’accès et 37 % des communes alpines ne possèdent pas de lits touristiques (Tappeiner et al., 2008, in Price et al., 2011 p. 8).
Pour l'année 2012, compte tenu des arrivées transfrontalières le BAK estime le tourisme alpin à une part du marché mondial d'environ 3,1 pour cent (environ 50 milliards d’euros selon OECD - OCDE en 2007). Son développement étant plus lent que celui du tourisme mondial, le tourisme alpin est en train de perdre des parts de marché.
Cependant, avec une estimation de 7,5 millions de lits (dont environ 1,2 million de lits d'hôtel, environ 2,5 millions se trouvent dans la parahôtellerie et approximativement 3,8 millions appartiennent à la catégorie des résidences secondaires) et ses 496 millions de nuitées, la région alpine reste une zone touristique majeure.
Dans l’Espace alpin, la quote-part de lits marchands s'élève à environ 50 % sur l'ensemble de l'arc alpin, mais seul un lit marchand sur six est un lit d'hôtel.
En conclusion, le tourisme apporte une contribution importante à l’économie alpine, mais on observe de grandes disparités régionales et locales. Les retombées économiques du tourisme doivent donc être analysées au niveau communal.
* En 2015 suite à la décision de la Banque Nationale suisse (BNS) de mettre fin au cours plancher, les acteurs du secteur touristique ont du s'adapter et craignent une baisse de la fréquentation dans l'année à venir. Le même BAK Basel prévoit jusqu'à fin 2016 que la Suisse perdra 1,5 à 2 points de pour cent de croissance.
Tableau des 149 destinations touristiques (supérieures à 100 000 nuitées d'hôtel et à 5 établissements hôteliers)
Source : BAKBASEL
Pays |
Regions Cantons/Provinces/Départements |
Destinations |
Suisse Schweiz Svizzera |
Alpes vaudoises |
Leysin - Les Mosses, Villars-Gryon |
Alpes bernoises |
Adelboden, Gstaad, Haslital, Interlaken, Lenk-Simmental, Kandertal, Thunersee, Jungfrau Region |
|
Grisons |
Arosa, Davos Klosters, Disentis Sedrun, Engadin St. Moritz, Flims Laax, Lenzerheide, Samnaun, Scuol |
|
Suisse orientale |
Heidiland, Toggenburg |
|
Tessin |
Bellinzona et le Haut Tessin (Ticino),Lac Majeur (Lago Maggiore) et vallées, région de Mendrisio (Mendrisiotto), région Lac de Lugano (Lago di Lugano) |
|
Valais |
Aletsch, Brig-Belalp, Chablais-Portes du Soleil (CH), Crans Montana, Goms, Leukerbad, Saastal, Sierre-Anniviers, Sion-Région, Verbier, Zermatt |
|
Suisse centrale |
Engelberg, Luzern, Weggis |
|
Autriche Österreich |
Carinthie |
Bad Kleinkirchheim, Kärnten Naturarena, Klagenfurt et environs, Klopeiner See - Südkärnten, Lavanttal, Liesertal-Maltatal, Millstätter See, Nationalpark Region Hohe Tauern Kärnten, Oberes Drautal, Rennweg / Katschberg, Villacher Skiberge, Wörthersee |
Salzbourg |
Europa-Sportregion, région de vacances (Ferienregion) de Lungau, région de vacances du Nationalpark Hohe Tauern, Fuschlsee, Gasteinertal, Grossarltal, Hochkönig, Lammertal-Dachstein West, Alpinworld Leogang Saalfelden, Saalbach-Hinterglemm, Salzburg et environs, Salzburger Saalachtal, Salzburger Sportwelt, Skiregion Obertauern, Tennengau Salzachtal, Tennengebirge, Wolfgangsee |
|
Styrie |
Ausseerland-Salzkammergut, Schladming-Dachstein-Tauern, Urlaubsregion Murtal |
|
Tyrol |
Achensee , Alpbachtal et Tiroler Seenland, première région de vacances en Zillertal, région de vacances (Ferienland) Kufstein, région de vacances (Ferienregion) de Hohe Salve, région de vacances de Reutte, région de vacances de St. Johann in Tirol, Imst-Gurgltal, Innsbruck et environs, Kaiserwinkl, Kitzbühel Tourismus, Kitzbüheler Alpen - Brixental, Lechtal, Mayrhofen, Osttirol, Ötztal Tourismus, Paznaun, Pillerseetal, Pitztal, Region Hall - Wattens, Seefeld, Serfaus-Fiss-Ladis, Silberregion Karwendel, St.Anton am Arlberg, Stubai Tirol, Tannheimer Tal, Tirol West, Tiroler Oberland, Tiroler Zugspitz Arena, Tux - Finkenberg, Wilder Kaiser, Wildschönau, Wipptal, Zell-Gerlos Zillertal Arena |
|
Vorarlberg |
Alpenregion Bludenz, Lech-Zürs, Bodensee-Vorarlberg, Bregenzerwald, Kleinwalsertal, Montafon |
|
France |
Haute-Savoie |
Chamonix Mont-Blanc, La Clusaz, Le Grand Massif, Portes du Soleil (F) |
Savoie |
La Plagne - Les Arcs, Les Trois Vallées, Val d'Isère et Tignes |
|
Italie Italia |
Haut-Adige |
Alta Badia, Eisacktal (Isarco), Gröden (Gardena), Hochpustertal (Alta-Pusteria), Kronplatz (Corones), Meraner Land (Merano), Rosengarten-Latemar (Catinaccio), Seiser Alm (Alpe Siusi), Südtirols Süden (Alto-Adige meridionale), Tauferer Ahrntal (Aurina), Vinschgau (Venosta) |
Belluno |
Cortina d'Ampezzo |
|
Sondrio |
Bormio |
|
Trento |
Altipiani di Folgaria Lavarone et Luserna, Altopiano di Pine' et Valle di Cembra, Dolomiti di Brenta - Paganella, Garda trentino, Madonna di Campiglio, Rovereto, San Martino di Castrozza et Primiero, Terme di Comano - Valsugana - Tesino, Trento, Val di Fassa, Val di Fiemme, Valle di Non, Valli di Sole Peio et Rabbi |
|
Allemagne Deutschland |
Allgäu |
Région de vacances Alpsee-Grünten, Oberstdorf |
Bavière sud-orientale |
Berchtesgadener Land, Garmisch-Partenkirchen, Reit im Winkl |
Benchmarking du tourisme - BAK Basel 2012-2013
Les résidences secondaires (Roger Sonderegger - 2014)
Il n'y a pas de définition généralement acceptée pour le terme de résidence secondaire. Dans cette étude, les résidences secondaires sont définies comme des maisons ou des appartements qui ne sont pas vides et non utilisés en permanence par quelqu'un inscrit dans la même municipalité ou pour le travail ou l'éducation.
L'analyse très compliquée de l'inventaire alpin à l'échelle des résidences secondaires dans les Alpes au niveau des communes montre qu'elles sont aussi nombreuses que les lits touristiques et se concentrent dans relativement peu de municipalités (44 % de toutes les résidences secondaires se trouvent dans seulement 6 % de toutes les communes alpines).
Chiffres et proportion de résidences secondaires (RS) dans la région alpine en 2000 et 2012
Pays | RS 2000 |
RS Proportion |
RS/residents |
RS/km2 |
RS 2012 |
France |
480.512 |
32.7 % |
0.20 |
12.1 |
520.000 |
Italy |
888.159 |
33.8 % |
0.20 |
17.0 |
650.000 |
Switzerland |
271.376 |
26.9 % |
0.13 |
10.1 |
300.000 |
Germany |
78.000 |
10.7 % |
0.05 |
7.2 |
80.000 |
Austria |
225.190 |
14.9 % |
0.07 |
4.1 |
250.000 |
Slovenia |
29.905 |
12.7 % |
0.05 |
3.9 |
40.000 |
Monaco |
3.603 |
19.6 % |
0.11 |
1801.5 |
5.000 |
Liechtenstein |
3.867 |
11.6 % |
0.12 |
24.2 |
5.000 |
Alpine region |
1.980.612 |
26.0 % |
0.14 |
10.3 |
1.850.000 |
Le nombre total de 1.850.000 résidences secondaires représente plus de 25 % du stock total de la construction à travers l'arc alpin. Elles sont principalement utilisées pour les loisirs et le tourisme et fournissent environ 6-7 fois plus de lits que le commerce traditionnel de l'hôtellerie. Par rapport aux environ 1,2 million de lits dans le secteur formel de l'hébergement hôtelier (BAK Basel, 2011), les environ 8 millions de lits du secteur des résidences secondaires sont d'une importance quantitative primaire pour le tourisme et les loisirs dans la région alpine.
Deux processus parallèles ont été identifiés comme pertinents pour cette croissance : d'abord la construction constante de nouvelles maisons pour les loisirs et à des fins de tourisme et la seconde l'exode des Alpes principalement dû aux changements économiques structurels. On peut y ajouter d'une part l'augmentation de la population et la richesse dans l'espace alpin, d'autre part des intérêts commerciaux et une industrie de la construction forte au sein des Alpes.
De grandes différences peuvent être trouvées au sujet de la concentration spatiale de résidences secondaires. Premièrement on observe une baisse signicative de résidences secondaires s'y l'on se déplace de l'ouest vers l'est (différences de réglementation gouvernementale). Deuxièmement il y a une forte concentration de résidences secondaires dans relativement peu de municipalités. Près de la moitié de toutes les résidences secondaires sont situées dans environ 300 municipalités sur un total d'environ 6000.
La France et l'Italie ont la plus grande part du nombre total d'unités et les plus fortes densités de résidences secondaires (par habitant et par kilomètre carré)
Les résidences secondaires sont un phénomène assez jeune qui a fait face à une croissance très dynamique dans tous les pays alpins dans les dernières décennies.
Du point de vue du développement durable, la grande concentration de résidences secondaires est considérée comme critique.
Second-homes-in-the-alpine-region (RGA)
Les principaux enjeux (CIPRA)
a) Déclin du tourisme traditionnel d'été
Le tourisme estival dans les Alpes a souffert d'une baisse constante au cours des dernières décennies. Les raisons en sont multiples :
La baisse des prix du transport aérien, les normes plus élevées en matière d'accessibilité, et aussi une image légèrement obsolète des Alpes comme une destination chère pour famille paisible et d'ennuyeuses vacances "nature" pour personnes âgées.
De toute évidence, les Alpes ne peuvent pas (et peut-être ne doivent pas) être en concurrence avec les stations balnéaires en termes de «mer-soleil-sexe», mais il est sans doute une stratégie perdante de se concentrer uniquement sur un beau paysage et une nature intacte.
Il est nécessaire de suivre une stratégie visant à effacer une certaine "image vieillotte" des Alpes de la saison d'été et de la remplacer par une autre à "multi-facettes" :
le paysage, la culture, l'architecture, bien sûr, mais aussi certaines activités "amusantes et ludiques" (musique, danse, activités où les jeunes peuvent se rencontrer), ainsi que des activités sportives modernes telles que l'escalade, les via ferrata , les parcours acrobatiques, le VTT, le rafting, le canyoning, l' hydrospeed, le parapente, etc.
Tout ceci aussi longtemps que possible à condition que toutes ces pratiques ne soient en conflit avec le concept de "tourisme durable" qui selon l’organisation mondiale du tourisme (OMT) le définit comme « un tourisme qui tient compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil ». La Commission européenne définit le tourisme durable comme un « tourisme qui est économiquement et socialement viable et qui ne porte atteinte ni à l’environnement ni à la culture locale ». Les différentes formes de tourisme durable sont l'agrotourisme, l'éco-tourisme ou tourisme vert, le tourisme éthique ou responsable, le tourisme social, le tourisme solidaire.
Il en va de même pour les infrastructures comme les pistes de luge d’été ou les piscines en plein air (qui font défaut dans les Alpes centre-occidentales, surtout dans le secteur italien). La présentation de la diversité de l'Alp doit être au cœur de la promotion des vacances d'été. En outre, il est très important que l'image des Alpes soit "rajeunie".
Les seules destinations dans les Alpes qui permettent actuellement de maintenir une bonne performance en été sont celles avec une image "chaleureuse", informelle et "juvénile" ; des destinations offrant beaucoup d'activités pour les jeunes et des jeunes d'âge moyen.
La présentation de l'originalité d'un lieu respectif peut être une importante "proposition de vente unique" pour une destination. Cela peut bien sûr inclure la promotion d'activités sportives d'aventures aussi longtemps que l'accent est maintenu sur la durabilité. Cependant, certaines destinations pourraient trouver un créneau avec l’offre de randonnées guidées, d’ excursions historiques, de vacances bien-être ou de se concentrer sur les fonctions traditionnelles (cuisine authentique, le mystère de légendes de montagne, etc.).
Un flux touristique plus équilibrée, y compris le tourisme d'été favorisant un haut ratio qualité / prix pourrait bénéficier à la valeur ajoutée régionale et engendrerait des revenus constants pour une génération dans les communes alpines.
b) Impact environnemental des activités sportives modernes estivales et hivernales
Le ski alpin moderne ou le surf à neige ont besoin d’un bon aménagement, de grandes pistes de ski et un réseau fonctionnel de remontées mécaniques à haute capacité ainsi que des systèmes de fabrication de neige.
Il est clair qu'un retour en arrière à la station de ski de l'"ancien temps" ou de (ski de) randonnée (qui ne produit pas, seul, un flux touristique considérable) n'est pas très réaliste, mais une politique dans le sens du développement durable doit être poursuivie :
- en vérifiant la cohérence écologique des systèmes de fabrication de neige ;
- avec un «aménagement paysager» des pistes de ski et des remontées mécaniques ;
- en arrêtant toute expansion de domaines skiables ;
-
restreindre l'utilisation de motoneiges à des itinéraires particuliers.
Les activités d'été à fortes nuisances tel l'usage de Quads (ou VTT), motos (cross-trial) et véhicules tout-terrain doivent être limitées de la même manière, et les activités de moindre impact devraient être promus.
c) L'urbanisation croissante et l'étalement urbain combiné à la pollution de l'air dans les fonds de vallées
L'agglomération en particulier dans les fonds de vallées alpines a augmenté de façon constante, et dans certaines régions compromet l'aspect général du paysage, ce qui est préjudiciable non seulement au tourisme, mais aussi souvent à l'écologie de la région.
À l'avenir, des actions plus strictes doivent être prises pour délimiter les zones de construction, et l'accent devrait être donné sur la réutilisation des structures existantes. Les politiques régionales et municipales contre l'expansion urbaine et une construction limitée d'appartements et de résidences secondaires sont nécessaires.
La pollution due à la circulation (Davos, Madonna di Campiglio, Claviere, Montgenèvre, etc.) peut être affrontée par des tunnels de contournements, la piétonnisation de l'ensemble de la zone bâtie (qui est une solution possible surtout pour les stations situées en tête de vallée ou sur une pente :
Zermatt, Saas Fee, Braunwald, Serfaus ou la (re)construction des chemins de fer à voie étroite et de train à crémaillère (par exemple Calalzo-Cortina, Klausen-Ortisei / St.Ulrich) et l'amélioration du système de transport public.
d) Le déséquilibre entre la grande quantité de résidences secondaires et la pauvreté de l'hébergement commercial (notamment dans plusieurs quartiers de Alpes italiennes et françaises ainsi que dans les cantons suisses des Grisons et du Valais.)
Des incitations devraient être faites aux propriétaires de résidences secondaires ou d'appartements, de les louer plus fréquemment aux touristes (comme des réductions d'impôt, etc.) de telle sorte que la quantité de résidences secondaires rarement utilisées, qui sont généralement un fardeau pour les infrastructures des municipalités, pourrait être diminué afin d'atteindre une utilisation plus élevée. Un bon exemple d'une utilisation appropriée peut être trouvé dans l'Oberland bernois et dans le Valais oriental, où même de très courts séjours peuvent être autorisés.
e) Délimiter l'expansion spatiale de tourisme hivernal
Les Alpes en hiver défient jusqu'à présent la concurrence avec une destination de vacances exotiques et restent de loin, en Europe, la destination la plus populaire.
La cible, par conséquent, devrait être de maintenir la position acquise. Le développement d'un haut rapport qualité / prix devrait être encouragé, et aussi l'ouverture au marché européen de l'Est. En outre, il peut être nécessaire de promouvoir des activités moins dépendantes de la neige, qui mettent plus l'accent sur le caractère unique de la région (voyages culturels, des destinations gastronomiques, festivals, congrès et tourisme d'affaires, vacances bien-être, etc.).
La promotion des séjours d'une semaine ou moins, à des prix raisonnables, dans de ravissants villages et de petites stations, pour échapper au "smog" hivernal des villes, pourrait être aussi l'occasion de montrer à ce nouveau type de touristes l'unicité du paysage alpin, des légendes et des traditions locales. On pourrait supposer qu'ils puissent être capables éventuellement de reconnaître les traces d'animaux dans la neige, ou mieux qu'ils voient certaines espèces directement.
Cependant, certaines structures de loisirs à faible impact seraient nécessaires à cet effet dans ces villages. À cet égard, un certain nombre de parcs nationaux et régionaux dans les Alpes aurait la possibilité d'attirer plus de touristes en hiver.
f) l'incertitude due aux changements climatiques
Les municipalités qui consacrent une large place au tourisme d'hiver, en particulier à basse altitude, sont sous une pression accrue due au réchauffement climatique. Pourtant, le déplacement des stations et des remontées mécaniques à une altitude plus élevée devrait être rejeté afin de garder des zones encore sauvages, et d'autres stratégies pour maintenir un certain flux de touristes (voir ci-dessus) devraient être encouragées, mais il est clair que celles-ci ont besoin d' une participation beaucoup plus active de la population locale ainsi que de sa créativité.
Résumé des propositions pour un tourisme durable dans les Alpes
A : Fabrizio Bartaletti
- Une offre flexible et désaisonnalisée
- Répartir en hiver les avantages du ski sur un plus grand nombre d'emplacements
- Faire du marketing local ciblé (et fondé sur une base des données statistiques fiable, non associée et globale)
- Mettre l'accent sur la qualité environnementale et sur un rapport qualité / prix élevé des services offerts
- Le paysage, une valeur sûre pour le tourisme :
valoriser les Alpes non pas comme une destination pour une fatigante villégiature estivale ou comme un simple terrain d'entraînement pour les sports d'hiver, mais comme une région avec des paysages de qualité et à multiples facettes.
B : Werner Bätzing
Pour le géographe Werner Bätzing, la perception des Alpes comme un « beau paysage » ou un « terrain de sport » n'est fondamentalement pas correcte, mais se pose uniquement dans le contexte de la modernisation comme une réévaluation culturelle ciblée de la relation homme / nature.
Le tourisme joue un rôle central dans la préservation des emplois. Seul le développement d'un tourisme durable présente une solution aux nuisances qu'apporte le tourisme de masse :
1. Le tourisme durable dans les régions structurellement faibles.
En particulier dans ces régions alpines, pour des raisons écologiques, économiques et sociales il ne serait pas très judicieux de reproduire le modèle des grands centres touristiques sur une petite échelle. Il est plus logique ici d'utiliser les structures existantes et de les élargir. Dans ce contexte, la voie la plus raisonnable serait de mettre l'accent sur les paysages culturels et naturels (GTA), ainsi qu'un réseau serré de pratiques alimentaires et agricoles locales.
2. Le tourisme vert.
Avec environ 16 % du tourisme, cette forme de tourisme est souvent négligée. Beaucoup de choses peuvent être déjà réalisées à l'arrivée et au départ en train, où les conditions à travers le réseau de chemin de fer existant sont très bonnes. Dans ce cas, des villes comme Lugano, Innsbruck, Coire et Sion peuvent jouer un rôle important.
3. Des loisirs respectueux de l'environnement.
Dans les aires d'influence urbaine qui ceinturent l'espace alpin vivent 40-50 millions de personnes qui ont la possibilité d'une escapade d'une journée ou d'un court séjour. En été, les destinations célèbres, comme la Silvretta-Hochalpenstraße ou le train d'altitude Kaprun-Kitzsteinhorn, comptent 500 000 visiteurs voire plus. Ce tourisme d'excursion, dont seulement quelques-uns profitent, doit être respectueux de l'environnement et plus intéressant économiquement pour les régions concernées.
4. Dissolution de la monofonction touristique à travers la transformation écologique.
Dans les zones où prédomine le tourisme, tout est conçu en fonction de ses seuls besoins. Il s'ensuit une désorganisation de la plupart des activités qui ne sont pas à son service qui deviennent alors impraticables, ce qui conduit irrémédiablement à la monofonction touristique.
La première mission est ici la restauration des dommages écologiques (piste de ski) et la pollution (le trafic, l'étalement urbain) dues au tourisme de masse. Cela signifie l'arrêt d'un autre développement quantitatif de l'infrastructure touristique. Il est important que les populations locales participent dans le tourisme et que les investisseurs n'agissent pas uniquement selon des principes d'amortissement.
Tourisme-Références bibliographiques
Le tourisme durable dans les alpes
Rapport sur l’état des Alpes
- CONVENTION ALPINE
Signaux alpins – Édition spéciale 4
Gli scenari del turismo alpino
(Fabrizio Bartaletti)
Le paysage : un atout pour attirer les vacanciers en Suisse
Liens externes :
Alps Know How
(CIPRA)
What Role Do the Alps Play within World Tourism?