Les Alpes n'ont pas de frontières vraiment définies ce qui rend complexe toute définition singulière pour représenter la globalité. Il existe de multiples représentations, mais on peut distinguer deux approches géographiques qui s'avèrent parfois conflictuelles :
l'une, que l'on peut considérer comme classique et plus limitative qui tient compte surtout des aspects naturels comme la géomorphologie, la géologie, l'orographie, l'hydrographie, la végétation ou encore le climat, l'autre, s'inscrivant dans une perspective plus humaine, privilégie les aspects économiques, par exemple le tourisme et l'agriculture. Cette approche s'appuie sur des données statistiques avec des délimitations souvent administratives.
Les lois nationales sur les zones de montagnes tiennent compte des deux aspects qui figurent dans le texte de la Convention Alpine. Là encore on pourrait contester certains points précis, par exemple :
-
la région piémontaise des "Langhe" est-elle vraiment alpestre, tout comme certains prolongements vers les zones dinariques
et le Jura ?
- toujours dans le Piémont, Cuneo, qui a le sentiment d'un lien fort avec sa couronne de montagnes, n'est-elle pas alpine ?
- l'extension du territoire sur le plateau bavarois jusqu'aux portes de Munich n'est-elle pas excessive tout comme la zone périalpine du plateau de Chambaran dans le département de l'Isère ?
- Verbania, chef-lieu exclu d'une province pourtant totalement alpine n'est-elle pas victime d'une injustice ?
- exclue aussi la "Posavsko hribovje" (collines du Posavje), mésorégion spécifique à
l’intérieur de la macro-région alpine ainsi définie par la régionalisation géographique naturelle de la Slovénie.
Pour le géographe Werner Bätzing l’espace alpin doit être perçu dans une acceptation unitaire au sens humain et économique du terme.
Il propose trois méthodes très différentes pour délimiter et définir les Alpes (délimitation étroite, moyenne et large), qui peuvent être justifiées, dans chaque cas, par des critères basés sur les sciences naturelles, privilégiant le relief, ou les sciences humaines. (voir Division des Alpes-Werner Bätzing)
Pour lui «une délimitation moyenne fondée sur les lois, les régions de montagne et sur la Convention Alpine apparaît la plus riche de sens».
Les frontières administratives de la Convention Alpine, correspondant aux communes classées en zone de montagne, sont souvent utilisées pour l'ensemble de la chaine.
Les délimitations spécifiquement orographiques basées sur les critères des sciences naturelles n'ont pas toujours de méthodes bien définies
et ne font pas consensus. Pour l'intégralité du territoire alpin, Werner Bätzing choisit une étude de Paul Zahn qui divise les massifs alpins en tant que système de partage des eaux et bassins versants, mais les limites externes restent celles de la Convention Alpine pour la cohésion avec son ouvrage sur les Alpes. L'Atlas orographique de la SOIUSA (Subdivision Orographique Internationale Unifiée du Système Alpin) parrainée par le CAI s’appuie sur des subdivisions spécifiques (généralement importantes) de chaque pays alpin pour essayer de les concilier dans une perspective européenne. La méthode triple-point du géologue Claus Roderich Mattmüller, est une des plus singulières de ces dernières années.
De nombreux auteurs ont donné des interprétations personnelles qui sont regroupées sur la page "Divisions des Alpes".
SITUATION GÉNÉRALE
Coordonnées géographiques
On peut situer le territoire alpin entre les 43° 30' et
48° 30' de latitude Nord (soit une différence de 5° du sud au nord) et les 5° et 16° 30' de longitude Est (soit une différence de 11° 30' d'ouest en est).
La plus grande partie des Alpes occidentales se trouve au sud du 46e parallèle, tandis qu'au contraire, la plus grande partie des Alpes orientales est située au nord cette latitude.
Coordonnées géographiques basées sur les limites externes administratives de la Convention Alpine.
On peut insérer les Alpes dans un rectangle de 900 x 500 km.
Limites externes orographiques Soiusa
LES LIMITES PHYSIQUES DE LA CHAÎNE ALPINE
Les relations avec les montagnes limitrophes
Bien que les Alpes dépendent d'un système plus vaste appelé « Alpides »(1), regroupant de vastes chaînes de montagnes, de la péninsule ibérique jusqu'à l'Asie, on parvient à faire émerger un territoire alpin singulier. Certaines montagnes voisines de l'espace alpin n'ont pas la même structure. On distingue en périphérie du massif, à la fois des petites unités comme les chaînes provençales, une série de massifs anciens dits « hercyniens » comme l'Estérel, les Maures, le Massif Central, les Vosges, la Forêt-Noire, le Massif Bohémien mais aussi de longues chaînes telles que les Apennins, le Jura, les Carpathes, les Alpes Dinariques (Dinarides), sans oublier le Karst.
Certaines limites sont plus évidentes à percevoir comme la Mer Méditerranée au Sud, les grands bassins de la plaine du Pô et de la plaine pannonienne ou encore les plateaux Traun-Enns, bavarois et suisse au Nord. Les Alpes sont encadrées par certains des plus grands fleuves européens, le Rhône, le Rhin, le Pô et le Danube.
LES LIMITES ADMINISTRATIVES DES ALPES
Convention alpine
Le périmètre de la Convention Alpine
Délimitation moyenne dans une perspective administrative selon
Werner Bätzing (190 959 km²)
Chaque État alpin à sa propre vision des limites de la chaîne. La Convention Alpine (Convention sur la Protection des Alpes) a été signée le 7 novembre 1991 suite à un traité international entre huit États alpins et l'Union Européenne créant ainsi un périmètre bien individualisé. La Convention se base sur les zones de montagnes de chaque pays, ayant comme limites les unités administratives communales. L'ensemble regroupe près de 5 800 communes.
Alpine Space
Plus récemment, l'"Alpine Space Programme" étend ses frontières à la totalité du territoire des régions alpines de sept pays atteignant ainsi une surface de près de deux fois et demi supérieure à celle de la Convention Alpine.
Transnational cooperation on spatial development 2014-2020 (INTERREG IV B)
INTERREG est un instrument de
la Coopération territoriale européenne (CTE)
La Suisse, l’Autriche, le Liechtenstein, la Slovénie ainsi que certaines régions de l’Allemagne, de la France et de l’Italie participent au programme INTERREG Espace Alpin. Ce programme est destiné à favoriser les échanges et le développement en soutenant et finançant de projets dans les domaines suivants :
- Compétitivité et attractivité du territoire (aménagement du territoire, développement urbain durable, développement économique, services et qualité de la vie) ;
- Accessibilité / transport et connexion des réseaux ;
- environnement et la prévention des risques (promotion et protection du patrimoine naturel et culturel, prévention des risques naturels et technologiques, protection de l’environnement).
Délimitation large dans une perspective administrative selon
Werner Bätzing (450 000 km²)
LES LIMITES NATURELLES
Cartes et chiffres varient en fonction du positionnement de départ et des critères de délimitations mais qui permettent de se faire une idée du territoire alpin :
En fonction de l'altitude
Les Alpes au-dessus de 2 000 m.
Délimitation étroite dans une perpective naturelle selon Werner Bätzing (35 770 km²)
Les Alpes au-dessus de 1 000 m.
L'enveloppe des régions supérieures à 1 000 m définit assez bien le contour général de la chaîne - P.Ozenda
Délimitation étroite dans une perspective touristique selon Werner Bätzing (111 200 km² dans les limites de la Convention Alpine)
En fonction de l' orographie
La bordure des Alpes selon Claus Roderich Mattmüller avec une vraie méthode précise pour individualiser les massifs (Méthode Triple-point - 175 000 km²)
Selon la SOIUSA. Critères orographiques basés sur les principales subdivisions alpines nationales (176 000 km²)
En fonction des grands cours d'eau
Délimitation large dans une perspective naturelle en fonction majoritairement des grands cours d'eau et des mers selon Werner Bätzing (environ 300 000 km² )
AUTRES LIMITES
En fonction de critères écologiques
Écorégion WWF
Les Alpes appartiennent à l’écorégion des « forêts mixtes de montagne euro-méditerranéennes » avec les Pyrénées, Balkans, massif des Rhodopes et Carpates.
Écorégion - Forêts mixtes de montagne euro-méditerranéennes ≈ 150 000 km²
Région biogéographique - Région alpine - Natura 2000
Les Alpes appartiennent à la région biogéographique (parmi les neuf autres réparties sur la surface européenne) appelée région alpine.
Cette dernière regroupe les sept massifs montagneux de l’Union européenne :
Alpes, Apennins, Pyrénées,
Scandes
(Alpes scandinaves),
Carpates,
Balkans
et
Rhodopes (Rhodope, Rila et Pirin)
La végétation interprétée dans le cadre d'un modèle général.
Système pan-alpin ou système alpin généralisé,
qui comprend la majorité des montagnes de l'Europe, sur des bases biogéographiques d'après Paul Ozenda.
Limites --- et subdivisions ••• du système alpin généralisé:
A. Sous-système peri-adriatique
I. Sous-système
intra-alpin
J. Sous-système nord-préalpin et jurassien
H. Sous-système hercynien (arc hercynien)
Détails : Espaces Protégés - Subdivisions - ecorégions et régions biogéographiques
VARIATIONS DES DISTANCES EN FONCTION DE DIFFÉRENTES LIMITES
En longueur
En règle générale on obtient une longueur, en suivant l'arc alpin à vol d'oiseau, qui se situe entre 1 100 et 1 200 kilomètres.
À vol d'oiseau, en restant au plus proche de la ligne de partage des eaux, en partant du Col de Cadibone (Colle di Cadibona-Bocchetta d'Altare) en Italie (Savona) jusqu'aux monts de Sopron (Soproni-Hegység) en Hongrie on atteint les 1 100 km environ.
Le Col de Cadibone 459 m (Colle di Cadibona ou Bocchetta d'Altare), est la frontière habituellement choisie par les géographes entre les Alpes ligures et les Apennins à cause de la faible altitude de la ligne de partage des eaux, le point le plus bas étant le Colle di S. Libera à 441 m.
Limites externes Soiusa
On obtient environ 1 200 km en partant du Passo dei Giovi au Nord de Gênes
(Genova) jusqu'aux monts de Sopron (Soproni-Hegység) en suivant l'axe.
Le Passo dei Giovi (472 m) est une autre frontière entre les Alpes et les Apennins, la zone Sestri Ponente-Voltaggio plus communément admise par les géologues.
On peut s'apercevoir qu'il n'existe pas une limite claire physique (ou géologique) entre les deux chaînes «géographiques», mais, à l'échelle crustale (croute océanique), les Alpes et les Apennins ont interagi tout au long de l'ère tertiaire à la configuration actuelle.
Limites externes géologiques générales
En suivant l'arc alpin à vol d'oiseau, par la bordure externe préalpine du col de Cadibona (Italie) à Vienne (Autriche), on obtient 1 350 km.
En suivant l'arc alpin à vol d'oiseau, par la bordure interne en restant plus proche de la plaine du Pô, des premiers contreforts des "Langhe" au sud de Alba, en Italie jusqu'à Maribor en Slovénie, on arrive à 850 km.
Limites externes administratives Convention Alpine
En suivant la ligne de crête (partage des eaux)
En partant du col de Cadibone on suit le ligne de crête principale jusqu'au sommet du Dreiherrnspitze/Picco dei Tre Signori d'où part 2 nouvelles branches principales.
Une
qui passe par le chaine des Tauern et vient mourir dans la plaine pannonienne se réactivant ensuite dans les Carpathes et correspond au bassin du Danube. L'autre passe par les Alpes Carniques et Juliennes, continue dans les Dinarides mais que nous limiterons au niveau de la Postojnska vrata à 612 m (porte de Postojna) en Slovénie, partage deux bassins versants majeurs : les eaux qui s'écoulent les unes vers la Mer Noire et les autres vers la mer Adriatique.
Dans les deux cas on obtient une longueur totale d'environ 1 950 km.
En orange la ligne de partage des eaux principale du Colle di Cadibona au Dreiherrnspitze, sommet d'où partent les deux branches :
celle de direction N.O-S.E qui continue vers les Dinarides en rouge et celle de direction O-E qui passe par les Tauern en rose.
Ligne de partage des eaux (1 950 km) - Limites externes administratives de la Convention Alpine
En largeur
En ce qui concerne la largeur maximum, elle oscille entre 250 kilomètres et 300 kilomètres.
250 kilomètres au niveau des derniers contreforts de la plaine du Pô au nord de Vérone et ceux du plateau bavarois à Miesbach en passant par l'axe du Brenner.
300 kilomètres par rapport aux limites administratives de la Convention Alpine qui choisi le nord de Rosenheim (Bavière) jusqu'à Affi (Vénétie - Italie) aussi sur l'axe du Brenner.
On obtient 120 km pour la partie la moins large qui se trouve entre le Lac Léman en Suisse (où le Rhône y pénètre) et les derniers contreforts au nord d'Ivrea (Italie).
Limites externes orographiques Soiusa et administratives Convention Alpine pour la Bavière
Distances entre certaines villes
Toujours à vol d'oiseau, on note que, de
Munich (München) en Allemagne (Bavière) à Vérone en Italie (Verona), la distance est de 303 km.
Entre Vevey en Suisse
et la ville d'Ivrea (Italie) 135 km.
D'ouest en est, on peut tirer une ligne droite de Montélimar (Drôme), jusqu'à Vienne en Autriche (Wien), qui coupe la chaîne en deux dans sa longueur ≃ 980 km.
Limites externes orographiques Soiusa et administratives Convention Alpine pour la Bavière.
Limites extrêmes par rapport aux communes dans la Convention Alpine
Limites à l'Ouest : 4°53' E à La Bégude-de-Mazenc (Drôme-France) à l'est de Montélimar.
Limites à l'Est : 16° 27' E à Lockenhaus (Autriche-Österreich) même longitude que Vienne (Wien ) frontière avec la Hongrie à l'ouest de Kõszeg.
Limites au Nord : 48° 08' N à Sankt Andrä-Wördern (Autriche-Österreich) N au nord de Vienne (Wien).
Limites au Sud : 43° 26 N à Bras (Var-France) même niveau que Brignoles.
.
Limites externes administratives Convention Alpine
Dans la Convention Alpine la partie la plus occidentale et méridionale se trouve en France tandis que la partie la plus septentrionale et orientale se trouve en Autriche.
*D'un point de vue géologique la partie la plus orientale se trouve en Hongrie (Kőszegi-Hegység, Soproni-Hegység).
SUPERFICIE
Comme pour les distances, la superficie peut varier en fonction des délimitations choisies :
En arrondissant, les superficies vont de 111 000 km², si l'on retient uniquement les zones au-delà de 1 000 m d'altitude en passant par des valeurs moyennes entre 176 000 km² (critères orographiques) et 190 000 km² (Convention Alpine), jusqu'au périmètre très étendu de la macro-région alpine (Alpine Space) totalement administrative de 450 000 km².
Quelques exemples :
111 200 km² si l'on retient uniquement les terres au-dessus de 1 000 m
176 000 km² pour la SOIUSA.
Limites géographiques basées principalement sur l'orographie.
190 959 km² pour la Convention Alpine avec une population de 15,2 millions d'habitants en 2011.
Limites administratives communales répondant aux critères de définition d’une zone de montagne.
210 000 km² en incluant la Provence, le Karst slovène, l'Istrie.
Ex : Comité géographique national italien
Limites
géographiques larges d'ouest en est, du Rhône à la plaine pannonienne, de la Mer Ligure (Méditerranée) à l'Adriatique.
300 000 km² en utilisant comme limites les grands cours d'eau et les mers qui circulent autour des Alpes
450 000 km² avec une population de 70 millions de personnes dans l'Alpine Space :
Strategy development and macro region.
Transnational cooperation on spatial development 2014-2020 (INTERREG IV B).
Limites administratives incluant l'ensemble des pays et des régions directement en rapport avec le massif alpin.