« Tout paysage se présente d'abord comme un immense désordre qui laisse libre de choisir le sens qu'on préfère lui donner ». Claude LÉVI-STRAUSS. Tristes tropiques, op. cit., p. 59.
Si d'un point de vue physique beaucoup d'éléments se recoupent, il existe cependant une multitude de définitions des Alpes…
Comment pourrait-il en être autrement au regard de la complexité humaine ? Or, la complexité ne révèle-t-elle pas justement la singularité de l'être au même titre que sa multiplicité ?
« Ainsi, chacun porte en lui la multiplicité et la multipotentialité, et les "autres", notamment ceux qui nous répugnent ou que nous haïssons, ne font qu'incarner l'une ou l'autre de nos potentialités ». Edgar MORIN
Tous ceux qui se sont intéressés aux Alpes leur ont attribué une définition parfois arbitraire liée à leur propre histoire, culture et sensibilité.
D'ailleurs, selon Raoul BLANCHARD dans la préface de « l'homme et la montagne » de Jules BLACHE « une définition même de la montagne, qui soit claire et compréhensible, est à elle seule à peu près impossible à fournir ».
Et pourtant nonobstant les subjectivités, la complexité physique des massifs, les notions si troubles de limites, le concept de l'Alpe existe bel et bien.
Les premières descriptions de la chaine apparaissent
dès l'antiquité gréco-romaine avec POLYBE qui inaugure la documentation géographique des Alpes, mais les auteurs classiques n'expriment pas toujours des impressions positives. La première synthèse se fait jour au XVIe siècle grâce au théologien Josias SIMLER.
Jugées généralement comme espaces hostiles (monts affreux) durant les siècles, murailles que les très singuliers sillons alpins ont cependant permis de franchir favorisant ainsi la sédentarisation de certaines populations, les Alpes, dans un mouvement initié depuis la Renaissance (XVIe) et ce malgré un certain recul pendant la période classique (XVIIe), conquièrent finalement au Siècle des lumières leurs lettres de noblesse.
Le poème d'Albrecht von HALLER « Die Alpen-Les Alpes » qui met l'accent sur la beauté des Alpes plutôt que sur les dangers ainsi que Jean-Jacques ROUSSEAU au travers de « La Nouvelle Héloïse » jouèrent un rôle décisif dans la transformation de l'image de ces montagnes dans l'inconscient collectif. La peinture révèle l'esthétique du paysage par effet de contraste entre un premier plan idyllique, et des parois austères et vertigineuses. Puis, c'est au tour des scientifiques d'en faire un véritable objet d'étude.
Les encyclopédistes, les géographes, géologues, démographes, anthropologues, sociologues, de même que les alpinistes, les écrivains voyageurs, etc. ont abordé la question de l'identification de cette chaine montagneuse, chacun au travers de sa propre vision.
Enfin, avec l'apparition du tourisme, la diffusion des topos-guides et l'explosion des loisirs, l'espace alpin va devenir "le terrain de jeu de l'Europe"1, voire une simple "toile de fond".
Ici nous verrons quelques exemples de définitions, la majeure partie d'entre elles se situant au XIXe, XXe et XXIe siècle, principales périodes sur l'étude des Alpes.
(1) Selon l'expression de Leslie Stephen, historien et alpiniste britannique.
UN THÉOLIGIEN
Josias SIMLER "De Alpibus commentarius" 1574- Mémoire sur les Alpes
Premier ouvrage regroupant une somme de documents évoquant les Alpes depuis l'antiquité.
Josias Simler et les origines de l'alpinisme jusqu'en 1600, par W.-A.-B. Coolidge :
DIMENSIONS DES ALPES : LONGUEUR, LARGEUR ET HAUTEUR
« La longueur et la largeur des Alpes ont été l'objet d'appréciations contradictoires: Pline en a cité quelques-unes. Le passage, à mon avis du moins, est altéré; je le citerai toutefois tel qu'il se lit dans les manuscrits publiés: « Les Alpes mesurent, de l'Adriatique à la Méditerranée, dix milles, dit Cælius ; vingt-deux mille pas ordinaires (32,560 km), dit Timagène ; en largeur, Cornélius Népos et Tite-Live leur attribuent, à diverses reprises, l'un cent milles (148 km), l'autre trois mille stades (555 km). Cette largeur, en effet, qui, tour à tour, à la frontière italo-germanique, dépasse cent milles et n'en atteint pas soixante-dix (148 km et 103,600 km), est ailleurs assez faible, comme si la nature l'avait faite à dessein. La largeur de l'Italie au pied des Alpes, à partir du Var, par Vado (près de Savone), Turin, Côme, Brescia, Vérone, Vicence, Oderzo, Aquilée, Trieste, Pola-Arsia, atteint sept cent quarante-deux milles (1 098,160 km). » Tel est le texte de Pline. Mais d'abord, le chiffre de dix milles est de beaucoup inférieur à la longueur réelle des Alpes ou à la largeur de l'Italie, et je ne puis guère admettre que Cælius l'ait avancé ni que Pline l'ait reproduit sans le critiquer. Il faut, ou bien lire, au lieu de dix milles, quatre cent dix milles, largeur que Pline attribue à l'Italie, entre la Méditerranée et l'Adriatique, du cours du Var à celui de l'Arsa, c'est-à-dire entre les deux points qu'il regarde comme les deux extrémités des Alpes: on égaliserait ainsi les deux mesures; ou admettre que XM signifie dix fois cent milles : c'est ainsi qu'ailleurs encore il évalue à XXXM pas LVIII le tour de l'Italie, du Var à l'Ars a, ce qui signifie trente fois cent milles plus cinquante-huit. Gardons- nous de voir ici la distance à vol d'oiseau du Var à l'Arsa, suivant le système qu'il semble adopter ailleurs pour mesurer la largeur de l'Italie, mais bien la longueur des montagnes qui font à l'Italie une frontière arquée. Lorsqu'il ajoute, après les évaluations inégales de Cornélius Népos et de Tite-Live, que la largeur des Alpes dépasse parfois cent milles, il est d'accord avec le premier; mais en disant ensuite qu'elle n'atteint pas soixante-dix milles, il contredit Tite-Live qui l'évalue à trois mille stades. Car, de même qu'il leur attribue parfois une largeur supérieure à celle de Cornélius Népos, ici, semble-t-il, il a voulu indiquer une largeur moindre que celle de Tite-Live. Or, trois mille stades font vingt-quatre milles, chiffre bien inférieur aux soixante-dix milles cités plus haut.
Polybe dit: «Les Alpes, qui forment la limite septentrionale de l'Italie, s'étendent sur une longueur de deux mille deux cents stades, » soit deux cent soixante-quinze milles (407 km.) ; et Strabon le suit. Mais comme on n'est d'accord ni sur le commencement ni sur la limite extrême des Alpes, il n'est pas surprenant que leur longueur ait été diversement appréciée, Car, cette Italie, bornée et protégée par les Alpes, finit, suivant les uns, à la Carniole et à Trieste, suivant les autres, à Pola et au Formio, ou encore à l'Ars a en y englobant l'Istrie; ainsi pensent Pline et Strabon, qui ont adopté sur ce point l'opinion de l'empereur Auguste. «Les Alpes -- dit Polybe - commencent à Marseille et vont jusqu'au fond de la mer Adriatique. » Strabon, au contraire, les fait partir de Vado (près de Savone), et Pline, du Var. Quelques-uns aussi semblent parler de la distance à vol d'oiseau; les autres, de leur courbe en forme de croissant et de la longueur' d'une route qui en suivrait le pied. Mêmes observations pour la largeur: dans les Alpes proprement dites elle n'est pas partout la même; parfois des contreforts latéraux sont projetés au loin; puis, dans la description des chemins, la distance est calculée, tantôt pour l'ascension proprement dite, tantôt à partir de l'entrée des vallées, C'est ainsi que Polybe évalue à plus de cinq journées la durée de l'ascension des Alpes, ce qu'il ne faut pas entendre assurément de l'ascension de la montagne, en ligne droite, de la base au sommet.
La hauteur des Alpes est tout aussi controversée que leur longueur et leur largeur: on pense généralement gue ce sont les plus grandes et les plus hautes montagnes de l'Europe; car, contrairement à l'avis d'Appien, qui, dans son Espagne, donne la palme aux Pyrénées, il est certain que les Alpes ne le cèdent à celles-ci ni en hauteur ni en étendue, Voici en quels termes Strabon reproduit l'opinion de Polybe sur ce point: « Polybe - dit-il - traitant de la grandeur et de la hauteur des Alpes, compare à cette chaîne les plus hautes cimes de la Grèce: le Taygète, le Lycée, le Parnasse, l'Olympe, le Pélion, l'Ossa, et celles de la Thrace: l'Hémus, le Rhodope, le Dunax ; et il affirme qu'un touriste sans bagage peut sans peine, en un jour, faire l'ascension ou le tour de chacune d'elles, tandis qu'il faut plus de cinq jours pour gravir les Alpes. » Celles-ci, cependant, n'ont pas partout la même hauteur: elles som plus basses à leur point de départ, sur le littoral de la Méditerranée, et se dépriment de nouveau vers leur extrémité: aussi Pline remarque-t-il « que les crêtes alpines vont en s'abaissant du nord au sud à travers l'Illyrie, pour se terminer en pente douce en Pannonie, sur chacun de leurs versants».
Le milieu de la chaîne est plus élevé en général: pour Solin, le point culminant est le Viso où le Pô prend sa source; du moins il le qualifie de « plus dominant parmi les sommets des Alpes » ; selon d'autres, ce sont les Alpes lépontiennes, parce que de ces montagnes les plus grands cours d'eau s'écoulent dans toutes les directions: le Rhin, le Rhône, le Tessin, la Tosa, la Reuss, l'Aar. De leur côté, les habitants des Grisons et les Vallaisans prétendent que ce sont leurs Alpes respectives qui dépassent toutes les autres ».
*La mesure Itinéraire employée chez les Romains, le mille, était de mille pas et valait 1 480 mètres.
*Le stade, huitième partie du mille romain, équivalait à 185 mètres;
SELON LES HISTORIENS
POLYBE env. 200 av. J.-C. à Mégalopolis – env. 118 av. J.-C.
Polybe inaugure la documentation géographique des Alpes.
HISTOIRE GÉNÉRALE LIVRE IΙ :
Chap.3
«Τῆς δὴ συμπάσης ᾿Ιταλίας τῷ σχήματι τριγωνοειδοῦς ὑπαρχούσης, τὴν μὲν μίαν ὁρίζει πλευρὰν αὐτῆς τὴν πρὸς τὰς ἀνατολὰς κεκλιμένην ὅ τ' ᾿Ιόνιος πόρος καὶ κατὰ τὸ συνεχὲς ὁ κατὰ τὸν ᾿Αδρίαν κόλπος, τὴν δὲ πρὸς μεσημβρίαν καὶ δυσμὰς τετραμμένην τὸ Σικελικὸν καὶ Τυρρηνικὸν πέλαγος.
Αὗται δ' αἱ πλευραὶ συμπίπτουσαι πρὸς ἀλλήλας κορυφὴν ποιοῦσι τοῦ τριγώνου τὸ προκείμενον ἀκρωτήριον τῆς ᾿Ιταλίας εἰς τὴν μεσημβρίαν ὃ προσαγορεύεται μὲν Κόκυνθος, διαιρεῖ δὲ τὸν ᾿Ιόνιον πόρον καὶ τὸ Σικελικὸν πέλαγος.
Τὴν δὲ λοιπὴν τὴν παρά τε τὰς ἄρκτους καὶ τὴν μεσόγαιαν παρατείνουσαν ὁρίζει κατὰ τὸ συνεχὲς ἡ τῶν ῎Αλπεων παρώρεια, λαμβάνουσα τὴν μὲν ἀρχὴν ἀπὸ Μασσαλίας καὶ τῶν ὑπὲρ τὸ Σαρδῷον πέλαγος τόπων παρήκουσα δὲ συνεχῶς μέχρι πρὸς τὸν τοῦ παντὸς ᾿Αδρίου μυχόν πλὴν βραχέος, ὃ προκαταλήγουσα λείπει τοῦ μὴ συνάπτειν αὐτῷ.
Παρὰ δὲ τὴν προειρημένην παρώρειαν, ἥν δεῖ νοεῖν ὡσανεὶ βάσιν τοῦ τριγώνου παρὰ ταύτην ἀπὸ μεσημβρίας ὑπόκειται πεδία τῆς συμπάσης ᾿Ιταλίας τελευταῖα πρὸς τὰς ἄρκτους ὑπὲρ ὧν ὁ νῦν δὴ λόγος, ἀρετῇ καὶ μεγέθει διαφέροντα τῶν κατὰ τὴν Εὐρώπην ὅσα πέ πτωκεν ὑπὸ τὴν ἡμετέραν ἱστορίαν.
῎Εστι δὲ τὸ μὲν ὅλον εἶδος καὶ τῆς ταῦτα τὰ πεδία περιγραφούσης γραμμῆς τριγωνοειδές. Τούτου δὲ τοῦ σχήματος τὴν μὲν κορυφὴν ἥ τε τῶν ᾿Απεννίνων καλουμένων ὀρῶν καὶ τῶν ᾿Αλπεινῶν σύμπτωσις οὐ μακρὰν ἀπὸ τοῦ Σαρδῴου πελάγους ὑπὲρ Μασσαλίας ἀποτελεῖ.ᾇ
Τῶν δὲ πλευρῶν παρὰ μὲν τὴν ἀπὸ τῶν ἄρκτων ὡς ἐπάνω προεῖπον. Τὰς ῎Αλπεις αὐτὰς ἐπὶ δισχιλίους καὶ διακοσίους σταδίους παρήκειν συμβαίνει.
Παρὰ δὲ τὴν ἀπὸ μεσημβρίας τὸν ᾿Απεννῖνον ἐπὶ τρισχιλίους ἑξακοσίους.
Βάσεώς γε μὴν τάξιν λαμβάνει τοῦ παντὸς σχήματος ἡ παραλία τοῦ κατὰ τὸν ᾿Αδρίαν κόλπου · τὸ δὲ μέγεθος τῆς βάσεώς ἐστιν ἀπὸ πόλεως Σήνης ἕως ἐπὶ τὸν μυχὸν ὑπὲρ τοὺς δισχιλίους σταδίους καὶ πεντακοσίους.
῞Ωστε τὴν πᾶσαν περίμετρον τῶν προειρημένων πεδίων μὴ πολὺ λείπειν τῶν μυρίων σταδίων ».
Traduction :
« Toute l'Italie forme un triangle, dont l'un des côtés, qui est à l'orient, est terminé par la mer d'Ionie et le golfe Adriatique qui lui est adjacent, et l'autre, qui est au midi et à l'occident, par la mer de Sicile et celle de Tyrrhénie. Ces deux côtés, se joignant ensemble, font la pointe du triangle, et cette pointe, c'est ce promontoire d'Italie qu'on appelle Cocinthe, et qui sépare la mer d'Ionie de celle de Sicile.
Au troisième côté, qui regarde le septentrion et le milieu des terres, sont les Alpes, chaîne de montagne qui, depuis Marseille et les lieux qui sont au-dessus de la mer de Sardaigne, s'étend sans interruption jusqu'à l'extrémité de la mer Adriatique, à l'exception d'un petit terrain où elles finissent, avant que de se joindre à cette mer. C'est du pied de ces montagnes, qui doivent être regardées comme la hase du triangle, et du côté du midi, que commencent ces plaines dont nous avons à parler, plaines situées dans la partie septentrionale de l'Italie, et qui par leur fertilité et leur étendue surpassent tout ce que l'histoire nous a jamais appris d'aucun pays de l'Europe. Elles sont aussi en forme de triangle. La jonction des Apennins et des Alpes auprès de la mer de Sardaigne, au dessus de Marseille, fait la pointe du triangle. Les Alpes bornent le côté du septentrion à la longueur de 2 200 stades, et au midi sont les Apennins qui s'étendent à 5 600. La base de ce triangle est la côte du golfe Adriatique, et cette côte, qui s'étend depuis Séna jusqu'à l'extrémité du golfe, est longue de plus de 2 500 stades, en sorte que ces plaines ne renferment guère moins de 10 000 stades dans leur circonférence ».
HISTOIRE GÉNÉRALE LIVRE IIΙ
Chap 9 (Hannibal dans les Alpes)
« Quelques historiens, pour vouloir étonner leurs lecteurs par des choses prodigieuses, en nous parlant de ces montagnes, tombent, sans y penser, dans deux défauts qui sont très contraires à l'histoire. Ils content de pures fables, et se contredisent. Ils commencent par nous représenter Hannibal comme un capitaine d'une hardiesse et d'une prudence inimitables. Cependant, à en juger par leurs écrits, on ne peut se défendre de lui attribuer la conduite du monde la moins sensée. Lorsqu'engagés dans leurs fables ils sont en peine le trouver un dénouement, ils ont recours aux dieux et aux demi-dieux, artifice indigne de l'histoire, qui doit rouler toute sur des faits réels. Ils nous peignent les Alpes comme si raides et si escarpées, que, loin de pouvoir les faire passer à de la cavalerie, à une armée, à des éléphants, à peine l'infanterie légère en tenterait-elle le passage. Selon ces historiens, les pays d'alentour sont si déserts, que si un dieu ou demi-dieu n'était venu montrer le chemin à Hannibal, sa perte et celle de toute son armée était inévitable. N'est-ce pas là visiblement débiter des fables et se contredire ? Car ce général n'eût-il pas été le plus inconsidéré et le plus étourdi des hommes, s'il se fût mis en marche à la tête d'une armée nombreuse, et sur laquelle il fondait les plus belles espérances, sans savoir ni par où il devait aller, ni la nature des lieux où il passerait, ni les peuples chez lesquels il tomberait ? Il eût été même plus qu'inconsidéré s'il eût tenté une entreprise, qui non seulement n'était pas raisonnable, mais pas même possible. D'ailleurs, conduisant Hannibal avec une armée dans des lieux inconnus, ils lui font faire, dans un temps où il avait tout à espérer, ce que d'autres feraient à peine quand ils auraient tout perdu sans ressources, et qu'ils seraient réduits à la dernière extrémité. Lorsqu'ils nous disent encore que dans ces Alpes ce ne sont que déserts, que rochers escarpés, que chemins impraticables, c'est une fausseté manifeste. Avant qu'Hannibal en approchât, les Gaulois habitant les rives du Rhône avaient passé plus d'une fois ces montagnes, et venaient tout récemment de les passer pour se joindre aux Gaulois des environs du Pô contre les Romains. Et de plus les Alpes même ne sont-elles pas habitées par un peuple très nombreux ?»
« Καὶ τάδε συνέβαινε κακῶς ὑπὸ τοῦ λιμοῦ διατεθεῖσθαι· τῶν γὰρ Ἄλπεων τὰ μὲν ἄκρα καὶ τὰ πρὸς τὰς ὑπερβολὰς ἀνήκοντα τελέως ἄδενδρα καὶ ψιλὰ πάντ´ ἔστι διὰ τὸ συνεχῶς ἐπιμένειν τὴν χιόνα καὶ θέρους καὶ χειμῶνος, τὰ δ´ ὑπὸ μέσην τὴν παρώρειαν ἐξ ἀμφοῖν τοῖν μεροῖν ὑλοφόρα καὶ δενδροφόρα καὶ τὸ ὅλον οἰκήσιμ´ ἔστιν ».
Traduction :
« LV. Différents épisodes du passage des Alpes :
...Car le sommet des Alpes et tout ce qui en est voisin est complètement dépourvu d'arbres à cause des neiges qui y règnent tout l'hiver ; les régions intermédiaires, sur les deux flancs de la montagne, nourrissent seules des arbres, des forêts, et sont seules habitables .»
TITE-LIVE (Padoue 59 avant J.-C.-Rome 17 après J.-C.).
HISTOIRE ROMAINE Livre XXI - Rome, de 219 à 218 De l'Hèbre à la vallée du Pô :
Ab Urbe Condita-
(XXI-30) Discours d'Hannibal :
«...quid Alpes aliud esse credentes quam montium altitudines? Fingerent altiores Pyrenaei iugis: nullas profecto terras caelum contingere nec inexsuperabiles humano generi esse. Alpes quidem habitari, coli, gignere atque alere animantes; peruias paucis esse, esse et exercitibus .»
Traduction :
« Enfin que sont les Alpes? des montagnes élevées: en les supposant plus hautes que les Pyrénées même, aucune terre peut-elle jamais toucher le ciel, et devenir inaccessible aux mortels? Mais les Alpes sont habitées, cultivées; elles produisent et nourrissent des êtres vivants. Praticables pour quelques hommes, elles ne le seraient pas pour une armée ?»
(XXI-31) En direction des Alpes :
«Ob id meritum commeatu copiaque rerum omnium, maxime uestis, est adiutus, quam infames frigoribus Alpes praeparari cogebant..»
Traduction :
« Brancus reconnaissant fournit aux Carthaginois des provisions de toute espèce (Ce service lui valut un secours en vivres, en toute espèce de munitions,), et surtout des vêtements, que le froid si rigoureux des Alpes rendait indispensables . »
Tiberius Catius Asconius SILIUS ITALICUS ( 26 - 101 apr. J.-C) - Punica - Les Guerres Puniques, Livre III
[3,470-495] « Sed iam praeteritos ultra meminisse labores conspectae propius dempsere pauentibus Alpes. cuncta gelu canaque aeternum grandine tecta aequaeuam glaciem cohibent: riget ardua montis aetherii facies surgentique obuia Phoebo duratas nescit flammis mollire pruinas. quantum Tartareus regni pallentis hiatus ad manis imos atque atrae stagna paludis supera tellure patet, tam longa per auras erigitur tellus et caelum intercipit umbra. nullum uer usquam nullique aestatis honores. sola iugis habitat diris sedesque tuetur perpetuas deformis hiemps; illa undique nubes huc atras agit et mixtos cum grandine nimbos. iam cuncti flatus uentique furentia regna Alpina posuere domo. caligat in altis obtutus saxis, abeuntque in nubila montes. mixtus Athos Tauro Rhodopeque adiuncta Mimanti Ossaque cum Pelio cumque Haemo cesserit Othrys. primus inexpertas adiit Tirynthius arces. scindentem nubes frangentemque ardua montis spectarunt superi longisque ab origine saeclis intemerata gradu magna ui saxa domantem ».
Traduction :
« Cependant les Alpes, qu'ils contemplent de plus près, leur inspirent une terreur capable d'effacer le souvenir de leurs travaux passés. Des gelées, des grêles éternelles y accumulent des glaces séculaires. Les flancs escarpés de la montagne, qui se perd dans les cieux, en sont hérissés, et le soleil, au feu duquel elle se présente, ne peut en dissoudre les cristaux endurcis. Autant le Tartare, ce gouffre du royaume des ombres pâles, s'étend dans des profondeurs souterraines, vers les mânes et le noir marais du Styx ; autant en ces lieux la terre s'élève dans les airs au-dessus de sa surface, lui dérobant le ciel par la hauteur de son ombre. Jamais on n'y voit de printemps; jamais d'été avec sa parure : l'affreux hiver habite seul ces montagnes et s'y est fixé éternellement. C'est là qu'il rassemble de loin les nuées sombres, et les orages accompagnés de grêle ; que les tempêtes et tous les vents en fureur ont établi le siége de leur empire. Le spectateur est pris de vertige au sommet de ces roches altières dont la cime se perd dans les nues.
Le mont Athos joint au Taurus, le Rhodope au Mimas, l'Ossa au Pélion , et I'Hémus à l'Othrys, le céderaient encore aux Alpes. Ce fut Hercule qui osa le premier franchir ces monts inaccessibles. Les dieux le virent avec étonnement traverser les nues, briser les roches escarpées, et s'y ouvrir, avec les plus terribles efforts, une route inconnue à tous les siècles antérieurs .»
« Là, tout est éternellement couvert de givre et de frimas; là, s'accumulent les glaces séculaires; le froid durcit les escarpements altiers, et, quoique s'offrant aux premiers rayons de Phébus, les masses congelées sont rebelles à sa chaleur. Tel, dans l'empire des ombres, se creuse le gouffre du Tartare de la surface de la Terre au séjour profond des Mânes et à l'eau dormante du noir Marais, tel et aussi haut dans les airs se dresse le sommet dont l'ombre nous cache la vue du ciel. Là, nul printemps, nulle trace des magnificences de l'été. Seul, l'affreux hiver habite sur ces âpres cimes et y maintient toujours sa demeure: c'est lui qui, de toutes parts, y chasse des nuages sombres et d'épaisses nuées chargées de grêle. Il n'est souffle ni vent furieux qui n'ait fixé dans les Alpes son turbulent séjour. Sur les hauts pics rocheux la vue se trouble et les monts se perdent dans les nuées. Chargez l'Athos sur le Taurus, le Rhodope sur le Mimas, l'Ossa sur le Pélion, l'Othrys sur l'Hémus: les Alpes l'emporteront encore .»
(Simler nous dit que les Grecs. considéraient trois zones dans les montagnes: ils appelaient la première les crêtes et les sommets; la deuxième les flancs de la montagne; et la troisième le pied de la montagne.)
Johann Jacob HOFMANN : LEXICON UNIVERSALE, HISTORIAM SACRAM ET PROFANAM. - Leiden, 1698
ALPES :
« Montes sunt excelsi (qui Italiam separant a Gallia, Helvetia, Rhaetia, Hungaria, et Germania.) l'Alpi Italis, Alpen Germanis dicti, qui multiplices sunt; variaque, pro locorum diversitate, sortiuntur nomina. Longitud. 3000. Sunt enim 1. Alpes Carnica. 2. Coctianae, sive Cottiae. 3. Graiae. 4. Noricae. 5. Iuliae. 6. Maritimae, sive Litoreae. 7. Pannonieae. 8. Penninae, Poenae, sive Poeninae. 9. Rhaelicae. 10. Tridentinae. 11. Venetae. Albia, et Alpionia olim dictos fuisse hos montes scribit Strabo. Stephano etiam )/Αλπεια, et )/Αλπεισι dicuntur, Phavorino)/olpia; Quin et Σ/Αλπισι etiam videntur a Lycophrone appellari, ut putavit eius commentator Isacius. Per hos montes Annibal in Italiam transivit, aceto [orig: acetô] viam faciente. Liv. l. 21. c. 37. Ardentiaque saxa infuso [orig: infusô] aceto [orig: acetô] putrefaciunt: iat torridam incendio [orig: incendiô] rupem ferro [orig: ferrô] pandunt. Iuvenal. Sat. 10. v. 152.
Non celsae obstiterint Alpes. --- ---
Quin et Servius in ista Virgilii verba, quae sunt initio l. 10. Aen. v. 13. commentans, Sane ommes altitudines montium, licet a Gallis Alpes vocantur, proprie tamen montium Gallicorum sunt. Itaque Montis, qui Nicro fluv.vicinus est, et haud procul Rutelinga [orig: Rutelingâ] ascenditur, illa longe lateque patens planities tritici feracissima, indubie etiamnum Albae nomen a culroribus olim Gallis retinet. Bochart. tamen in Chanaan l. 1. c. 42. montes hosce nomen suum Phoenicibus debere putat, quibus laban erat albus, et alben forma [orig: formâ] Syra [orig: Syrâ] albescere. Unde et Libano nomen, quem Paraphrastae vocant Olbanin, Cantic. c. 4. v. 11. Non tamen de nihilo )/alpin alii montem altum explicant, cum et al celsum, et pen verticem montis, seu collem significet. Usurpatur haec vox praecipue in plurali numero quamquam aliquando et in singulari. Dionys. v. 295. )/Αλπισς 2 a)rxi/. Ovid. Artis Am. l. 3. v. 150 .»
Fernand BRAUDEL - La méditerranée et le monde méditerranéen à l'èpoque de Philippe II
La part du milieu-Les péninsules: montagnes, plateaux, plaines.
« Tout d'abord les montagnes: (comme ossature de l'Europe)
Définir la montagne :
...oui, mais les Alpes sont les Alpes, c'est à dire
une montagne exceptionnelle par ses resources, ses disciplines collectives, la qualité de ses humanités, le nombre de ses grandes routes.
Les Alpes :
C'est que les Alpes relèvent d'une géométrie dans l'espace qui associe les unes aux autres des sociétés, des économies étagées: hameaux et villages aux limites hautes des cultures ; bourgs des vallées enfoncées ; viIIes modestes des percées fIuviales avec parfois une boutique de «Lombards» et quelques échoppes d'artisans; enfin, à la périphérie, au contact des plaines, des batelleries des lacs, des rivières et des fleuves, là où la circulation rebondit à vive allure - se situent les viIIes de piedmont : Genève, Bàle ou Zurich, Salzbourg, VilIach, ou Klagenfurt, Suse, Verceil, Asti, Come, Bergame, Brescia ou Vérone, souvent vilIes de foires (Zurzach, Hall, Linz, Bolzano), fréquemment animées par de grosses firmes de transport (Coire, Chiavenna, Plurs), toujours villes « médiatrices » entre Sud et Nord et où le montagnard trouve Ies produits indispensables à sa vie de tous les jours, «étoffes courantes pour l'habillement, métaux pour les outils et par-dessus tout le seI qui joue dans l'éIevage un role essentiel ».
Paul GUICHONNET (sous la direction) "Histoire et civilisation des Alpes", 1980
« Une montagne à l'échelle humaine
La connaissance des milieux naturels constitue le chapitre le plus anciennement travaillé et le plus complet de l'exploration scientifique de la chaîne. Bien que l'image des Alpes propagée par la civilisation des loisirs mette l'accent sur les hauts sommets farouches et déserts, une première constatation s'impose: cet espace qui occupe le cœur du continent européen est profondément humanisé et il constitue, dans l'ensemble, un biotope favorable aux sociétés qui l'ont précocement colonisé. Les Alpes n'ont pas la démesure de l'Himalaya ni le rôle de verrou marginal et dissuasif du système des Andes. En Europe même, elles sont plus faciles à pénétrer et, dans l'ensemble, plus amenes que les Pyrénées ou les Apennins. De Nice et Gênes, sur la Méditerranée, à Vienne, à l'orée de la Plaine pannonienne, les Alpes s'étendent sur 1 200 km, avec une largeur de 120 à 180 km clans la partie occidentale, qui se dilate à l'est pour atteindre 250 km sur l'axe du Brenner. L'arc alpin s'inscrit dans un rectangle où le déploiement en longitude sur plus de 600 km l'emporte de beaucoup sur une extension en latitude de 320 km. Il en résulte que, si l'on met à part la remarquable exception du secteur méditerranéen des Alpes franco-piémontaises, on constate une égalisation des conditions écologiques générales dans une chaîné dont la majeure partie est comprise dans la zone tempérée, délimitée par les 45e et 48e parallèles. L'arc alpin apparaît dans le relief européen avec une netteté et une vigueur très caractéristiques. Sur presque tout le pourtour, le front montagneux tombe abruptement sur l'avant-pays, en un contact très marque. C'est seulement dans le Mittelland suisse, en Lombardie et à l'extrémité orientale que la frontière est moins nettement affirmée et que la transition s'opére par un premier plan de collines ou de massifs détachés en avant-garde. Cette insertion topographique énergique a d'ailleurs longtemps incite les géographes à considérer les Alpes comme une entité spécifique et à leur Caire négliger la symbiose qu'elles ont toujours entretenue avec les espaces périphériques. La superficie totale est d'environ 180 000 km², dont 72 500 pour les Alpes occidentales, qui représentent 40 % du total, et 107 500 pour les Alpes orientales ».
Luigi ZANZI - Le Alpi nella storia d'Europa : Essai (leçons de "l'éco-histoire")
1) Les Alpes constituent un environnement et une culture à préserver
2) On ne peut pas sauver les Alpes si l'on ne sauve pas le « montagnard ».
3) On ne nait pas « montagnard » on le devient.
4) À des fins de survie des peuples « montagnards » il est crucial de savoir sauver ce qui reste de vivant de l'héritage des activités « rurales » de montagne, les mêmes qui ont constitué par le passé, le pivot d'une civilisation des Alpes qui fut à l'avant-garde dans l'histoire de l'Europe.
5) Afin que l'on puisse sauver les Alpes, on a besoin que la « communauté alpine » ne soit plus morcelée par des frontières nationales.
6) Inventer de nouvelles formes constitutionnelles supranationales au sein de l'Europe pour le futur de sa propre société. « L' Europe des régions » comme alternative à « l'Europe des nations ».
7) Deux nouveautés fondamentales : la première regarde la reconnaissance de la paix comme un droit individuel de chacun des citoyens, la seconde la reconnaissance de l'environnement comme un sujet de droits multiples, relatif à sa subsistance, à sa conservation, à son autoreproduction.
Renouveler les perspectives de la « géohistoire » - au-delà de Braudel.
L'ombre des Alpes sur l'Europe.
Une nouvelle ère de l'histoire européenne s'ouvre : les Alpes comme clef de voute, pivot, nœud de conjonction et courroie de transmission de nouvelles et multiples tensions de civilisation.
Jon MATHIEU : Geschichte der Alpen 1500-1900
Histoire des Alpes - Environnement, développement et société (2004).
« Exaltées par Rousseau comme lieu suprême dans lequel triomphe la nature en contraste avec les "horreurs" de la civilisation, les Alpes sont finalement observées selon une rigoureuse perspective historico-scientifique.
Deux interrogations :
le premier, de caractère économique, concerne les relations entre population, développement et environnement alpin ;
le second affronte une perspective sociopolitique, le rapport complexe entre structure agraire, société et développement moderne.
1, Les Alpes, un espace historique ?
« La région alpine a une superficie d'environ 180 000 km². Dans une photographie de l'Europe prise par satellite se détachent en particulier les surfaces enneigées et, à la marge orientale, des forêts denses. On y reconnait l'arc montagneux en suivant les points clairs et obscurs, partant de la Mer Ligure à l'ouest, en empruntant d'abord la direction nord, puis se plie vers l'est, s'étendant jusqu'à l'Europe centrale, séparant avec ses 1 200 km de long l'aire italienne de celle nord-européenne. L'espace se situe en partie au- dessus des 2 000 m, rejoint les 4 808,72 m au Mont Blanc, mais est traversé par de nombreuses vallées de basse altitude. À l'intérieur de la partie occidentale, la montagne tombe de façon assez raide vers la plaine.
Comme beaucoup de régions définies sur des données physiques, celle alpine ne peut être délimitée d'une manière claire et univoque ».
SELON LES GÉOGRAPHES
Les Alpes de STRABON à Werner BÄTZING. Les définitions et les descriptions faites par les géographes tendent à une vision globale de l'espace alpin. Certains d'entre eux ont rédigé des articles dans les encyclopédies, celles-ci, s'en sont inspirés, malheureusement avec parfois certaines inexactitudes.
STRABON "Géographie universelle" (57 av.J.-C. - 25 ap.J.-C.)
Livre II-Chapitre V-28.
«Τῶν δὲ Ἄλπεων, ἅ ἐστιν ὄρη σφόδρα ὑψηλὰ ποιοῦντα περιφερῆ γραμμήν, τὸ μὲν κυρτὸν ἔστραπται πρὸς τὰ λεχθέντα τῶν Κελτῶν πεδία καὶ τὸ Κέμμενον ὄρος, τὸ δὲ κοῖλον πρὸς τὴν Λιγυστικὴν καὶ τὴν Ἰταλίαν. »
Traduction :
28. Quant aux Alpes, qui sont des montagnes extrêmement élevées, elles décrivent une circonférence de cercle, dont la partie convexe est tournée vers ces plaines de la Celtique et vers la chaîne du mont Cemmène, tandis que la partie concave regarde la Ligystique et l'Italie.
Livre IV - La Gaule, chapitre VI "Les peuples des Alpes"-1-12
« Μετὰ δὲ τὴν ὑπὲρ τῶν Ἄλπεων Κελτικὴν καὶ τὰ ἔθνη τὰ ἔχοντα τὴν χώραν ταύτην περὶ αὐτῶν τῶν Ἄλπεων λεκτέον καὶ τῶν κατοικούντων αὐτάς, ἔπειτα περὶ τῆς συμπάσης Ἰταλίας, φυλάττουσιν ἐν τῇ γραφῇ τὴν αὐτὴν τάξιν, ἥνπερ δίδωσιν ἡ τῆς χώρας φύσις. Ἄρχονται μὲν οὖν αἱ Ἄλπεις οὐκ ἀπὸ Μονοίκου λιμένος, ὡς εἰρήκασί τινες, ἀλλ' ἀπὸ τῶν αὐτῶν χωρίων ἀφ' ὧνπερ καὶ τὰ Ἀπέννινα ὄρη κατὰ Γένουαν ἐμπόριον Λιγύων καὶ τὰ καλούμενα Σαβάτων ὀυάδα, ὅπερ ἐστὶ τενάγη· τὸ μὲν γὰρ Ἀπέννινον ἀπὸ Γενούας, αἱ δὲ Ἄλπεις ἀπὸ τῶν Σαβάτων ἔχουσι τὴν ἀρχήν· στάδιοι δ' εἰσὶ μεταξὺ Γενούας καὶ Σαβάτων διακόσιοι πρὸς τοῖς ἑξήκοντα· μετὰ δὲ τριακοσίους πρὸς τοῖς ἑβδομήκοντα Ἀλβίγγαυνόν ἐστι πόλισμα, οἱ δ' ἐνοικοῦντες Λίγυες Ἴγγαυνοι καλοῦνται· ἐντεῦθεν δ' εἰς Μονοίκου λιμένα τετρακόσιοι καὶ ὀγδοήκοντα. Ἔν τε τῷ μεταξὺ πόλις εὐμεγέθης Ἄλβιον Ἰντεμέλιον, καὶ οἱ κατοικοῦντες Ἰντεμέλιοι. Καὶ δὴ καὶ σημεῖον τίθενται τοῦ τὴν ἀρχὴν ἀπὸ τῶν Σαβάτων εἶναι ταῖς Ἄλπεσιν ἐκ τῶν ὀνομάτων τούτων· τὰ γὰρ Ἄλπεια καλεῖσθαι πρότερον Ἄλβια, καθάπερ καὶ Ἀλπεινά. Καὶ γὰρ νῦν ἔτι τὸ ἐν τοῖς Ἰάποσιν ὄρος ὑψηλὸν συνάπτον πως τῇ Ὄκρᾳ καὶ ταῖς Ἄλπεσιν Ἄλβιον λέγεσθαι, ὡς ἂν μέχρι δεῦρο τῶν Ἄλπεων ἐκτεταμένων ».
Traduction :
1. Nous avons fini de décrire la Gaule Transalpine et les différentes nations qui l'occupent, nous allons, avant de passer à la description générale de l'Italie, parler des Alpes mêmes et des populations qui les habitent en suivant l'ordre marqué par la nature des lieux. Les Alpes ne commencent pas, ainsi que certains auteurs l'ont prétendu, au port de Monoecus, mais on peut dire qu'elles commencent aux mêmes points que les Apennins, puisque entre Genua, emporium ou marché des Ligyens des environs duquel part l'Apennin, et Vada Sabatorum, autrement dit les Marais de Sabota, d'où part la chaîne des Alpes, il n'y a que 260 stades de distance. Ajoutons qu'à 370 stades de Sabata est la ville d'Albingaunum où habite la tribu ligyenne des Ingaunes, et que, dans l'intervalle de 480 stades qui sépare cette ville du port de Monoecus, s'élève Albium Intemelium, autre ville considérable habitée par les Intéméliens. Or, entre autres preuves que les Alpes commencent à Sabata, on invoque les noms mêmes de ces deux villes, on fait remarquer que ce qui se dit aujourd'hui Alpia, voire même Alpina , se disait anciennement Albia, témoin ce pic élevé du pays des Japodes, voisin du mont Ocra et des Alpes, et qu'on appelle aujourd'hui encore Albius mons, comme pour marquer que la chaîne des Alpes se prolonge jusque-là.
« Τῶν οὖν Λιγύων τῶν μὲν ὄντων Ἰγγαύνων, τῶν δὲ Ἰντεμελίων, εἰκότως τὰς ἐποικίας αὐτῶν ἐπὶ τῇ θαλάττῃ, τὴν μὲν ὀνομάζεσθαι Ἄλβιον Ἰντεμέλιον, οἷον Ἄλπιον, τὴν δὲ ἐπιτετμημένως μᾶλλον Ἀλβίγγαυνον. Πολύβιος δὲ προστίθησι τοῖς δυσὶ φύλοις τῶν Λιγύων τοῖς λεχθεῖσι τό τε τῶν Ὀξυβίων καὶ τὸ τῶν Δεκιητῶν ».
Traduction :
2. Et l'on en conclut que, comme les Ligyens se divisaient en Ingaunes et en Intéméliens, on a bien pu, pour distinguer les deux colonies ou établissements fondés par ce peuple sur le bord de la mer, appeler l'un Albium Intemelium, autrement dit l'Intemelium des Alpes, et l'autre [Albium Ingaunum] ou mieux Albingaunum par manière de contraction. Notons cependant qu'à ces deux tribus ou divisions de la nation Ligyenne Polybe en ajoute deux autres, la tribu des Oxybiens et celle des Déciètes.
9. « Κατὰ πᾶσαν δὲ τὴν τῶν Ἄλπεων ὀρεινὴν ἔστι μὲν καὶ γεώλοφα χωρία καλῶς γεωργεῖσθαι δυνάμενα καὶ αὐλῶνες εὖ συνεκτισμένοι, τὸ μέντοι πλέον καὶ μάλιστα περὶ τὰς κορυφάς, περὶ ὃ δὴ καὶ συνίσταντο οἱ λῃσταί, λυπρὸν καὶ ἄκαρπον διά τε τὰς πάχνας καὶ τὴν τραχύτητα τῆς γῆς. Κατὰ σπάνιν οὖν τροφῆς τε καὶ ἄλλων ἐφείδοντο ἔσθ' ὅτε τῶν ἐν τοῖς πεδίοις, ἵν' ἔχοιεν χορηγούς· ἀντεδίδοσαν δὲ ῥητίνην, πίτταν δᾷδα, κηρὸν, τυρὸν, μέλι· τούτων γὰρ εὐπόρουν. Ὑπέρκειται δὲ τῶν Κάρνων τὸ Ἀπέννινον ὄρος, λίμνην ἔχον ἐξιεῖσαν εἰς τὸν Ἰσάραν + Ἰσάραν ποταμόν, ὃς παραλαβὼν Ἄταγιν ἄλλον ποταμὸν εἰς τὸν Ἀδρίαν ἐκβάλλει. Ἐκ δὲ τῆς αὐτῆς λίμνης καὶ ἄλλος ποταμὸς εἰς τὸν Ἴστρον ῥεῖ, καλούμενος + Ἀτησῖνον. Καὶ γὰρ ὁ Ἴστρος τὰς ἀρχὰς ἀπὸ τούτων λαμβάνει τῶν ὀρῶν, πολυσχιδῶν ὄντων καὶ πολυκεφάλων. Μέχρι μὲν γὰρ δεῦρο ἀπὸ τῆς Λιγυστικῆς συνεχῆ τὰ ὑψηλὰ τῶν Ἄλπεων διέτεινε καὶ ἑνὸς ὄρους φαντασίαν παρεῖχεν, εἶτ' ἀνεθέντα καὶ ταπεινωθέντα ἐξαίρεται πάλιν εἰς πλείω μέρη καὶ πλείους κορυφάς. Πρώτη δ' ἐστὶ τούτων ἡ τοῦ Ῥήνου πέραν καὶ τῆς λίμνης κεκλιμένη πρὸς ἕω ῥάχις μετρίως ὑψηλή, ὅπου αἱ τοῦ Ἴστρου πηγαὶ πλησίον Σοήβων καὶ τοῦ Ἑρκυνίου δρυμοῦ· ἄλλαι δ' εἰσὶν ἐπιστρέφουσαι πρὸς τὴν Ἰλλυρίδα καὶ τὸν Ἀδρίαν, ὧν ἐστι τό τε Ἀπέννινον ὄρος τὸ λεχθὲν καὶ τὸ Τοῦλλον καὶ Φλιγαδία, τὰ ὑπερκείμενα τῶν Ὀυινδολικῶν, ἐξ ὧν ὁ Δούρας καὶ Κλάνις καὶ ἄλλοι πλείους χαραδρώδεις ποταμοὶ συμβάλλουσιν εἰς τὸ τοῦ Ἴστρου ῥεῖθρον ».
Traduction :
9. Dans toute l'étendue de la chaîne des Alpes il y a bien, à vrai dire, quelques plateaux offrant de bonnes terres arables ainsi qu'un certain nombre de vallées bien cultivées; généralement pourtant, et surtout vers les sommets où toutes ces populations de brigands s'étaient concentrées de préférence, l'aspect des Alpes, par le froid qui y règne, comme par l'âpreté naturelle du sol, est celui de la stérilité et de la désolation. Souvent même c'est à la disette dont souffraient les populations de la montagne, c'est au dénuement absolu dans lequel elles se trouvaient que les habitants des plaines ont dû de se voir préservés de leurs incursions, vu qu'alors les montagnards avaient tout intérêt à ne pas se fermer les seuls marchés où ils pouvaient se procurer les denrées dont ils manquaient en échange de la résine, de la poix, des torches, de la cire, du fromage, et du miel qui font toute la richesse de leur pays. Au-dessus des Carnes est le mont Apennin : on y remarque un grand lac dont les eaux s'écoulent dans le fleuve (Isargus), lequel va se jeter dans l'Adriatique après s'être grossi de l'Atagis (Athesis). Du même lac sort un autre fleuve, (l'Aenus), qui va s'unir à l'Ister (Danube). L'Ister prend sa source aussi dans la chaîne des Alpes, mais c'est dans la partie qui s'offre à nous divisée en plusieurs branches distinctes et hérissée d'une infinité de pics ou de sommets. Les Alpes, on le sait, présentent d'abord, en s'éloignant de la Ligystique, une ligne continue et de hauteur uniforme, ce qui leur donne l'aspect d'une seule et même montagne, puis elles s'interrompent et s'abaissent brusquement, mais pour se relever bientôt et pour se fractionner alors en plusieurs chaînes que dominent un très grand nombre de pics. Une première chaîne ou arête, encore assez peu élevée, commence au delà du Rhin et du lac formé par ce fleuve et court droit à l'E.: or, c'est là, dans le voisinage des Suèves et de la forêt Hercynienne, que l'Ister a ses sources. D'autres chaînes inclinent dans la direction de l'Illyrie et de la mer Adriatique : les plus remarquables sont le mont Apennin, dont il a été question plus haut, le mont Tulle, le mont Phligadie et la chaîne qui domine le territoire des Vindoliciens et où prennent naissance le Duras, le Clanis et plusieurs cours d'eau encore, véritables torrents, tous tributaires de l'Ister.
«Ὁ δ' αὐτὸς ἀνὴρ περὶ τοῦ μεγέθους τῶν Ἄλπεων καὶ τοῦ ὕψους λέγων παραβάλλει τὰ ἐν τοῖς Ἕλλησιν ὄρη τὰ μέγιστα, τὸ Ταύγετον, τὸ Λύκαιον, Παρνασσὸν, Ὄλυμπον, Πήλιον, Ὄσσαν· ἐν δὲ Θρᾴκῃ Αἷμον, Ῥοδόπην, Δούνακα· καί φησιν ὅτι τούτων μὲν ἕκαστον μικροῦ δεῖν αὐθημερὸν εὐζώνοις ἀναβῆναι δυνατόν, αὐθημερὸν δὲ καὶ περιελθεῖν, τὰς δ' Ἄλπεις οὐδ' ἂν πεμπταῖος ἀναβαίη τίς· τὸ δὲ μῆκός ἐστι δισχιλίων καὶ διακοσίων σταδίων τὸ παρῆκον παρὰ τὰ πεδία. Τέτταρας δ' ὑπερβάσεις ὀνομάζει μόνον· διὰ Λιγύων μὲν τὴν ἔγγιστα τῷ Τυρρηνικῷ πελάγει, εἶτα τὴν διὰ Ταυρίνων, ἣν Ἀννίβας διῆλθεν, εἶτα τὴν διὰ Σαλασσῶν, τετάρτην δὲ τὴν διὰ Ῥαιτῶν, ἁπάσας κρημνώδεις. Λίμνας δὲ εἶναί φησιν ἐν τοῖς ὄρεσι πλείους μέν, τρεῖς δὲ μεγάλας· ὧν ἡ μὲν Βήνακος ἔχει μῆκος πεντακοσίων σταδίων, πλάτος δὲ [ἑκατὸν] τριάκοντα, ἐκρεῖ δὲ ποταμὸς Μίγκιος· + ἡ δ' ἑξῆς Οὐερβανὸς τετρακοσίων, πλάτος δὲ στενωτέρα τῆς πρότερον, ἐξίησι δὲ ποταμὸν τὸν ἈδούανΟὐερβανὸς τρίτη δὲ Ὀυερβανὸς μῆκος ἐγγὺς τριακοσίων σταδίων, πλάτος δὲ τριάκοντα, ποταμὸν δὲ ἐξίησι μέγαν ΤικῖνονΟὐερβανὸς πάντες δ' εἰς τὸν Πάδον συρρέουσι. Τοσαῦτα καὶ περὶ τῶν ὀρῶν ἔχομεν λέγειν τῶν Ἀλπεινῶν ».
Traduction :
12. Le même auteur (Polybe), pour faire juger de l'étendue et de l'élévation des Alpes, leur compare les plus hautes montagnes de la Grèce, telles que le Taygète, le Lycée, le Parnasse, l'Olympe, le Pélion, l'Ossa, et les plus hautes montagnes de la Thrace, telles que l'Hæmus, le Rhodope et le Dunax : il fait remarquer que, tandis qu'un bon marcheur vêtu à la légère peut à la rigueur dans l'espace d'un jour atteindre le sommet de l'une ou de l'autre de ces montagnes, voire même dans une journée en ranger toute la base d'une extrémité à l'autre, cinq jours ne suffiraient pas pour faire l'ascension des Alpes qui, d'autre part, suivant lui, n'ont pas moins de 2200 stades de longueur mesurés à leur base et d'après la route qui les borde. Il nomme ensuite leurs principaux cols ou passages, au nombre de quatre seulement, un premier col chez les Ligyens (c'est le plus rapproché de la mer Tyrrhénienne); un autre chez les Taurins, qui est celui que franchit Hannibal; puis le col où aboutit la vallée des Salasses; et, en dernier lieu, celui qui traverse les Alpes Rhaetiennes; et tous les quatre, à l'entendre, sont bordés de précipices affreux. Il signale enfin dans cette même chaîne de montagnes un certain nombre de lacs, dont trois fort grands : le Benacus, qui a 500 stades de long sur 30 de large et qui donne naissance au Miucius; puis, à la suite du Benacus, le Verbanus [lis. le Larius] , qui, long encore de 400 stades, va se rétrécissant toujours jusqu'à devenir beaucoup moins large que le précédent, et s'écoule par l'Adduas; et en troisième lieu, le Larius [lis. le Verbanus], qui, avec 300 stades de longueur, ne mesure plus en largeur que 30 stades, ce qui n'empêche pas qu'il ne donne naissance à un cours d'eau considérable, le Ticinus, autre affluent du Padus. - Voilà tout ce que nous avions à dire de la chaîne des Alpes.
Livre V - L'Italie ; chapitre II "La Transpadane et la Cispadane"-3
« Κατὰ μέρος δ´ οὕτως εἰπεῖν δυνατόν, ὅτι τῶν μὲν Ἄλπεων περιφερὴς ἡ ὑπώρειά ἐστι καὶ κολπώδης, τὰ κοῖλα ἔχουσα ἐστραμμένα πρὸς τὴν Ἰταλίαν· τοῦ δὲ κόλπου τὰ μὲν μέσα πρὸς τοῖς Σαλασσοῖς ἐστί, τὰ δ´ ἄκρα ἐπιστροφὴν λαμβάνει, τὰ μὲν μέχρι τῆς Ὄκρας καὶ τοῦ μυχοῦ τοῦ κατὰ τὸν Ἀδρίαν, τὰ δ´ εἰς τὴν Λιγυστικὴν παραλίαν μέχρι Γενούας τοῦ τῶν Λιγύων ἐμπορίου, ὅπου τὰ Ἀπέννινα ὄρη συνάπτει ταῖς Ἄλπεσιν ».
Traduction :
3. Mais en procédant partiellement, voici, ce me semble, de quelle façon on peut représenter les choses. La chaîne des Alpes, à sa base, décrit une ligne courbe, comme qui dirait la circonférence d'un golfe, ayant sa partie concave tournée vers l'Italie. Le milieu de cette courbe ou de cette espèce de golfe se trouve chez les Salasses; quant à ses extrémités, elles atteignent en se repliant, d'un côté, le mont Ocra et le fond de l'Adriatique, et, de l'autre, le littoral Ligystique aux environs de Genua, l'emporium des Ligyens, comme on sait, avoisinent le point où les Apennins se relient aux Alpes. Du pied des montagnes part une plaine considérable qui offre à peu près la même étendue en largeur qu'en longueur, à savoir 2 100 stades.
PTOLÉMÉE (Κλαύδιος Πτολεμαῖος - Claudius Ptolemaeus - 90-168 ap.J.-C.) - Traité de géographie (livre 2)
Conrad MALTE-BRUN ; Traité élémentaire de géographie, 1830.
« Le voyageur qui parcourt les AIpes ne voit, dans leur masse imposante, que l'image du désordre et de la confusion ; le géologue y reconnait la trace des grands soulèvements qui ont formé les aspérités qui couvrent le globe : une opinion toute récente, appuyée sur des faits nombreux, leur assigne, contre l'opinion précédemment admise, une origine moins ancienne que les Pyrénées ».
Élisée RECLUS Jungfrau, Mœnch et Eiger. A Elie Reclus. Gap, 29 septembre 1859. Correspondance. Tome 1 / Elisée Reclus
« C'est beau Que puis-je dire de plus. Au-dessus des pâturages de la Wengernalp, dont on peut apprécier déjà l'énorme hauteur par le bleu vaporeux qui recouvre la vallée de Lauterbrunnen, se dressent les trois colosses, tout couverts de glaciers qui descendent en cataractes sur leurs flancs. Ils sont là si près qu'on croirait pouvoir les toucher de la main, et cependant ils remplissent tout l'horizon, sortent des profondeurs de la terre et montent jusqu'au ciel ».
Émile LEVASSEUR "LES ALPES et les grandes ascensions, 1895
Le caractère général des Alpes : l'étendue et les limites du système alpin.
« Les Alpes sont le système de montagnes le plus important de l'Europe. Elles sont de beaucoup le plus élévé dans cette partie du monde, si l'on fait abstraction de la chaîne du Caucase qui sert de limite entre l'Europe et l'Asie et dont le plus haut sommet est situé sur le versant européen.
Quoique Polybe soit le premier historien qui est décrit les Alpes sous ce nom, Alpe
est un vieux mot que connaissaient longtemps avant lui les Anciens ; un commentateur de l'Eneïde, Servius, dit que les gaulois l'employaient pour désigner les hautes montagnes ; des érudits modernes lui donnent le sens de roche escarpée ; d'autres, particulièrement M. d'Arbois de Jubainville, lui supposent une origine ligure, sans en préciser le sens. Il est encore usité comme nom commun par les montagnards de cette contrée pour désigner certains pâturages dont le neige ne permet l'accés que pendant la belle saison.
Nous comprenons sous le nom d'Alpes toutes les montagnes qui s'étendent du col de Cadibone au sud-ouest jusqu'à Vienne au nord-est et jusqu'au seuil d'Aldelsberg au sud-est. La chaîne principale a deux directions, l'une sud-nord, l'autre ouest-est, formant un angle presque droit, mais arrondi à son sommet. Le Mont-Blanc est le point où ces deux directions convergent. Mesurée en ligne droite, la chaîne a une longeur d'un peu plus de 1 000 kilomètres... Mesurée sur la crète avec ses sinuosités, elle a plus de 1 400... La largeur du massif varie entre 150 et 300 kilomètres et va, en général, en augmentant vers l'est....
On
peut cependant considérer, d'une manière générale, les Alpes comme étant entourées de nappes de terrain quaternaire et comme ayant, sous cet aspect, une superficie d'environ 220 000 kilomètres carrés.
Si l'on cherche un délimitation par l'altitude, il est impossible de prendre la même courbe de niveau pour déterminer le périphérie du système : car les terrains dans lesquels il est encastré sont à un niveau beaucoup plus élevé en Suisse et en Allemagne qu'en Italie....
Dans ses limites, qui ne comprennent
pas les hauteurs du Montferrat, mais une partie des collines subjacentes aux Alpes, le système alpestre occupe une superficie d'environ 216 000 kilomètres carrés...»
Joseph PARTSCH, Central Europe 1 903 Chap. III "The Alps and the German Danube".
« The Western Alps are gathered together into narrower compass ; their principal ridges press so closely upon the plains of Italy that the contrast between a steep inner and a more broadly developed outer slope becomes particularly striking ; they include higher mountains, larger snowfields, glaciers more richly fed, and contrasts of altitude and climate both greater and more closely contiguous.
The Eastern Alps are of wider extent ; the river network of the Hungarian plain penetrates deeply into them, and divides their northern from their southern slope by broad longitudinal valleys, such as those of the Drave and Save ; the mountains drop to more moderate heights and fade away by degrees, but the advantage of lower passes is lost in the continually recurring necessity for going up and down ».
Traduction :
Les Alpes Occidentales sont regroupées sur une largeur plus étroite; leurs principales arêtes s'appuient de si près sur la plaine de l'Italie que le contraste entre l'intérieur raide et la pente extérieure généralement plus étendue devient particulièrement frappant; elles incluent les plus hautes montagnes, les plus grandes surfaces enneigées, les glaciers les plus richement nourris et les contrastes d'altitude et de climat les plus grands et les plus étroitement contigus.
Les Alpes Orientales ont une plus grande largeur ; le réseau de rivières de la plaine hongroise pénètre profondément à l'intérieur et les sépare du Nord de leur pente du sud par de larges vallées longitudinales, comme celles de la Drava et de la Sava; les sommets des montagnes tombent plus modérément et vont mourir progressivement en s'étageant, mais l'avantage des cols de basse altitude est perdu par la nécessité sans cesse récurrente pour monter et descendre.
Paul VIDAL DE LA BLACHE
Fritz MACHAČEK "Die Alpen", 1908
« Dans leur extension longitudinale, du golfe de Gênes jusqu'à proximité de Vienne, les Alpes, formant ainsi un vaste arc de montagne en verticille* s'étendent sur environ 1 100 km de longueur ».
* (botanique: cercle autour d'un axe).
Emmanuel DE MARTONNE "Les Alpes" (géographie générale), 1931
« Pour nous les Alpes sont la montagne par excellence. Dans tous les pays, le nom de Club alpin groupe ceux pour qui les hauts sommets, quels qu'ils soient, avec leurs frais paysages et leur atmosphère vivifiante, leurs spectacles grandioses, leurs contrastes violents de relief et de couleurs, sont. un réconfort après des mois de vie urbaine, et ceux pour qui les sentiers pierreux, les escarpements et les pics défiant l'escalade sont une école d'énergie et de volonté. Aucune montagne n'a été et n'est aussi aimée que les Alpes.
Leur importance géographique ne doit pas être mesurée à leurs dimensions. Avec ses 4 808,72 m le Mont Blanc reste de 4 000m au-dessous des géants de l'Asie. La plus grande largeur du bourrelet alpin est de 200 kilomètres, sa longueur ne dépasse pas l 200 kilomètres ; il tiendrait trois fois au moins dans l'Himalaya. Mais il n'est guère de haute montagne aussi pénétrée par l'homme, ni dont l'influence se fasse sentir aussi loin ».
Raoul BLANCHARD "Les Alpes et leur destin", 1958
« Le trait capital de l'Europe occidentale et centrale est la présence d'une puissante chaîne de montagnes qui s'interpose entre les plaines septentrionales et le monde méditerranéen. De Nice à Vienne, les Alpes tendent une barrière longue de 1 100 kilomètres, épaisse au centre de plus de 200.
Ce puissant obstacle, qui dresse tout au long des sommets de plus de 3 000 mètres et parmi eux de notables « plus de 4 000 », est un véritable intercepteur d'influences climatiques. Les nuées humides venues de l'Océan viennent se heurter à la chaîne qui les vide de leur contenu; les souffles méditerranéens qui réussissent à franchir les cols descendent de l'autre coté transformés. La barrière alpestre sépare ainsi deux Europe : une Europe océanique, mouillée et fraîche, domaine de forêts et de prairies; une Europe méditerranéenne de ciels clairs et pluies rares, chaude et sèche, à végétation maigre et nerveuse; dans chacune s'épanouissent des civilisations différentes.
Mais il se trouve que la muraille est ajourée de fissures. Elle est parcourue de profonds corridors qui l'échancrent largement : vallées de la Durance, de l'Arc et de l'Isère, hautes vallées du Hhône et du Rhin, groupe de vallées du Tirol, haut Tessin, haute Adda, ramure de l'Adige. A l'amont de ees amples balafres, les crêtes peuvent se ployer en cols, dont certains, comme le Genèvre et le Brenner, se tiennent au-dessous de 2.000 mètres. Ainsi la masse n'est pas imperméable, il est possible de se glisser au travers ».
Giotto DAINELLI "Le Alpi", 1963
Chapitre premier "Les grands traits de la chaîne alpine" pag.14
«.....Oui, tout est beau dans les Alpes, et tout est grandiose aussi.
Cela peut paraître étrange, il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de parfaites concordances de points de vues dans la délimitation précise des Alpes. Les doutes et les divergences d'opinions dépendent des multiples critères appliqués: Soit purement orographique, soit plus strictement géologique, lesquels n'occultent pas, ni la constitution lithologique à savoir la nature des roches ni les conditions génétiques à savoir les événements anciens de la terre à laquelle, cette portion de la croûte terrestre a vu s'accumuler des strates puissantes, et qui vit par la suite le soulèvement qui constitue cet important pli montagneux de la vieille Europe.
Là où des doutes et des divergences d'opinions sur la définition précise des Alpes peuvent être plus faciles et encore plus justifiés, c'est à ses deux extrémités. Celle-ci ne prend pas fin, à l'est et à l'ouest, laissant mourir ses ramifications mineures dans les zones de plaine, comme elle fait latéralement à son développement longitudinal. Non, celle-ci continue, elle d'autres plis montagneux mineurs presque imperceptiblement , lesquels - bien qu'appartenant à ce plissement général de la Terre qui dans les Alpes est appelée justement « alpin » - sont également identifiés par des caractères différents, des formes différentes, toujours par une élévation beaucoup plus petite. Quiconque a une passion pour ces montagnes et les a parcouru et observé également, sera capable de distinguer, au moins dans son l'ensemble, les caractères et les formes de la longue dorsale des Apennins, les crêtes et les flancs du Velebit et des Dinarides; de ceux plus grandioses, je dirais plus incisif de massif alpin. Celui-ci passe par différents degrés, des Alpes Ligures à l'Apennin et des Alpes Juliennes au Velebit, c'est justement le fait de fixer les limites des uns et des autres vers les chaînes de montagnes qui les prolongent que des difficultés peuvent surgir non seulement pour l'observateur occasionnel, mais aussi pour le savant.
C'est pourquoi vous ne pouvez pas - étant donné la divergence d'opinions à ce sujet - indiquer exactement ce qu'est le développement, la longueur ou la surface du massif. Pour en donner une idée il suffit seulement de valeurs largement approximatives, lesquelles, si rien d'autre ne peut servir à indiquer l'ordre de grandeur de l'étirement des Alpes, enferment avec leur imposant bastion montagneux la région italienne du reste de l'Europe. On peut donc dire que leur déploiement en longueur est d'environ 1 000 km, et leur largeur varie de 100 à 300 km. Abstraction faite de l'amincissement de la chaîne à son extrémité occidentale, où elle se raccroche aux Apennins - que la superficie avoisine les 200 000 kilomètres carrés ».
(correspond à la partizione delle Alpi)
Paul & Germaine VEYRET "Au cœur de l'Europe les Alpes, 1967 (Paul VEYRET Les Alpes - Que sais-je ? 1972)
« De Nice a Vienne, les Alpes s'allongent sur 1 200 km en décrivant un arc de cercle de 90 degrés du Sud-Nord, leur direction devient en effet Ouest-Est. Leur largeur la plus grande se place à l'Est du lac de Côme: elle dépasse alors 200 km. La moitié occidentale a une largeur comprise entre 180 km au droit des Alpes françaises du Sud et seulement 120 km du Léman à Ivrée.
Les altitudes se distribuent de façon toute différente: les sommets de 4 000 mètres et plus sont presque tous rassemblés dans le secteur, relativement étroit, où se place le coude de la chaîne, avec les massifs du Mont-Blanc, des Alpes Pennines et de l'Oberland bernois; ne se trouvent en dehors que la Barre des Écrins au Sud et la Bernina à l'Est. Étroitesse et surélévation s'opposent donc à élargissement et moindre altitude, de façon à conserver à la chaîne, grossièrement, le même volume ».
Günther GLAUERT "Les Alpes", 1976
« L'ensemble alpin, alignement de chaînes et de vallées, se développe en arc-en-cercle sur 1 200 km de longueur du golfe de Gènes à la plaine pannonienne. Il sépare ainsi la péninsule italienne de la masse de l'Europe. L'extension des Alpes en longueur sur plus de 11 degrés de longitude (de 4°55 à l'ouest à 16°20 à l'est) joue moins que l'extension en latitude (à l'extrême sud: Nice: 43°45, à l'extrême nord: Vienne: 48° 15) dans les modifications du climat et de la végétation.
Resserrée à l'Ouest, la chaîne s'élargit et s'abaisse vers l'Est; entre Montreux et Ivrée, la largeur de la montagne atteint 130 km, contre plus de 250 km sur le méridien du Brenner. Les Alpes orientales sont beaucoup plus cloisonnées que les Alpes occidentales. De grandes cuvettes favorables au peuplement s'insèrent dans la masse alpine. La surface totale des Alpes atteint environ 180 000 km², dont 172 500 km² (40 %) pour les Alpes occidentales et 107 500 km² (60 %) pour les Alpes orientales ».
Rémy KNAFOU "Que sais-je", 1994
Les Alpes à leur place, pour sortir de l' «alpinocentrisme» voir de l '«alpinolâtrie».
« D’importants contrastes morphologiques pour ces grandes montagnes au cœur de l’Europe: «Les Alpes sont de très loin la plus grande chaine de montagnes de l’Europe: elles se déploient en un arc qui s’étend sur 1 200 km de longueur, de Nice à Vienne: leur largeur moyenne est de l’ordre de 120 à 150 km, mais atteint 250 km le long de l’axe Munich-Vérone.»
Les altitudes sont impressionnantes; les sommets de plus de 4000 km s’étirent sur un itinéraire de 330 km entre Écrins et Bernina. Les dénivellations ne sont pas moins impressionnantes atteignant en plusieurs endroits 2000 m ou plus.
Cette grande chaine de montagnes se caractérise par de grands contrastes morphologiques:
les Alpes occidentales et centrales atteignent les plus hautes altitudes, les plus hauts sommets (Mont Blanc, Mont Rose, Cervin) et appartiennent tous à la même zone structurale des massifs cristallins.
Vers le sud et la Méditerranée (Argentera 3297 m) et l’est (Gross Glockner 3 787m et Triglav 2 863 m), les altitudes faiblissent.
Une importante dissymétrie caractérise les Alpes occidentales entre un versant italien court contraste étonnant entre la plaine du Pô et les sommets les plus hauts et un versant français ou suisse où les élévations sont plus progressives, bien que le contraste entre la montagne et son avant-pays demeure marqué ».
Bernard DEBARBIEUX, Christine DESMOULIN, Odile DOT, Charles GARDELLE et Rémi KNAFOU
"Les ALPES" - Voyages en France Larousse 1991. (Textes et photos)
« Grand arc de cercle courant de Nice à Vienne, en Autriche, les Alpes forment le principal système montagneux d'Europe. Les grandes Alpes françaises s'allongent sur 370 km, du lac Léman à la Méditerranée.
Pour beaucoup, les Alpes sont le modèle de montagne. Placées en travers de l'Europe, traversées et habitées depuis des siècles, fréquentées par des scientifiques et des voyageurs depuis 250 ans environ, elles sont aussi les mieux connues. Leur notoriété est telle que quantité d'autres chaînes de montagne de la planète portent le même nom (Alpes japonaises, Alpes néo-zélandaises) ».
Henri ROUGIER-Professeur Centre d'Etudes Alpines, Université Lyon 3.
Article "INTERFACE HOMME-NATURE AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE ET PAYSAGES DANS L'ARC ALPIN":
« Tout en étant la plus haute montagne d'Europe, la chaîne des Alpes est également la plus peuplée. Occupée par l'homme depuis les temps les plus anciens, elle sert aujourd'hui de référence en matière d'adaptation humaine à un milieu naturel souvent hostile. Car au fil des siècles, les hommes ont su pactiser avec la nature et patiemment aménager le territoire en dépit d'énormes difficultés.
La chaîne des Alpes se singularise en Europe par une multitude de spécificités. Disposée en arc de cercle en plein cœur du continent et s'imposant par son volume autant que par son élévation, elle donne l'impression d'un obstacle alors qu'en réalité s'identifie à elle une extraordinaire aération de son relief lui procurant une très bonne pénétrabilité. Sans doute, ce fait explique-t-il la précocité de l'attractivité que la montagne a pu exercer sur l'homme, donc l'ancienneté du peuplement des Alpes, mais également une remarquable continuité se perpétuant au fil du temps par diverses formes d'occupation de l'espace, d'emprises humaines sur le milieu. Au bout du compte, saute aux yeux un incroyable palimpseste de paysages, signes d'une civilisation dans ses multiples composantes et ses manières d'apprivoiser l'environnement. Cela étant, comme rien n'est jamais achevé, les Alpes se caractérisent par un dynamisme peu commun, une succession ininterrompue de remises en question, d'adaptations, d'ajustements aux données de l'époque. Au cœur du finisterre que constitue l'Ouest du continent eurasiatique, loin de n'être qu'un gigantesque hinterland récréatif, elles représentent un espace de rayonnement, un phare dispersant alentour une lumière toujours plus brillante ».
Werner BÄTZING
"Die Alpen" : Geschichte und Zukunft einer europäischen Kulturlandschaft 2003 (1ére édition) - 2005 (3e édition) - 2015 (4e édition, complètement révisée et élargie - 484 p. 14 tableaux, 34 cartes et 134 illustrations.
"Les Alpes" : un foyer de civilisation au cœur de l'Europe, 2003 (trd. Henri Rougier)
"Le Alpi" : una regione unica al centro dell'Europa, 2005 (trd. Fabrizio Bartaletti)
« N’ayant pas de frontières vraiment définies, les Alpes échappent à toute définition unique qui cherche à représenter l’ensemble.»
Sous l’aspect strictement géomorphologique, les Alpes sont un complexe montagneux compact, géologiquement séparé des Apennins, des Dinarides et des massifs hercyniens (Les Maures et l’Esterel). Quant aux zones collinaires ou de plaines piémontaises, elles sont réduites à leur déclivité dans la continuité du relief, mais indépendamment des considérations de caractère économique et hors du champ politique actuel.
Sous un angle géographique concret basé sur le relief et la géologie, étant donné que les zones alpines de basse altitude se différencient peu des autres régions extra-alpines, on pourrait prendre en considération les zones liées aux phénomènes de la neige et des glaciers, soit les territoires dont la limite inférieure se situe aux environs de 2 000 mètres.
Mais si l’on adopte ce point de vue, cela revient à dire que les Alpes se résument à des zones inhabitées, des archipels déserts…
Etc.
Si l’on opte pour un des 6 points de vue, on s’aperçoit rapidement que chacun d’eux a ses propres limites et ne peut en aucun cas fournir une définition qui soit acceptable par tous. C’est pourquoi l’espace alpin doit être perçu dans une acceptation unitaire au sens humain et économique du terme.
«Une délimitation moyenne fondée sur les lois sur les régions de montagne et sur la Convention Alpine apparaît la plus riche de sens»
Cette délimitation moyenne tient compte des caractéristiques fondamentales qui font que les Alpes peuvent figurer comme une région à part entière au cœur de l’espace européen. L’espace alpin ainsi délimité recouvre 190 000km² répartis en l’Allemagne, L’Autriche, la Slovénie, Le Liechtenstein, la France, l’Italie, la Suisse et Monaco. En raison de sa position particulière, dans l’espace, l’histoire et la civilisation, de l’originalité du contexte haut-montagnard, de la proximité de grandes villes très dynamiques, les Alpes connaissent un développement spécifique qui n’a aucun équivalent avec les autres hautes montagnes de la terre .
Dans la version originale de la 4e édition (2015) de son ouvrage sur les Alpes, Werner Bätzing propose trois méthodes très différentes pour délimiter et définir les Alpes (délimitation étroite, moyenne et large) qui peuvent être justifiées, dans chaque cas, par des critères basés sur les sciences naturelles ou les sciences humaines, soit 6 possibilités :
1. Délimitation étroite des Alpes (Enge Alpenabgrenzung)
a. Dans une perspective naturelle (In naturwissenschaftlicher Perspektive)
Les limites se situent à niveau de l'étage alpin autour des 2 000m
b. Dans une perspective touristique (In touristischer Perspektive)
Les Alpes commencent alors habituellement à 1 000m, ainsi les profondes vallées incluant les réseaux routiers principaux, les installations industrielles et les villes sont délibérément exclus des Alpes, n'appartenant pas à la particularité et l'unicité alpestre. Il en résulte une fragmentation de la chaine en plusieurs massifs individuels, avec un espace qui renferme environ 0,8 millions d'habitants.
2. Délimitation moyenne des Alpes (Mittlere Alpenabgrenzung)
a. Dans une perspective naturelle (In naturwissenschaftlicher Perspektive)
Les Alpes commencent où le relief est escarpé qui comprend la haute montagne ainsi que le corps complet de la montagne, mais aussi les vallées, les bassins internes et les zones de piémont
b. Dans une perspective politique (In politischer Perspektive)
Ce point de vue se base sur les limites municipales
et correspond aux communes classées selon les lois nationales sur les zones de montagnes des pays alpins.
La Convention Alpine s'est constituée suivant ces critères formant un espace alpin de 190 959 km² avec une population de 15,2 millions d'habitants en 2011.
3. Délimitation large des Alpes (Weite Alpenabgrenzung)
a. Dans une perspective naturelle (In naturwissenschaftlicher Perspektive)
Les grands cours d'eau du Rhône, Aare, Rhin, Danube et Po
qui s'écoulent autour des Alpes servent de frontières
b. Dans une perspective politique (In politischer Perspektive)
En formant un grand espace périalpin, où le territoire des entités politiques telles que les provinces, les régions, les cantons et les circonscriptions des Alpes n'est pas coupé, l'Alpine Space Programme atteint une superficie de 449 297 km² pour une population de près de 70 millions d'habitants.
La version en langue française, adaptée par le Prof. Henri Rougier décrit 5 possibilités.
1. Dans une perspective naturelle
2. Dans une perspective touristique
3. Dans une optique de politique agricole
4. Sur le plan des lois nationales
5. Dans la perspective d’une politique alpine européenne
La version en langue italienne, traduite par le Prof. Fabrizio Bartaletti, ajoute le point de vue géomorphologique dont il s'est occupé personnellement, ce qui fait 6 possibilités de définition et de délimitation.
1. Du point de vue des sciences sociales (Dal punto di vista delle scienze sociali)
2. Du point de vue touristique (Dal punto di vista turistico)
3. Du point de vue de de l'agriculture de montagne (Dal punto di vista dell'agricultura di montagna)
4. Du point de vue géomorphologique (Dal punto di vista geografico-morfologico)
5. Basé sur les lois de montagne de chaque pays (In base alle leggi per la montagna dei singoli stati)
6. Dans l'optique d’une politique alpine européenne (Nell'ottica della politica europea per le Alpi)
(voir : Définir les Alpes)
Fabrizio BARTALETTI "Geografia e cultura delle Alpi", 2004
« Les Alpes se développent autour d'un arc avec une limite traditionnelle au col de Cadibona, choisie par les géographes en raison de l' altitude particulièrement basse du partage des eaux (440 m) et les portes de Vienne, soit 1 200 km environ.
En 2003, Werner Bätzing qui adopte les limites de la Convention Alpine attribue une superficie de 192 000 km² et une population de 14 millions d'habitants (2 000) répartis sur 6 100 communes environ (limites Bätzing). Mais il existe une grande variété de délimitations, par exemple celles de la CEE. Celle-ci dessine en 1995, sans doute afin de tempérer les problèmes liés aux Alpes, une sorte de « Mitteleuropa » élargie composée de 9 macros régions comprenant entre autres la Bavière, le Bad Wurtemberg, L'Apennin tosco-émilien, ou encore le lac de Neusiedl en Autriche. Ces macros régions sont réparties sur une surface de 450 000 km² et peuplées de 70 millions d'habitants. Werner Bätzing exclut lui les villes aux marges des Alpes et les conques centre alpines de basse altitude et fixe un cadre calqué sur celui de la Convention Alpine plutôt restrictif en ce qui concerne la Suisse et plus ample pour l'Allemagne, l'Italie et la France.
La largeur de la chaine alpine varie de 120 à 150 km entre Saluzzo ou Avigliana et Grenoble, avec une forte asymétrie entre la France et l'Italie, et 250 km entre Vérone et Munich. Les Alpes descendent pratiquement jusqu'à la mer au niveau de San Remo avec le contrefort du Monte Bignone (1 289 m) et entre Vintimille et Menton où la dorsale du Monte Grammondo (1 378 m) plonge dans la mer entre les Balzi Rossi et La Mortola.
Si les Alpes sont bien délimitées sur leur flanc ouest par la Vallée du Rhône, il n'est pas facile de déterminer la séparation entre les Alpes et les Dinarides. Communément, ce découpage se situe entre Udine et Lubiana, excluant le Karst ou Carso triestino.
-Au nord-ouest, le Mittelland suisse est généralement exclu sauf une bande étroite entre Montreux et Fribourg ainsi que les reliefs ondulés entre Saint-Gall et Zürich. En Bavière, les Alpes occupent un espace restreint de forme rectangulaire dont la partie la plus ample correspond à Berchtesgaden, Garmisch-Partenkichen et Oberstdorf. Mais la spécificité, ici, comme dans le Piémont avec la plaine entre Saluzzo et Cuneo, réside dans la rupture à l'improviste du relief cédant la place au grand plateau où se situe Munich. Le voyageur venant de Reutte et de la Vallée de Lech dans le Tirol, est quelque peu étonné par le « vide » brutal de la plaine.
-Au nord-est, en territoire autrichien, la limite alpine se dessine entre Salsbourg (inclue) et Sankt Pölten (exclue) et s'étendent à l'E. jusqu'à l'inclusion des communes limitrophes avec Vienne ».
SELON LES GÉOLOGUES
M. Johann August Edmund MOJSISOVICS von MOJSVÁR
Jahrbuch des Österreichischen Alpen-Vereines - 9. Band. Eilfter Jahrgang der Jahrespublicationen des Vereines. Wien : Verlag v. Carl Gerold's Sohn, 1873.
Zeitschrift des Deutschen Alpenvereins, Bd. IV, pag. 8—18.
"Über die Grenze zwischen Ost- und Westalpen."
"Sur la frontière entre les Alpes orientales et les Alpes occidentales".
Charles LORY - fondateur de la géologie alpine à Grenoble.
Essai sur l'orographie des Alpes Occidentales dans ses rapports avec la structure géologique de ces montagnes (Annuaire du Club Alpin). 1874-1878.
Extrait du Bulletin de la Société de statistique des sciences naturelles et des arts industriels du département de l'Isère 3e série tome VII. P. F. Savy et Grenoble Maisonville et fils 1 878.
«Aperçu Sommaire Sur La Structure Géologique des Alpes Occidentales.»
Les Alpes occidentales sont divisées, selon C. Lory, en plusieurs unités tectoniques et lithologiques :
- la région des chaînes subalpines externes, formées de montagnes marno-calcaires ;
- les massifs cristallins, formés de roches cristallines et de leur couverture sédimentaire érodée ;
- l'unité du Flysch (ou nappe de l'Embrunais), formée de flysch éocène-oligocène ;
- l'unité houillière briançonnaise, constituée de grés à anthracite (Carbonifère) ;
- l'unité des massifs calcaires (et quartzites) du Briançonnais, des schistes lustrés, formée de « roches vertes » (ophiolites) et des massifs cristallins internes.
Eduard SUESS "Die Entstehung der Alpen"-1875.
« Die Alpen theilen sich gegen Ost in mehrere Gebirgszüge, insbesondere die Karpathen und das ungarische Mittelgebirge; die croatischen Höhenzüge
und die dinarischen Alpen fügen sich als ähnliche Ketten ihnen an; auch das nördliche Ende der Appenninen tritt unmittelbar an die See-Alpen. Gegen Nord- west ist ihnen wie ein Vorwall das Juragebirge vorgelagert. Alle diese Gebirge, vom Jura bis zum Appennin und zu den Karpathen sind durch das stetige Vorherrschen gewisser Streichungslinien in gleicher Weise ausgezeichnet, und ich fasse alle diese Aeste und Zweige unter dem Namen des Alpen-Systems zusammen ».
Traduction :
« Les parties Alpines les plus orientales se divisent en plusieurs chaînes de montagnes, en particulier celles des Carpates et des moyennes montagnes de Hongrie ; s'y ajoutent des chaînes de montagnes semblables comme celles de Croatie et les Alpes dinariques ; l'extrémité nord des Apennins se relie directement aux Alpes maritimes. Au Nord-Ouest les montagnes du Jura se dressent comme une contre-garde. Toutes ces montagnes du Jura jusqu'aux Apennins et aux Carpates se distinguent par la prédominance continue de certaines lignes de directions des couches équivalentes et je synthétise tous ces rameaux et ces branches sous le nom du système alpin ».
Albert FALSAN "Les Alpes françaises", 1893
Les Montagnes, les eaux, les glaciers, les phénomènes de l'atmosphère
« La grande chaîne des Alpes, au lieu de se développer suivant une direction rectiligne, constitue un système orographique plus complexe. Un coup d'œil jeté sur une carte montre que les Alpes françaises ou occidentales s'infléchissent brusquement vers le sud, à partir du lac de Genève et du mont Blanc ; mais ce changement d'allure, malgré son importance, ne brise pas l'unité de la chaîne de cette longue suite de montagnes, qui, de la Dalmatie et du bassin du Danube, vont aboutir au delà de Nice, pour se souder ensuite à l'Apennin.
Les plus récents travaux scientifiques ont fait ressortir jusqu'à l'évidence les rapports intimes et profonds qui unissent les Alpes Occidentales aux Alpes Centrales et Orientales. Partout on constate le synchronisme des soulèvements; partout on reconnaît des formations similaires, des séries de fossiles à peu près identiques, des indices climatériques presque pareils. Même dans une étude aussi abrégée que la nôtre, il a été impossible d'isoler complètement les Alpes Françaises des Alpes Suisses et Autrichiennes. Tout en ayant exclusivement en vue les premières, nous aurons en quelque sorte compris l'ensemble de la chaîne des Alpes dans nos aperçus généraux. ...
Les Alpes sont donc le plus grand réservoir où se concentrent les vapeurs humides pompées par le soleil à toutes les mers qui entourent l'Europe, et de ce réservoir s'échappent la plupart des principaux fleuves qui dans notre continent vont répandre, au loin et en tous sens la fécondité agricole et la richesse commerciale. ...
Ces névés, ces gigantesques glaciers, les plus nombreux et les plus vastes de l'Europe centrale, ne font même pas des Alpes une barrière presque infranchissable, comme l'immense muraille des Pyrénées, ouverte seulement par des sentiers dangereux et des ports d'un accès difficile. Un géographe (A. Fonçin) a dit : "Bien au contraire, les Alpes sont des montagnes en quelque sorte sociables, qui s'ouvrent docilement au génie industriel, aux relations des peuples, à la civilisation. Au point de vue humain, ce sont les premières montagnes du monde !"
Comprise entre le 5e et le 14e degré de longitude est et le 43e et le 48e degré de latitude nord, la chaîne des Alpes, la plus importante de l'Europe, sous le rapport de la superficie, de l'altitude de ses sommets, du nombre de ses rameaux secondaires, se développe dans sa plus grande partie sur une ligne sensiblement droite, dirigée en moyenne E.-N.-E. — O.-S.-O, depuis la vallée du Danube jusqu'au massif du Mont-Blanc. Dans la partie orientale, à l'Est des monts Tauern et du pic des Trois-Seigneurs, la chaîne des Alpes se bifurque en deux systèmes principaux; L'un remonte au N.-E., vers le Danube, Vienne et les Karpathes; L'autre descend au S.-E.,vers la péninsule Balkanique, et la chaîne centrale, avant d'atteindre Graz en Styrie, s'abaisse, puis disparaît sous les terrains tertiaires et les alluvions du bassin du Danube. A partir du mont Blanc, la section occidentale de la chaîne se détourne assez brusquement vers le sud pour former un grand demi-cercle qui va rejoindre au sud-est la Méditerranée, puis les Apennins au col de Cadibone, entre Nice et Gênes.
D'après ce tracé, le développement total de la chaîne des Alpes est d'au moins 1 200 à 1 300 kilomètres. Entre les lacs de la Bavière et la plaine de Vérone, le maximum d'épaisseur du massif alpin est d'environ 300 kilomètres, tandis que, en Savoie, il ne dépasse pas 150 kilomètres. Les Alpes Françaises s'amincissent progressivement en se prolongeant vers le sud et le sud-est.
A l'ouest, de nombreux rameaux, d'importance secondaire, vont se perdre vers le cours du Rhône après s'être détachés des grandes Alpes de Provence, et près du col de Cadibone, à l'ouest de Savone, les Alpes Maritimes n'ont plus que 20 kilomètres d'épaisseur.
Nous n'avons pas à indiquer ici dans quels rapports la France, l'Italie, l'Autriche, la Bavière, l'Allemagne forment des limites à la chaîne des Alpes ; chacun le sait.
Si on les envisage dans leur ensemble et au point de vue le plus général, on peut diviser les Alpes en trois groupes principaux:
1. à l'ouest, les Alpes Occidentales ou Françaises, du mont Blanc à la Méditerranée;
2. à l'est, les Alpes Orientales ou Autrichiennes, du Bernina à la vallée du Danube ;
3. au centre, depuis le mont Blanc jusqu'au Bernina, les Alpes Centrales ou Suisses;
Mais chacune de ces grandes divisions a été fractionnée en plusieurs groupes secondaires portant souvent un nom qui rappelle des souvenirs historiques ou ethnographiques, ou encore une situation géographique ».
Emile HAUG
« Les régions naturelles des Alpes », Annales de géographie, III, 1893-1894 et « Contribution à l'étude des lignes directrices de la chaîne des Alpes ».
« On sait que déjà von Mojsisovics et Diener ont établi l' indépendance de deux grands tronçons primordiaux des Alpes, les Alpes occidentales et les Alpes orientales plus récemment M. Frech a montré que dans les Alpes orientales il importait d'envisager séparémenf les Alpes septentrionales et les Alpes méridionales ».
Pierre TERMIER
« Les nappes des Alpes orientales et la synthèse des Alpes - 1903; La synthèse géologique des Alpes - 1906
« Si l'on définit la chaîne par la continuité des phénomènes tectoniques, les Alpes ne vont pas seulement, comme le disent les géographes, de Nice à Vienne :
elles embrassent aussi les Carpathes ; et, de l'autre côté, la Corse et la Sierra Nevada, et encore la Provence, les Pyrénées et la Cordillière Cantabrique, de sorte que l'on peut dire, dans un certain sens, que la péninsule ibérique tout entière, Pyrénées comprises, est un élément du système alpin...
Si l'on considère les vraies Alpes, entre Vienne et Nice, leur caractéristique, en ce qui concerne la structure, est qu'elles sont faites de nappes du premier genre superposées, de plis couchés superposés. Ces plis couchés, ou ces nappes, ont cheminé de l'intérieur de l'arc alpin vers l'extérieur, c'est à dire du Sud au Nord pour la partie orientale de la chaïne, du Sud-Est au Nord-Ouest pour la partie centrale qui correspond aux Alpes suisses, de l'Est à l'Ouest pour la partie qui correspond aux Alpes franco-italiennes ».
Jacques DEBELMAS
Les Alpes, dans France géologique 1980
Les Alpes Paysages naturels, faune et flore. DELACHAUX ET NIESTLÉ 2005
Dictionnaire encyclopédique des Alpes 2006.
Les grandes structures géologiques (Master • CAPES • Agrégation) 10.6 Les Alpes : p.263:
« Recourbées en forme d'arc depuis la côte méditérranéenne jusqu'au lac Léman, les Alpes franco-italiennes ne constituent qu'un fragment de la grande chaîne alpine qui se poursuit ensuite de façon plus rectiligne jusqu'à Vienne (Autriche).
Les Alpes résultent de la collision de l' Europe et de l'Afrique, qui s'est produite au début de l'ère tertiaire, c'est-à-dire il y a 40 ou 50 millions d'années.
Longue de plus de 1000 km de long de Nice à Vienne et large de 120 à 200 km, la chaîne alpine est la mieux connue au monde d'un point de vue géologique.
Elle est ausi le première zone de montagne qui a donné lieu à une interprétation cohérente.
…la distinction habituellement faite entre les Alpes occidentales et les Alpes orientales dont la limite passe, en gros, par le méridien du lac de Constance.
On y distingue classiquement, d'W en E, l'arc des Alpes occidentales, puis une partie rectiligne, les Alpes centrales, passant vers l'Est aux Alpes orientales, ces dernières doublées vers le Sud par les Alpes méridionales ».
Marcel LEMOINE - Pierre-Charles de GRACIANSKY - Pierre TRICART
« De l'océan à la chaîne de montagnes ». 2000
« Géographiquement, la chaîne des Alpes est large de 200 à 500 km *, entre le plateau suisse et bavarois au nord et les plaines du Pô et de Vénétie au sud. La chaîne s'allonge sur un millier de kilomètres, de la basse vallée du Rhône français à l'ouest jusqu'au méridien de Vienne en Autriche à l'est. Au delà vers l'est, elle se prolonge par les Carpathes. On peut y distinguer, en plan, une partie quasi-rectiligne entre Vienne et le lac Léman (Alpes Orientales et Centrales, Alpes Méridionales) et une partie qui se recourbe à 180°, l'arc des Alpes Occidentales ».
1. * Largeur démesurée.
SELON LES NATURALISTES
PLINE L'ANCIEN - HISTOIRE NATURELLE LIVRE III : Ier siècle (met l'accent sur les nombreux peuples alpins) Traduction:
Chap V. De la province Narbonnaise:
« Narbonensis prouincia appellatur pars Galliarum quae interno mari adluitur, Bracata antea dicta, amne Varo ab Italia discreta Alpiumque uel saluberrimis Romano imperio iugis, ».
1. On donne le nom de Narbonnaise à la partie de la Gaule qui est baignée par la Méditerranée: elle se nommait jadis Braccata (24); elle a pour limite, du côte de l'Italie, le Var et les Alpes, montagnes dont la barrière a été si utile a l'empire romain;
«...regio Deciatium, amnis Varus, ex Alpium monte Caenia profusus ».
5. ...la région des Déciates; le Var, qui descend du mont Céma, de la chaîne des Alpes.
Chap VII. Neuvième région de l'Italie:
«Igitur ab amne Varo Nicaea a Massiliensibus conditum, fluuius Palo, Alpes populique Inalpini multis nominibus, sed maxime Capillati, oppido Vediantiorum ciuitatis Cemenelo, portus Herculis Monoeci, Ligustina ora. Ligurum celeberrimi ultra Alpes Sallui, Deciates, Oxubi, citra Veneni, Turri, Soti, Bagienni, Statielli, Binbelli, Maielli, Caburriates, Casmonates, Velleiates et quorum oppida in ora proxime dicemus ».
1. A partir du Var on trouve Nice, ville fondée par les Marseillais: le fleuve Palo; les Alpes et les peuples alpins portant un grand nombre de noms, particulièrement les Chevelus; le peuple des Védiantiens, et Cémélion leur ville; le port d'Hercule Monoecus, la côte de Ligurie. Ligures les plus célèbres: au delà des Alpes, les Salluviens, les Déciates, les Oxubiens; en deçà des Alpes, les Vénènes, les Vagiennes descendants des Caturiges; les Statyelles, les Vibelles, les Magelles, les Euburiates, les Casmonates, les Véliates, et ceux dont nous nommerons toutes les villes en parlant du rivage suivant;
Chap XX. Huitième région de l'Italie:
«Padus, e gremio Vesuli montis celsissimum in cacumen Alpium elati finibus Ligurum Bagiennorum uisendo fonte profluens condensque se cuniculo et in Forouibiensium agro iterum exoriens, ».
3. Le Pô sort du sein du mont Vésule, un des sommets les plus élevés de la chaîne des Alpes, sur le territoire des Ligures Vagiennes; la source en est digne d'être visitée (II, 106);
Chap XXIII. Situation et peuples de l'Istrie :
« Alpis in longitudinem |X| p. patere a Supero mari ad Inferum Caelius tradit, Timagenes XXV p. deductis, in latitudinem autem Cornelius Nepos C, T. Liuius III stadiorum, uterque diuersis in locis. namque et centum milia excedunt aliquando, ubi Germaniam ab Italia summouent, nec LXX inplent reliqua sui parte graciles, ueluti naturae prouidentia. latitudo Italiae subter radices earum a Varo per Vada Sabatia, Taurinos, Comum, Brixiam, Veronam, Vicetiam, Opitergium, Aquileiam, Tergeste, Polam, Arsiam DCCXLV p. colligit ».
5. Célius évalue la longueur des Alpes, depuis la mer Supérieure jusqu'à la mer Inférieure, à un million de pas; Timagène, à 978.000; Comélius Népos en estime la largeur à 100.000; Tite-Live, à 3000 stades (552 Km), l'un et l'autre en des lieux différents car cette chaîne a quelquefois plus de 100.000 pas d'épaisseur, par exemple, là où elle sépare la Germanie de l'Italie; et dans le reste elle ne va pas à 70.000, rendue plus mince, comme par la prévision de la nature. La largeur de l'Italie au pied des Alpes, à partir du Var, monte à 745.000 pas, en passant par Vada Sabatia, Turin, Come, Brixia, Vérone, Vicence, Opitergium, Arsia.
Chap XXIV. Des Alpes et des peuples qui les habitent :
133 « Incolae Alpium multi populi, sed inlustres a Pola ad Tergestis regionem Fecusses, Subocrini, Catali, Menoncaleni iuxtaque Carnos quondam Taurisci appellati, nunc Norici. his contermini Raeti et Vindelici, omnes in multas ciuitates diuisi. Raetos Tuscorum prolem arbitrantur a Gallis pulsos duce Raeto. uerso deinde in Italiam pectore Alpium Latini iuris Euganeae gentes, quarum oppida XXXIIII enumerat Cato.»
134 « ex iis Trumplini, uenalis cum agris suis populus, dein Camunni conpluresque similes finitimis adtributi municipis. Lepontios et Salassos Tauriscae gentis idem Cato arbitratur; ceteri fere Lepontios relictos ex comitatu Herculis interpretatione Graeci nominis credunt, praeustis in transitu Alpium niue membris. eiusdem exercitus et Graios fuisse Graiarum Alpium incolas praestantesque genere Euganeos, inde tracto nomine. caput eorum Stoenos ».
135 « Raetorum Vennonienses Sarunetesque ortus Rheni amnis accolunt, Lepontiorum qui Uberi uocantur fontem Rhodani eodem Alpium tractu. sunt praeterea Latio donati incolae, ut Octodurenses et finitimi Ceutrones, Cottianae ciuitates et Turi Liguribus orti, Bagienni Ligures et qui Montani uocantur Capillatorumque plura genera ad confinium Ligustici maris ».
136 « Non alienum uidetur hoc loco subicere inscriptionem e tropaeo Alpium, quae talis est: IMP · CAESARI DIVI FILIO AVG · PONT · MAX · IMP · XIIII · TR · POT · XVII · S · P · Q · R · QVOD EIVS DVCTV AVSPICIISQVE GENTES ALPINAE OMNES QVAE A MARI SVPERO AD INFERVM PERTINEBANT SVB IMPERIVM P · R · SVNT REDACTAE · GENTES ALPINAE DEVICTAE TRVMPILINI · CAMVNNI · VENOSTES · VENNONETES · ISARCI · BREVNI · GENAVNES · FOCVNATES · VINDELICORVM GENTES QVATTVOR · COSVANETES · RVCINATES · LICATES · CATENATES · AMBISONTES · RVGVSCI · SVANETES · CALVCONES · BRIXENETES · LEPONTI · VBERI · NANTVATES · SEDVNI · VARAGRI · SALASSI · ACITAVONES · MEDVLLI · VCENNI · CATVRIGES · BRIGIANI · SOGIONTI · BRODIONTI · NEMALONI · EDENATES · VESVBIANI · VEAMINI · GALLITAE · TRIVLLATI · ECDINI · VERGVNNI · EGVITVRI · NEMATVRI · ORATELLI · NERVSI · VELAVNI · SVETRI ».
Traduction :
1. Les Alpes sont habitées par beaucoup de peuples; ceux qui ont du renom sont, de Pola à la région de Tergeste, les Sécusses, les Subocrins, les Catales, les Monocalènes; et, auprès des Carniens, le peuple appelé jadis Taurusque, maintenant Norique. A ces derniers touchent les Rhètes et les Vindéliciens, tous divisés en beaucoup de cités. On regarde les Rhètes comme issus des Étrusques, expulsés par les Gaulois et conduits par le chef Rhétus. Sur le versant des Alpes qui regarde l'Italie, sont les nations Euganéennes, jouissant du droit latin, et dont Caton énumère trente-quatre villes; parmi elles sont les Triumpilins, peuplade (69) vendue avec son territoire (II, 4, 98); puis les Camunes et plusieurs autres semblables, attribuées aux municipes voisins.
2. Le même Caton pense que les Lépontiens et les Salasses appartiennent à la nation Taurisque; presque tous les autres, admettant une étymologie grecque pour le mot Lépontiens, pensent qu'ils proviennent d'hommes qui appartenaient au cortège d'Hercule, et dont les membres furent gelés par la neige au passage des Alpes; que les habitants des Alpes Graïques provenaient de Grecs (Graii) appartenant aussi à cette armée, et que les Euganéens, étant d'une race illustre, avaient tiré leur nom de cette circonstance (70). Leur capitale est Stonos. Les Vennonètes et les Sarunètes, peuplades rhétiques, habitent près des sources du Rhin, et ceux d'entre les Lépontiens qui sont appelés Vibères, près des sources du Rhône, dans la même région des Alpes.
3. Il y a en outre des populations jouissant du droit latin, telles que les Octoduriens, les Centrons limitrophes, les cités Cottiennes, les Caturiges ; et, issus des Caturiges, Ies Vagiennes-Ligures (III, 7) et ceux qui sont appelés Montagnards, et plusieurs peuplades Chevelues sur les confins de la mer de Ligurie. 4. Il ne paraît pas hors de propos de transcrire ici l'inscription du Trophée des Alpes, qui est ainsi conçue:
A L'IMPERATOR CÉSAR, FILS DU DIVIN CÉSAR, AUGUSTE, GRAND PONTIFE, IMPERATOR POUR LA XIVe FOIS, L'AN XVII (71) DE SA PUISSANCE TRIBUNITIENNE, LE SÉNAT ET LE PEUPLE ROMAIN, EN MÉMOIRE DE CE QUE, SOUS LES ORDRES ET SOUS SES AUSPICES, TOUS LES PEUPLES ALPINS, DEPUIS LA MER SUPÉRIEURE JUSQU'A L'INFÉRIEURE, ONT ÉTÉ SOUMIS A L'EMPIRE ROMAIN. PEUPLES ALPINS VAINCUS: LES TRIUMPILINS, LES CAMUNES, LES VENOSTES, LES VENNONETES, LES ISARCIENS, LES BREUNES, LES GENAUNES, LES FOCUNATES, QUATRE NATIONS VINDELICIENNES, LES CONSUANETES, LES RUCINATES, LES LICATES, LES CATENATES, LES AMBISUNTES, LES RUGUSCES, LES SUANETES, LES CALUCONS, LES BRIXENTES, LES LEPONTIENS, LES VIBERES, LES NANTUATES, LES SEDUNES, LES VERAGRES, LES SALASSES, LES ACITAVONS, LES MEDULLES, LES UCENES, LES CATURIGES, LES BRIGIANS, LES SOGIONTIENS, LES BRODIONTIENS, LES NEMALONES, LES EDENATES, LES VESUBIANS, LES VEAMINS, LES GALLITES, LES TRIULATTES, LES ECTINS, LES VERGUNNES, LES EGUITUBES, LES NEMENTURES, LES ORATELLES, LES NERUSES, LES VELAUNES, LES SUETRES
Horace-Bénédict DE SAUSSURE - VOYAGES DANS LES ALPES-1779-1796 (4 VOLUMES)
1. "Voyage autour du Mont Blanc"; 2. de Genève à Gênes par le Mont Cenis, retour par la riviéra italienne et par la Provence; 3. de Genève au lac Majeur, par le Grimsel, le Gries et la Furca del Bosco (Val Maggia); retour du lac Majeur à Genève par le Saint Gothard; 4. l'ascension de Saussure au Mont Blanc; 5. col du Géant; 6. le Mont Rose; 7. le Mont Cervin. 8. Coup d'œil.
D'un point de vue géologique, De Saussure est le premier à avoir parlé de plis, de déformations, de déplacements.
Citation : §2301 - Vol.8 - Coup d'œil général.
« Mais depuis que des voyages répétés dans différentes parties de cette chaîne m'ont présenté des faits plus nombreux, j'ai reconnu qu'on pouvait presque assurer qu'il n'y a dans les Alpes rien de constant que leur variété.
En effet, sans considérer tous mes voyages, si l'on jette seulement les yeux sur ceux que j'ai publiés dans cet ouvrage, on verra d'abord que l'ordre dans lequel sont placées les différentes substances, est infiniment varié.
Ici les bords sont calcaires ; là, ils sont magnésiens. Ici les centres et les plus hautes cimes sont de granits en masse ; là, ce sont des schistes micacés calcaires ; là, des pierres magnésiennes ; la, des gneiss. Si l'on considère la situation des couches, on les trouve ici verticales, là horizontales, ici inclinées suivant la pente des flancs des montagnes, là inclinées en sens contraire»
Nicholas et Nina SHOUMATOFF "The Alps", 2001 The University of Michigan Press (Essai de psychologie écologique)
Chapitre I - Le monde alpin (page1):
« Leurs centaines de pics enneigés situés au sein des pays riches et développés confèrent aux Alpes leur caractère unique parmi l'ensemble des montagnes du monde. Placées au cœur de l'Europe, les Alpes ont développé un patrimoine culturel autour de deux axes différents.
-Le premier se construit autour d'un mode de vie pastoral, qui comprend également les traditions ethniques, les dialectes, la vie de famille et les légendes.
-Le deuxième qui inclut la littérature, l'art, la musique et l'alpinisme, s'inspire en grande partie des pays environnants. Cet axe culturel est marqué par un caractère cosmopolite, tout en conservant une identité alpine.
Les Alpes ont constamment été associées au vieux continent ; « le cœur », « l'épine dorsale », « le terrain de jeu » et « le sanctuaire naturel » ou « spirituel » de l'Europe. La vie de la plupart des gens qui peuplent ces hautes terres est encore principalement ou en partie pastorale. Elle les rattache au fil des années et des générations à des temps médiévaux et plus anciens. Traditions latines, nordiques et slaves, anciens et modernes sont intimement liés entre eux. Nulle part ailleurs sur terre les vies des peuples de montagne ne sont ethniquement aussi diversifiées et si richement intégrées les unes aux autres, en dépit des évènements historiques et des différences ethnique »s.
Paul OZENDA (Botaniste) "La végétation de la chaîne alpine" 1985.
B- Relief et structure
1 - Situation et délimitation des Alpes
:
« Les Alpes forment, de Nice à Vienne, un arc de 1 200 km de longueur environ (mesurée suivant son axe)*
qui s'inscrit sensiblement dans un triangle de 900 x 500 km. La largeur maximum de la chaîne est de 240 km au centre des Alpes orientales (au niveau du Tyrol et des Dolomites) et sa largeur la plus faible, 140 km environ, se situe dans les Alpes nord-occidentales, dans une région où se trouvent toutefois les plus hauts massifs. La superficie de la chaîne est de 200 000 km². Remarquons que la quasi-totalité des Alpes orientales sont situées au Nord du 46e parallèle, tandis que la plus grande partie des Alpes occidentales se trouvent au contraire au Sud de cette ligne ; 5° de latitude environ séparent Nice de Vienne .»
* Si l'on suit l'axe du systéme alpin de Nice à Vienne on obtient plutôt 1 000 km.
LES DICTIONNAIRES
Dictionnaire universel françois et latin - Dictionnaire de Trévoux 1704 (cinq rééditions paraissent jusqu'en 1771 sous la direction des Jésuites.) - 6e édition, 1771
ALPES, i. f. pi.
« Hautes montagnes qui séparent l'Italie de la France, de la Suisse et de l'Allemagne, et qui, commençant à la côte de la mer de Gènes, vont en demi-cercle finir à la mer Adriatique, ou golfe de Venise.
Les Alpes ont eu différents surnoms en différents endroits. Les Alpes Maritimes, Alpes Maritimæ, ou Littoreæ, sont celles qui s'étendent depuis la côte de Gènes , jusqu'au mont Viso, ou à la source du Pô. Les Alpes Cottiennes, Alpes Cottianæ ou Cottiæ depuis le mont Viso jusqu'au mont Cenis, ainsi nommées de Cottus, ou Cottius, qui régna dans ces montagnes. Les Alpes Grecques, Alpes Graiæ, depuis le mont Cenis jusqu'au mont S. Bernard. Les Alpes Apennines, Alpes Apenninæ, Penninæ, Pœnæ, Pœninæ, celles du Valais, entre le mont Saint Bernard et celui de Saint Gothard. Les Alpes hautes, Alpes Summæ, celles du mont Saint Gothard, et aux environs des sources du Rhin et du Rhône dans la Suisse. Les Alpes Lépontiennes, Alpes Lepontinæ. au midi des hautes Alpes, entre la source du Rhin, et le lac Majeur. Les Alpes Rhétique, Alpes Rhæticæ, Juga Rhætica, à l'orient des hautes Alpes, entre les Grisons ét la Valteline. Les Alpes Tridentines, Alpes Trïdentinæ entre le Tirol et l'Evêché de Trente. Les Alpes Noriques, Alpes Noricæ, au levant des Tridentines, entre l'Evêché de Salzbourg et l'Etat de Venise. Les Alpes Carniques, Alpes Carnicæ, à l'orient des Noriques, entre la Carinthie et le Frioul. Les Alpes Juliennes, Alpes Juliæ, grande partie des Alpes, et la plus orientale, qui s'étend depuis la rivière de l'Isonzo jusqu'au golfe de Carnéro, ayant la Carniole au nord, et une grande partie du Frioul avec l'Istrie au midi. Ptolomée comprend aussi celles-ci sous le nom de Carniques. Le nom de Juliennes leur vient du Forum Julium, Frioul qui en est près ; et le nom de Carniques, du nom des Carnes, peuples qui les habitaient ; et ainsi des autres noms qu'elles ont tiré la plupart des villes ou des peuples qui y étaient ».
Le Grand dictionnaire géographique et critique par Antoine-Augustin BRUZEN de la MARTINIÈRE 1726-1739 :
Ici La Martinière nous fait un condensé plutôt historique :
«Les plus hautes montagnes de l'Europe.»
Puis vient une description citant Procope, Strabon, Polybe, Pline, Tite-Live, Silius Italicus.
En règle générale, par la suite, c'est l'aspect strictement topographique qui va être pris en compte par les dictionnaires
Dictionnaire de l'Académie française décrit dans ses éditions de 1798 et de 1832 :
« Grande masse de terre ou de roches fort élevée au-dessus du terrain qui l'environne ».
Le Petit ROBERT
« Le plus vaste et le plus élevé des massifs montagneux d'Europe. Il s'étend sous la forme d'un arc de cercle de 1 000 km de long sur 250 km de large environ de la Méditerranée au Danube. Le versant intérieur de la chaine est orienté vers l'Italie le versant extérieur est partagé entre la France, la Suisse, l'Allemagne, l'Autriche et la Slovénie (suivi d'une description géologique) ».
Le Petit LAROUSSE illustré
« Le plus grand massif de l'Europe partagé entre l'Allemagne l'Autriche la France le Liechtenstein l'Italie la Slovénie et la Suisse s'étendant sur plus de 1 000 km de la Méditerranée jusqu'à Vienne (Autriche)
avec un article
Alpes françaises : partie la plus développée des Alpes occidentales. Elles sont divisées en deux ensembles : les Alpes du Nord (description) les Alpes du Sud (description) ».
(On peut trouver des définitions assez similaires dans divers dictionnaires en langues étrangères, par conséquent nous ne nous y attarderons pas...)
Dictionnaire des Alpes - Alpes - Origines géologiques - États alpins (2006) (par Jacques Debelmas)
« Le nom des Alpes est polysémique. Selon le cas, il peut désigner la chaîne entière, une partie de celle-ci, (les Alpes graies), un massif particulier (les Alpes du Berchtesgaden), voire une chaîne de montagnes de type alpin (les Alpes de transylvanie, les Alpes japonaises etc.). Plus anciennement, le mot (au singulier ou au pluriel) pouvait désigner une montagne précise, un col et surtout être employé comme synonyme d'alpages. Il est sans doute d'origine préceltique : on le retrouve d'ailleurs des Pyrénées aux Apennins et, dans les Alpes, il s'étend jusqu'à l'extrémité orientale de la chaîne ».
Il grande dizionario delle Alpi - Dizionario - Volume 1 - Alpi - Origini geologiche - Stati alpini (2008)
LES ENCYCLOPÉDIES
Avec les encyclopédies ou dictionnaires encyclopédiques, des notions plus affirmées de contours et de limites apparaissent :
Encyclopédie DIDEROT et d' ALEMBERT : 1751-1772
« Alpes : hautes montagnes d'Europe, qui séparent l'Italie de la France et de l'Allemagne. Elles commencent du côté de France vers la côte de la Méditerranée près de Monaco, entre l'état de Gênes et le comté de Nice, et finissent au golfe de Carnero, partie du golfe de Venise ».
Encyclopédie méthodique :
« Alpes, ce nom que nous prononçons en français Alpes, été donné par les anciens à la chaîne de montagnes, qui, depuis la mer de Ligurie jusqu'à l'Istrie, entourent la partie septentrionale de l'Italie.
Alpes : Hautes montagnes d'Europe, qui séparent l'Italie de la France et de l'Allemagne. Elles commencent vers la côte de la Méditerranée prés de Monaco, entre l'état de Gênes et le comté de Nice passent entre le Dauphiné et le Piémont, couvrent la plus grande partie de la Suisse où elles sont le plus élevées, et se terminent à la mer Adriatique au golfe de Quarnero, entre l'Istrie et la Croatie, aprés avoir fourni une chaîne ininterrompu et de plus de deux cent soixante lieues de longueur ».
Géographie universelle de MALTE-BRUN 1855-1858 : Description générale de l'Europe. livre quarante huitième.
« Le plus célèbre et le plus central de tous est le Système alpique, dont la chaîne principale renferme le Mont-Blanc, le sommet de l'Europe. La longueur de la chaîne, prise depuis le mont Ventoux, en Dauphiné, jusqu'au mont Kahlenberg, en Autriche, est d'environ 100 myriamètres. L'élévation des sommets est de 3 000 à 5000 mètres, et celle même des passages à travers les chaînes principales, est généralement de 1 500 à 2 000 mètres. Mais les plainesau nord des Alpes, en Bavière, en Suisse, sont élevées de 300 et même 600 mètres, tandis que celles de Lombardie et de Hongrie qui bordent ce système au sud et à l'est, s'élèvent peu au-dessus du niveau des mers.
Description des terres :
Le noyau orographique de la charpente méridionale de l'Europe est aux Alpes centrales.
L'ensemble des montagnes de l'Europe forme distinctement deux petits et un grand système.
-Les Pyrénées..
-Les Alpes, le plus vaste et le mieux marqué de l'Europe, dont le noyau central jette quatre chaines considérables : 1° au N-O, les Alpes galliques; 2° au S-O, Alpes italiques; 3° au S-E, Alpes helléniques; 4° au N-O, Alpes germaniques.
-Les Dofrines...
Italie : ... quelques considérations sur la hauteur des Alpes empruntées à l'orographie de l'Europe par Bruguière.
Sous le rapport de la hauteur, les Alpes présentent trois rangs de montagnes : 1° les hautes Alpes, celles qui constituent le faite ou qui en sont voisines: c'est une chaîne de rochers sans végétation composant les plus hautes clmes, et couverts de neiges perpétuelles quand leur pente n'est pas trop rapide ; elles forment une zone qui a 2 200 mètres de largeur et 2 800 à 4 800 mètres de hauteur. 2° Les Alpes moyennes ; en général, elles sont situées entre les vallées qui descendent du faîte dont les pics se voient par-dessus ces montagnes de deuxième ordre ; la plupart de leurs sommets sont encore dépourvus de végétation ; mais leurs flancs sont émaillés de fleurs, couverts d'excellents pâturages et quelquefois de belles forêts. 3° Les basses Alpes ; elles ont de 1 000 à 1 600 mètres, et cette élévation paraît d'autant moindre qu'elles laissent mieux apercevoir derrière elles les montagnes sourcilleuses qui les dominent ; leurs roches sont d'une formation plus récente que celles des deux autres divisions, et elles sont aussi plus riches en prairies et en bois que les Alpes moyennes. Si l'on a seulement égard à l'élévation du faîte, on voit que la chaîne augmente de hauteur depuis la Méditerranée jusqu'au mont-blanc, et que cette hauteur diminue depuis ce colosse jusqu'à l'extrémité des Alpes Juliennes ».
Élisée RECLUS "Nouvelle géographie universelle : la terre et les hommes" vol.1 - 1876
Chapitre II L'Europe : II Divisions naturelles et montagnes
« Le système des Alpes, qui doit probablement son vieux nom celtique à la blancheur de ses hautes cimes neigeuses, se développe en une immense courbe de plus de 1 000 kilomètres, des rivages de la Méditerranée au bassin du Danube. Il se compose, en réalité, d'une trentaine de massifs formant autant de groupes géologiques distincts, mais reliés les uns aux autres par des seuils très élevés; ses roches, qu'elles soient de granit, d'ardoise, de grès ou de calcaires, se maintiennent au-dessus des plaines basses en un rempart continu. Dans les âges antérieurs, les Alpes furent beaucoup plus hautes, ainsi qu'a permis de le constater l'étude des éboulis et des strates à demi détruites par les agents naturels mais, tout dégradées qu'elles soient, elles élèvent encore des centaines de cimes dans la région des neiges persistantes, et de grands fleuves de glaces s'épanchent de toutes ses hautes crêtes dans les vallées supérieures. Des campagnes du Piémont et de la Lombardie, les glaciers et les névés apparaissent comme un diadème étincelant enroulé sur le sommet des monts. »
« Les chaines de haute montagne interdit l’indifférence à l’égard de l’espace, la vision isomorphique (relation entre langues) que le profane croit pouvoir adopter en plaine.
Les partages des eaux imposent de reconnaitre vallées et massifs par l’apprentissage d’une abondante choronymie (nom géographique - toponymie, nom propre).
Les massifs dont la toponymie vernaculaire n’est pas nécessairement liée au plus haut sommet ont été regroupés au XIXe siècle par une littérature savante inspirée des anciennes provinces romaines : Alpes Pennines = Alpes du Valais, Lépontines, Rhétiques etc.
Géographes et géologues de l’époque ont individualisé différents secteurs au regard de l’altitude et des formes développées dans les granites, les schistes lustrés, les calcaires ou le tout venant détritique du flysch.
Le coude du Rhône, le col du Grand-Saint-Bernard sont le terme occidental de la section médiane Alpes franco-italiennes de disposition méridienne. »
Paul VIDAL DE LA BLACHE "États et nations de l'Europe", 1889
Les Alpes s'étendent sous la forme d'un arc de cercle, depuis les bords de la Méditerranée, à Savone, jusqu'aux bords du Danube, à Vienne, et couvrent une superficie d'au moins 222 000 km². Par leur position entre l'océan et la Méditerranée, elles reçoivent beaucoup de vapeurs qui, condensées en pluies ou en neiges, nourrissent leurs glaciers, leurs lacs et leurs fleuves. Elles se divisent en un certain nombre de massifs séparés les uns des autres par un remarquable système de vallées, qui rendent les communications relativement faciles. Les Alpes sont un monde, dans lequel les phénomènes les plus intéressants de la physique terrestre s'associent aux formes les plus pittoresques et les plus grandioses. En quelques heures on y passe du climat tempéré au climat polaire. Aux fraiches prairies des vallées succèdent les bois ; vers le niveau de 1 700 mètres, ceux-ci cèdent la place à des paturages où les troupeaux passent l'été. Vers 2 400 mètres commencent les neiges, percées çà et là par des saillies de roc nu. Le sommet du Mont-Blanc s'élance jusqu'à 4 808,72 mètres.
Les Alpes tombent à pic du côté du sud, vers la plaine de Lombardie : Milan au milieu de la plaine du Pô, est à 120 mètres environ au-dessus du niveau de la mer. Au nord, elles s'adossent à des hauts plateaux
qui couvrent une partie de la Suisse et de la Bavière, ainsi à Munich on est à 515 mètres, Berne est à 538 mètres et Ulm, sur le haut Danube, à 464 mètres ».
Encyclopaedia Britannica, 9th Edition (1875) and 10th Edition (1902)
« Les Alpes, doivent être considérées comme la caractéristique la plus importante dans la géographie physique de notre continent. Un bref résumé sera donné ici de l'influence de ce système de montagne sur le climat des régions environnantes, sur la répartition de la vie animale et végétale, et, indirectement, à la condition politique de l'Europe, mais il peut être bon de remarquer qu'en raison de la disposition particulière de ces masses imposantes qui forment ce système, les Alpes ne présentent pas de façon continue une barrière comme on pouvait s'y attendre comparées à d'autres grandes chaînes de montagnes.
Pour définir les limites précises des Alpes, aussi bien que la description globale de ses différents massifs, est une opération quelque peu arbitraire. À l'ouest, elles s'étendent à travers une grande partie des départements français de la Savoie, Haute-Savoie, Hautes-Alpes, Basses-Alpes et, sont séparées de la chaîne de montagnes des Cévennes par la vallée large et profonde à travers lequel l'embouchure du Rhône de Lyon à la Méditerranée. La chaîne du Jura, généralement considérée comme distincte des Alpes, est néanmoins étroitement reliée d'un côté avec les zones limitrophes des Alpes à l'ouest de la Savoie, et sur l'autre avec ceux du nord de la Suisse. Sur le versant nord, les Alpes sont définitivement délimitées par le lac de Constance, la plaine de Bavière, et l'avant-pays qui s'étend de Salzbourg aux faubourgs de Vienne. Par ces dernières limites, la chaîne alpine est complètement séparée des secteurs montagneux de l'Allemagne centrale, qui s'avancent à travers la Bohême et la Saxe occidentales d'un côté, dans la direction des montagnes de Hartz, et de l'autre aux Sudeten, ou Riesengebirge, de la Silésie. Par conséquent, il arrive que le drainage des versants nord des Alpes pousse le flux soit vers la mer du Nord par le biais du Rhin, ou qu'il soit détourné par le Danube vers la mer Noire, et aucune partie n'atteint la mer Baltique. La limite orientale des Alpes n'est pas facile à définir avec précision. La région de hautes collines, principalement formées de couches tertiaires, qui s'étend de la rive gauche de la Mur en Hongrie se poursuit sur le versant nord du lac Balaton jusqu'au Danube près de Buda, et certains géographes voient dans ce territoire montagneux qui s'étend de ce point aux Carpates septentrionales un lien entre ce massif et les Alpes. Pour des raisons pratiques, il semble que la dépression, en partie formée par la vallée de la Mur, à travers lequel le chemin de fer fut réalisé à partir de Vienne jusqu'à Laybach (Ljubljana), peut être considérée comme la limite orientale de la chaîne alpine. Sur le versant sud, la difficulté pour fixer les limites précises de la chaîne des Alpes est encore plus évidente. Pour une distance de quelque 350 miles, des faubourgs de Turin à celle de Gorizia, la limite est assez évidente ».
Tableau de la géographie de la France, 1908. Livre deuxième : Entre les Alpes et l'océan. Chapitre troisième : les Alpes françaises
Régions Françaises, Revue de Paris, décembre 1910, pp. 821-849
(la région des Alpes regroupe les départements de la Savoie, la Haute-Savoie, l'Isère, les Hautes-Alpes et la Drôme tout en les conservant)
La Géographie universelle sous la direction de Paul VIDAL DE LA BLACHE & L. GALLOIS 1927-1948 :
Fernand NATHAN, 1954 (Encyclopédie géographique du XXème siècle) :
Dans le chapitre France:
« Les Alpes s’étendent sur plus de 200 km du lac Léman à la Méditerranée et leur largeur atteint souvent 180 km».
Suivit par une petite description d’ordre géologique en 3 parties: Grandes Alpes, Préalpes et Sillon Alpin.
Dans le chapitre Europe: Les Alpes.
« Du golfe de Gênes au Danube austro-hongrois, sur plus de 1 200 km, s’allonge, en une sorte d’arc de cercle, un puissant système montagneux, le plus élevé d’Europe et un des plus important du monde : les Alpes ».
(Suivit par une petite description d’ordre géologique avec un accent sur les Préalpes)
Encyclopédie LAROUSSE
« Principal système montagneux d'Europe. C'est un arc de cercle dissymétrique long de 1 200 km délimité par le Golfe de Gênes à l'Ouest et la plaine pannonienne à l'Est.
Sa largeur maximale se trouve au niveau du méridien du Brenner et minimale au niveau du Massif du Mont Blanc, point culminant de l'Europe. Sa superficie de 300 000 km² (1) se partage entre la France, l'Italie, la Suisse, l'Allemagne, le Liechtenstein, l'Autriche et la Slovénie ».
1. Pour une telle superficie il faudrait inclure les Alpes Dinariques (absence de limites précises).
Avec l’ « Encyclopédie Universalis » l’intervention scientifique de géographes offre au lecteur une vision à la fois plus rigoureuse et plus impliquée, voire lyrique…
Encyclopédie UNIVERSALIS (Jean AUBOIN, Paul OZENDA, Henri ROUGIER)
« Au cœur du continent européen, placées en travers des communications entre le monde méditerranéen et les régions basses du Nord et de l'Ouest, les Alpes font figure de montagnes par excellence. Aucun autre massif au monde n'a suscité tant d'intérêt, n'a été l'objet de tant d'amour, au point de devenir une référence incontestée. Le privilège de la position géographique s'associe à une configuration arquée et à un bâti dont l'aération du relief amoindrit l'impression d'obstacle et d'isolement issus du cloisonnement des différentes unités autant que des fortes altitudes.
1. Généralités
Majestueux, isolés les uns des autres par des vallées comparables à des avenues, déserts seulement en apparence, auréolés de nuages ou inondés de soleil, les massifs alpins se dressent en plein milieu de l'Europe comme un symbole d'éternité. Étirées sur 1 200km, les Alpes couvrent un espace qui s'étend de Vienne à la Ligurie. On est frappé par la netteté avec laquelle l'édifice toise sa périphérie ».
La Géographie universelle sous la direction de Roger BRUNET
ATLAS DES ALPES, 2008 (Ulriche TAPPEINER, Axel BORSDORF, Erich TASSER)
« Les Alpes sont une chaîne de hautes montagnes formée par la collision entre les plaques africaine et eurasienne, processus qui est encore en cours aujourd'hui. Les énormes glaciers qui se sont formés pendant l'ère quaternaire, il y a 2 millions d'années, ont laissé une empreinte marquée sur son paysage. Les glaciers ont transformé des vallées étroites en V et des vallées synclinales plates en de larges vallées en U. Des cirques et des crêtes ont émergé, ainsi que d'énormes résidus de moraine et une multitude de lacs. Ces formes continuent encore à avoir un impact sur les processus géomorphologiques et sur l'utilisation des terres dans les Alpes.
L'arc alpin s'étend sur plus de 1 000 km d'est en ouest, des Alpes liguriennes sur la Méditerranée italienne quasiment jusqu'à Vienne. A son point le plus large, entre Munich et Vérone, l'espace alpin mesure presque 300 km du Nord au Sud. Les plus hauts sommets se trouvent dans la zone de crête alpine principale et dans les Alpes de l'ouest. A 4 808,72 m au dessus du niveau de la mer le Mont Blanc dans les Alpes savoyardes est le plus haut sommet de l'espace alpin ».
Enciclopedia TRECCANI (Italia) : 1929 volume II, page 391, réédition en 1949
Alpi :
Histoire de la connaissance - Storia della conoscenza par Roberto Almagia
Le nom Alpes se trouve pour la première fois chez Hérodote (IV, 46)
...
Situation, limites et partitions - Situazione, limiti e partizioni par Giorgio del Piaz
« Dans la zone de reliefs récents qui traverse d’est en ouest l’Europe méridionale, sur le pourtour de la zone d’effondrement méditerranéen, les Alpes constituent la masse la plus haute et la plus importante, présentant une grande variété de formes et une grande richesse historique.
Les Alpes marquent la séparation entre deux mondes très différents: celui de l’Europe centrale et celui de la Méditerranée. Elles forment une zone limite de 3 grands groupes linguistiques: le Latin, l’Allemand et le Slave. Elles sont aujourd’hui frontière entre de nombreux pays: l’Italie, la France, l’Autriche, la Suisse, l’Allemagne, la Yougoslavie. Les grandes installations hydroélectriques imposent leur puissance économique, même à distance, sur toute l’Europe industrielle.
Le massif dans sa plus grande largeur couvre une surface comprise entre 160 et 250 km et sa longueur entre la mer ligure et la plaine Pannonienne atteint 1 200 km.
Le système alpin ne représente cependant par une barrière infranchissable pour les peuples, les marchandises, la civilisation. En effet les cols, les nombreuses vallées transversales ont permis depuis la nuit des temps un ancrage humain précoce et facilité les communications entre l’Europe centrale et le bassin méditerranéen.
Les Alpes ne sont pas constituées d’une chaine unique, mais de faisceaux de chaines distinctes les unes des autres de par leur nature et leur position réciproque. Cependant l’ensemble de ces faisceaux compose un système original bien différent des autres systèmes montagneux de l’Europe méridionale. La grande variété géologique, morphologique, anthropique des diverses parties du système alpin se fond en un système singulier qui se caractérise par le concept de «Paysage alpin». Celui-ci regroupe les éléments physiques, biologiques et humains les plus variés provenant des régions périphériques.
Du reste, la continuité orographique des Alpes avec les autres systèmes européens est interrompue à l’ouest, d’une part, par le pli de cette chaine vers le golfe de Gênes, d’autre part, entre les Alpes occidentales et les Pyrénées, par une large interruption constituée par la dépression de la Garonne et du socle rhodanien qui font ressentir les influences atlantiques et septentrionales sur le haut bassin méditerranéen. À L’Est, la dépression du Danube sépare notre système du massif bohémien et du plissement des Carpates. Au sud-est, par une forte dépression qui ouvre sur la haute Adriatique la voie aux influences continentales pannoniennes, les plis orientaux alpins se prolongent dans les Alpes illyriques sur la bordure occidentale de la péninsule balkanique; alors que, par contre, sur le golfe de Gênes, les plis occidentaux passent au-dessus des plis des Apennins qui constituent l’ossature de la péninsule italienne ».
Conoscere le Alpi - Istituto Geografico De AGOSTINI - Novara (6 volumes)
Lamberto Laureti, Marco Aimé, Giorgio Bernardi, Giovanni Bouno, Marco Bossi, Paolo Bossi, Furlo Chiaretta, Piero Giordano, Andrea Parodi, Adriano Ravera, Nanni Villani.
Vol. 1) - LIGURIA - PIEMONTE;
Vol. 2) - VALLE D'AOSTA - FRANCIA;
Vol. 3) - LOMBARDIA - SVIZZERA;
Vol. 4) - TRENTINO - ALTO ADIGE;
Vol. 5) - VENETO - FRIULI - VENEZIA GIULIA - SLOVENIA;
Vol. 6) - AUSTRIA E GERMANIA.
« Alpi : Voici la carte d'identité (introdution par Lamberto Laureti)
Position géographique :
Les alpes se trouvent pratiquement au centre du continent européen, avec une forme typique en arc concave au sud, vers la plaine du Pô. Au nord elles sont délimitées par les reliefs du Jura et du plateau bavarois, la vallée du Rhône et la mer Méditerranée les ferment à l'ouest, le Danube, enfin, au nord-est.
Comprise entre le 43° et le 48° de latitude nord et le 5° et le 17° de longitude est de greenwitch, l'entière surface alpine a une ampleur de 200 000 km² environ et s'allonge sur plus de 1 100 km, entre le Rhône et le Danube avec une largeur variable entre 150 km (axe Turin-Chambery) et 250 km (méridien de Vérone) ».
Brockhaus Enzyklopädie (Deutsch)
Meyers Konversations-Lexikon (Deutsch)
Encyclopædia Britannica *: Aubrey DIEM, Thomas M. POULSEN, Paul VEYRET
Le texte original : britannica/Alps
Traduction :
« Les Alpes forment un arc d'environ 750 miles (1 200 km) qui s’étend de la côte méditerranéenne entre la France et l'Italie jusqu'à Vienne et couvrent plus de 80 000 ft (207 000 km²). Des pics de plus de 10 000 pieds (3 000 m) caractérisent ce massif montagneux ; le plus élevé est le Mont Blanc. Les Alpes constituent une fracture entre l'océan Atlantique, la mer Méditerranée et la mer Noire et donnent naissance à plusieurs grands fleuves européens, Rhône, Danube (1), et Pô (2). Les glaciers couvrent environ 1 500 miles carrés (3 900 km²), principalement à des altitudes au-dessus de 10 000 pieds (3 000 m).
Le Saint Gothard est l'un des principaux tunnels les Alpes. Grenoble, Innsbruck et Bolzano sont les villes alpines majeures.
Alpes, petit segment d'une chaîne de montagnes discontinue qui s'étend des montagnes de l'Atlas d’Afrique du Nord à travers le Sud de l'Europe et de l'Asie jusqu’au-delà de l'Himalaya. Les Alpes s'étendent au nord de la côte méditerranéenne subtropicale près de Nice, France, du lac de Genève en direction Est Nord-Est jusqu’à Vienne (Wienerwald). Là, elles touchent le Danube et se fondent avec la plaine adjacente. Les Alpes couvrent les territoires de France, Italie, Suisse, Allemagne, Autriche, Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, le Monténégro, la Serbie et l'Albanie (3). Cependant, seules la Suisse et l'Autriche peuvent être considérées comme de véritables pays alpins. Avec prés de 750 miles (1 200 km) de long et plus de 125 miles de large (201,2 km) à leur point le plus large entre Garmisch-Partenkirchen, en Allemagne, et Vérone en Italie, les Alpes couvrent plus de 80.000 miles carrés (207 000 kilomètres carrés). Elles représentent les plus importantes (ou la plus importante région) régions physiographiques de l'Europe occidentale .»
1): Le Danube est alimenté par des rivières alpines, mais ne prend pas sa source dans les Alpes…
2): Mais où est donc passé le Rhin qui, lui, prend naissance dans les Alpes?
3): Insertion de territoires non alpins, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Serbie, Albanie dépendant des Dinarides, des Balkans…
Beaucoup d'erreurs pour une encyclopédie de référence.
Dictionnaire encyclopédique des Alpes-(2006) - Enciclopédie - Géographie - Définir les Alpes
Il grande dizionario enciclopedico delle Alpi - Volume 8 - (2008) - Enciclopedia - Geografia - Definire le Alpi
La définition des Alpes est rédigée par Werner BÄTZING dans les 2 versions, française et italienne.
« N'ayant pas de frontières bien délimitées, les Alpes échappent à toute définition singulière qui cherche à représenter l'ensemble. Que ce soit sur le plan des sciences naturelles que des sciences humaines, le périmètre et la répartition territoriale sont sujets à de multiples variations. Ce polymorphisme correspond à divers points de vue et nécessités, mais risque d'occulter une véritable politique alpine.Définir les Alpes et leurs limites est une question épineuse...Sont possibles 2 concepts opposés, selon que l'on affronte cet espace d'un point de vue des sciences naturelles ou des sciences sociales.
Le premier définit les Alpes comme la haute montagne, c'est à dire des massifs montagneux qui dépassent les limites au-delà duquel les arbres ne poussent plus (entre 1 900 et 2 200 m d'altitude)... pour les adeptes des sciences humaines (Fernand Braudel, Paul Veyret) c'est un espace isolé, peu influencé par les évolutions et les évènements de l'histoire, bien que cette thèse soit maintenant remise en cause, car beaucoup de chercheurs ont démontré qu'il n'en a jamais été ainsi... Une seconde définition se base sur la verticalité et sur le concept de pente... Une autre méthode se base sur la fréquentation touristique. Aucune n'est probante.
Le point de vue des sciences naturelles : basée sur la géologie et le relief. La zone alpine et subalpine marquée par les glaciers et la neige, laquelle aurait sa limite inférieure vers 2 000 m. Mais pour définir un massif de montagnes, il faut élargir à des étages inférieurs et moyens incluant des vallées plus ou moins profondes. On associe aussi au sens large des vastes régions qui se trouvent directement et indirectement sous l'influence alpine selon des aspects géologiques, hydrographiques ou climatiques. Il faut noter tout de même que'avec ce schème on n'arrive pas à définir une frontière précise au sud-est de la chaîne
Le point de vue des sciences humaines : l'approche touristique, semble trop étroite, car elle ne s'intéresse qu'à une altitude située à partir de 1000 ou 1500. Les Alpes conteraient 700 000 habitants. Avec les zones d'agriculture de montagne, que les états ont crées pour soutenir les entreprises agricoles défavorisées, mais excluant les fonds de vallées et les plaines, on compterait entre 5 et 6 millions de personnes. Les états alpins ont tous défini des zones de montagnes déterminées selon des critères géographiques et économiques. Le texte européen de la Convention Alpine se base sur cette définition. Le nombre d'habitants atteint alors dans cet espace les 14 millions de personnes . Enfin, à la fin des années 1970, les premières conférences internationales sur l'organisation de l'espace alpin ont introduit le concept d'un grand «espace perialpin» dans le but de considérer les réalités culturelles et économiques alpines et de ne pas diviser certaines régions politiques (Bavière, Lombardie, Rhône-Alpes, etc..). Zone qui va bien au-delà de l'espace alpin proprement dit et qui conterait près de 70 millions d'habitants ( programme interreg-IV B espace alpin/2007-2013).
Le massif alpin reste une entité indéfinie. »
LES ENCYCLOPÉDIES SUR INTERNET (exclusivement)
Grande Encyclopédie Larousse internet (1971-1976)
« Chaîne de montagnes de l'Europe.
Les Alpes constituent, de la Méditerranée aux plaines hongroises, sur 1 200 km, une énorme chaîne arquée et dissymétrique. Elles s'élèvent brusquement au-dessus des plaines du Pô, de Vénétie et du Frioul, et s'abaissent au contraire progressivement vers l'ouest, en France, vers le nord, dans le secteur oriental. Les hautes altitudes s'alignent à peu près suivant cet axe interne, mais les sommets les plus élevés sont groupés presque tous aux environs du coude franco-suisse, là où la chaîne est le plus étroite (massif du Mont-Blanc, Alpes Pennines, Oberland bernois) ; sa largeur est seulement de 120 km entre le lac Léman et Ivrée, alors qu'elle atteint 180 km dans les Alpes du Sud et dépasse 300 km à l'est du lac de Côme ».
http://www.larousse.fr/archives/grande-encyclopedie/page/547
Enciclopedia TRECCANI internet (Italia) :
Ancienne version jusqu'en 2011 :
« Le plus élevé système montagneux d'Europe, il s'étend sur 260 000 km² environ.
Sa longueur est d'environ 1 300 km et sa largeur de 240 km (Vérone). La limite avec les Apennins est fixée par le Col de Cadibone, la limite ouest par la vallée du Rhône et le lac de Genève, la limite sud par la vallée du Pô, la limite nord par le Plateau Suisse et le Plateau souabe bavarois, jusqu'à Vienne, à l'est par la basse plaine pannonienne.
Sur les versants nord et sud, les Alpes sont bordées de massifs de moindres altitudes appelés Préalpes : les Basses Alpes en France et le Voralpen pour les Allemands .»
Nouvelle version depuis 2011 : (Certaines parties reprennent WP:it)
« Système montagneux, le plus important d'Europe à cause d'évènements géologiques, caractères du paysage et de l'environnement naturel, évènements historiques et socioculturels. Réparties entre 8 pays (Autriche, France, Italie, Allemagne, Liechtenstein, Monaco, Slovenie, Suisse), séparent l'Italie de l'Europe centrale, constituant depuis des siècles la frontière naturelle entre les cultures latines, germaniques et slaves.
De forme arquée et avec une longueur maximun, d'ouest en est, d'environ 1 200 km, la chaîne alpine s'étend entre le 43° e 48° de latitude nord et entre le 5° e 17° de longitude est, du Golfe de Gênes à la basse plaine pannonienne, pour une superficie de plus de 190 000 km². La largeur est très variable et comprise entre un minimum d'environ 120 km entre Saluces (Piemont) et Grenoble, et un maximum de 250 km entre Vérone et Munich. »
http://www.treccani.it/enciclopedia/alpi/
WIKIPEDIA
Wikipédia en français Alpes
« Altitude: 4 808,72 m, Mont-Blanc
Longueur: 1 200 km
Largeur: 280 km (1)
Superficie: 190 000 km²
Les Alpes sont une chaîne de montagnes qui s'étend en Europe, recouvrant la frontière nord de l'Italie, le sud-est de la France, Monaco, la Suisse, le Liechtenstein, l'Autriche, le sud de l'Allemagne et la Slovénie.
Les Alpes culminent à 4 808,72 mètres, au sommet du Mont-Blanc. On recense 82 sommets majeurs de plus de 4 000 m d'altitude (Suisse 48, Italie 38, France 24). Les cols de montagne reliant les vallées ou les pays dépassent souvent les 2 000 m d'altitude. Les Alpes forment une barrière de 1 200 km entre la Méditerranée et le Danube ».
1) (État au 01/07/2015) :
Peu fiable pour l'instant et très incomplet.
Beaucoup de confusion entrainant de nombreuses incohérences dans les divisions et une accumulation d'erreurs (qu'il serait trop long a énumérer ici) et d'amalgames dus à l'organisation globale de l'article en correspondance avec ses liens. En général trop axé sur l'énumération des massifs sans cohésion et très peu de sources ou lorsqu'elles existent les articles n'en reflètent pas le contenu (ex. l'ouvrage de Werner Bätzing est cité, mais on se demande bien ce qui a été retenu).
Arrive malheureusement en tête des résultats sur les moteurs de recherche, juste pour la quantité et non pour la qualité.
Peu de fond et manque de vision systémique de la chaine alpine (les Alpes comme système), valable en général pour d'autres langues WP .
Certains articles comme" histoire des Alpes" ne sont qu'une traduction de la version du WP italien.
Wikipédia en italien Alpi
« Point culminant: Monte Bianco/Mont-Blanc (4 808,72 m s.l.m)
Longueur: 1 200 km
Largeur: de 100 à 400 km *
Superficie: 190 000 km²
Les Alpes (Alpes du pluriel latin, ce qui peut signifier «pierre», «colline», «montagne» et «blanc») est le massif le plus important en Europe. Elles sont appelées, Alpes en français, Aups/Alpes en occitan, Alpen en allemand, Alpes en romanche, Alpe en slovène.
Généralement les Alpes commencent à l'ouest au col de Cadibona et se terminent à l'est à la ville de Vienne, sur une distance d'environ 1 300 km avec la forme d'un arc entre le nord de l'Italie, le sud-est de la France, la Suisse, le Liechtenstein, l'Autriche, l'Allemagne du sud, à l'ouest la Slovénie et la Hongrie. Entre Vérone et Munich elles atteignent la largeur maximum.
Le point culminant est représenté par le Mont Blanc qui, avec ses 4 808,72 m, est aussi considéré comme le toit de l'Europe, suivie par le Monte Rosa (4 634 m), Dom (4 545 m), le Weisshorn (4 505 m) et le Cervin (4 476 m). D'autres sommets importants sont le Grand Paradis (4 061 m), la Bernina (4 049 m), l'Ortles (3 902 m) et le Mont Viso (3 842 m).
Les Alpes sont habitées par environ 16 millions de personnes ».
* : trop axé sur l'énumération des massifs basée sur la Soiusa. De la bonne volonté mais manque de sources pour le fond Alpi.
Un peu plus logique sur les découpes que les "copier-coller" du WP français.
Erreur sur la largeur comprise entre 250 km et 300 km au maximun (le maximun basé sur les limites de la Convention Alpine déjà larges). Une largeur basée sur un article écrit en 2004 sur WP:Fr et copier / coller sur le WP:It en 2006 tel quel !!! Toujours pas rectifié (2014).
Wikipédia langue allemande Alpen
« Point culminant: Mont-Blanc (4 808,72 m)
Superficie: 200 000 km²
Les Alpes sont les plus hautes montagnes à l'intérieur de l'Europe. Elles s'étendent sur 1 200 Kilomètres de long et de 150 à 250 km de large formant un arc de la Mer Ligure au bassin de Pannonie ».
1) : Article plus précis par rapport aux autres versions "Wikipedia", avec plus de fond et plus de sources. Description des massifs des Alpes orientales basée sur l'AVE.
Wikipédia langue anglaise Alps
« Les Alpes (en allemand: Alpen; italien: Alpi; Lombard: Alp; français: Alpes: occitan: Aups/Alpes; romanche: Alps; Alpes slovènes: Alpe) est l'un des grands systèmes de chaîne de montagnes de l'Europe, qui s'étend de l'Autriche et la Slovénie en l'est à travers l'Italie, la Suisse, le Liechtenstein et l'Allemagne à la France à l'ouest.
La plus haute montagne dans les Alpes est le Mont-Blanc, à 4 808,72 mètres (15 782 ft), sur la frontière italo-française ».
(Trop axé sur la description des massifs, peu de fond également )
Wikipédia en slovène Alpe
« Les Alpes sont une chaîne de montagnes en Europe centrale, qui s'étend, le long d'un arc, sur 1 200 km de long entre le golfe de Gênes et le Danube près de Vienne. Ce sont les montagnes les plus hautes et les plus densément peuplées d'Europe.
Les Alpes occupent une superficie d'environ 200 000 km², une région peuplée par environ 20 millions de personnes. La population varie tout au long des saisons, ainsi les Alpes se caractérisent par des établissements saisonniers et touristiques dans les zones plus élevées. D'autres espaces plus plats servent de pâturages d'été, et l'on y pratique le ski l'hiver. Ces montagnes se trouvent sur le chemin entre le centre et le sud de l'Europe, et représentent un intérêt historique, en tant que route de transit. Les Alpes sont économiquement importantes comme plaque tournante du tourisme, mais aussi l'agriculture, la sylviculture, la production d'énergie hydroélectrique et minière, du sel et du minerai de fer ».
(Article général réduit)
Encyclopedie de l'AGORA Alpes
Description :
Chaîne de montagnes d'Europe occidentale.
« Mon Dieu! fut le premier cri de cet aveugle, auquel on rendait la vue, et qui apercevait, enfin ouvertes, toutes les portes de ce nouveau ciel. Quel monde!… Les Alpes étaient là comme autant de géants, les bras entrelacés, opposant au soleil leurs boucliers de glace… Leurs corps étaient entourés de la ceinture bleue des forêts… À leurs pieds surgissaient des coteaux couverts de vigne… Le vent frais du matin jouait avec les cascades, comme avec autant de rubans, et ces rubans se reflétaient sur le miroir poli du lac… Albano se tourna lentement de tout côté. Ses yeux erraient des montagnes aux vallons, de la terre aux eaux du lac, du soleil aux fleurs; partout la nature annonçait son majestueux réveil. Il semblait que la terre vint de naître, et qu'une nouvelle création eût jeté d'un côté des terres, de l'autre des mers, et là-bas des montagnes. »
Jean-Paul Richter, "Panorama des Alpes vues du lac Majeur" (traduction: Ph. Chasles) - texte du domaine public
Et encore…
Geographisches Lexikon der SCHWEIZ, 1902-1910
Alpen-Alpes.
« D'une longueur de 1 200 kilomètres, les Alpes s'étendent le long d'un grand arc de Savone (à côté de Gênes) jusqu'à Vienne. La largeur moyenne est de 180 km, et couvrent une surface de 220 000 km². La hauteur moyenne de l'élévation de la masse totale est de 1 400 m; c'est à dire plus élevé si dans l'ensemble du domaine, les massifs étaient sur le même niveau. Les limites des Alpes sont, sur trois côtés, d'un faible niveau d'altitude dans la vallée du Rhône à l'ouest, la plaine du Pô dans le Sud et les plaines du Danube à l'Ouest. Ce n'est que dans le Nord, sur le Plateau suisse-souabe-bavarois sur lequel les Alpes arrivent à une altitude moyenne entre 400m et 600 m de Genève à Linz, par exemple, tandis que le pied sud des Alpes descend à environ 200 m d'altitude. Le versant sud n'est pas seulement plus bas, mais il est également plus étroit, pour deux raisons, à la fois plus profond et plus raide que la pente nord. Par exemple, la distance Monte Rosa-Biella = 45 km, la différence d'altitude = 4 222 m, correspondant à la pente du versant sud = 9,38 % ou 5 ° 22 '. Sur le versant nord, cependant, la distance Monte Rosa-Berne = 115 km, la différence d'altitude est de 4 096 m, de sorte que la pente = 3,48 % ou 1 ° 59 ' ».
http://peter-hug.ch/lexikon/alpen/41_0051?q=die+alpen#H.41_0051.0555
Alpen
« Les Alpes sont les montagnes les plus élevées en Europe, couvrant une superficie de 220 000 km². C'est une des plus grandes aires naturelles contiguës en Europe d' une part de par sa nature, sa culture unique et diverse et par l'histoire, la gastronomie, l'économie, l'espace culturel et de loisirs au cœur de l'Europe, partagée par de nombreux peuples et pays, la vie et l'environnement des affaires pour la population autochtone, des voies de transport important, ainsi qu'un refuge et un habitat pour de nombreuses espèces menacées ».
http://www.stmug.bayern.de/service/lexikon/a.htm
Alpen
« Les Alpes (probablement du celtique alp ou alb, indifféremment, «hauteur, montagne»), hautes montagnes, qui contrairement aux chaînes de montagnes ordinaires sont composées de massifs individuels (groupes). Les montagnes sont caractérisées et liées ensemble par différentes élévations en forme de selle (cols) et des brèches étroites (joche), souvent sur de longues distances. Les plus importantes hauteurs absolues s'élèvent souvent au-dessus de la limite neigeuse en place, et généralement ont une base large. Leurs pentes sont profondément sillonnées, cassées, déchiquetées, avec de très profondes gorges accidentées, plongeant souvent à la verticale. Les Alpes sont généralement nommées d'après le pays dans lequel elles se trouvent. Tout simplement le nom des grandes montagnes alpines de l'Europe centrale (composée d'Alpes suisses, Alpes de Savoie, Alpes tyroliennes, Alpes salzbourgeoises, Alpes de Styrie, etc.). Le nom de cette puissante haute montagne en Europe centrale, la plus haute de ce continent, et aussi la plus parfaite et la plus développée de toutes les hautes montagnes de la terre, a été utilisé par les Romains dans la population et est probablement d'origine celtique (Alb, apparenté à élevé). Les Alpes s'étendent de la partie inférieure de la vallée du Rhône jusqu'au niveau de la Hongrie, vers l'Est, et apparaissent au loin, que se soit au nord et au sud, comme une muraille écrasante avec une quantité et une richesse des formes de montagne, où la plupart de hauts sommets dominent dans leur longueur et sont couverts de neiges éternelles. De tous côtés, les montagnes s'élèvent brusquement et fortement des paysages environnants, la plus forte pente se trouve vers le Sud, où la hauteur relative est la plus importante. Les Alpes sont entourées tout autour par les plaines, et elles sont liées à d'autres montagnes seulement, dans trois points, en liaison avec les Apennins au sud-ouest., le Jura suisse dans le nord-ouest et les plateaux calcaires de la péninsule balkanique au SE.
Dans la partie sud-ouest on peut faire passer les Alpes par le col de la Bocchetta (Altare), bien que la formation géologique continue de se propager à l'Est, où elles se situent avec les débuts de la montagne italienne, et limitées par le littoral de la Méditerranée jusqu'à l'embouchure du Rhône, la frontière occidentale correspond à la vallée du Rhône et le lac de Genève, où le coude du Rhône survient en dessous de la ville du Jura suisse, la frontière nord-est représentée par les grandes plaines du territoire de l'Aar en Suisse, de l'Allemagne et la région du Danube à Vienne, la frontière orientale par la plaine de la Haute-Hongrie et le sud de la vallée de la rivière Drava est soi-disant la dernière zone des Alpes. Les Alpes juliennes dans la connexion immédiate avec les montagnes de la Croatie et les hautes terres d'Istrie-Dalmatie, sur la rive sud on trouve la plaine de Lombardie, qui borde la haute montagne jusqu'au niveau du Col de Tende. La même chose se prolonge par la suite pour douze degrés de longitude (6-18 ° Est). De la basse vallée du Rhône au Danube prés de Vienne la longueur est de 1036 km, tandis que la largeur à l'Ouest atteint à peine 75 km, À l'Est cependant, par l'expansion de la chaîne on atteint 300 km, avec une moyenne d'environ 175 km. Les Alpes, se situent entre les parallèles 43-48 ° nord, presque exactement à mi-chemin entre l'équateur et le pôle Nord. Elles dominent les plaines adjacentes couvrant une superficie d'environ 240 000 km² avec une altitude moyenne de 1 400 m. qui si on la répartit uniformément sur la surface de l'Europe, augmenterait sa hauteur de 6 mètres ½. Alors que dans les Alpes occidentales on constate que l'élévation augmente progressivement du sud au nord, la hauteur des principaux points culminants diminue vers l' Est à nouveau. Du Mont-Blanc, le plus haut sommet, non seulement de Alpes, mais de l'ensemble de l'Europe (4 808,72 m), jusqu'aux sources de l'Adige, les pics culminent entre de 4 800 et 2 600 m, à l'est de 4 000-1 600 m, la ligne de crête principale centrale n'est pas inférieur à 2 600 m - 2 000 m, et la même chose est valable pour les cols. Les plaines et les vallées qui entourent le Alpes ont des altitudes très différentes. À Valence à l'ouest 104 m, Lyon 174 m, au sud Turin 239 m, Milano 114 m, Brescia 139 m, Bassano 149 m, Udine 108 m, au nord Vienne 157 m, Passau 279m, Munich 520 m, Constance 400 m, Zurich 412 m, Berne 540 m d'altitude, les plaines sur le versant nord sont donc bien plus élevées que les autres autour du périmètre alpin ».
http://www.retrobibliothek.de/retrobib/seite.html?id=100602
Alpen
« Plus hautes montagnes d'Europe, avec une superficie de 220 000 kilomètres carrés.
Les Alpes sont un réservoir d'eau (soit la moitié du débit des eaux du Danube, du Rhin, du Rhône et du Po sont alimentés par les Alpes, (eau de pluie), sont un régulateur d'air (air), une niche écologique (plus de la moitié des espèces végétales et animales menacées en Europe vivent dans les Alpes), utilisées comme terrain de jeu (pour les loisirs) et l'une des zones les plus écologiquement importantes en Europe ».
http://www.umweltlexikon-online.de/RUBnaturartenschutz/Alpen.php.
Alpen
« Les montagnes les plus grandes en Europe, se trouvant en Autriche, Allemagne, France, Suisse, Italie, Liechtenstein et Slovénie, participent à la fois d'un partage et d'une limite climatique entre Europe centrale et méridionale. Les Alpes, fermées par les Apennins au nord du golfe de Gênes, s'étirent dans un large arc de cercle dans la partie ouest, en forme d'éventail du Lac du Bourget, Jura français et suisse et continuent vers l'Est jusqu'au bassin de Pannonie occidentale et les collines du Danube, près de Vienne. Au nord-est, elles se poursuivent dans les montagnes des Carpates, au sud-est dans le karst dinarique. Au nord, elles tombent progressivement depuis les contreforts, au sud elles s'abaissent brutalement dans la plaine du Pô. La longueur totale des Alpes de Gênes à Vienne est d'environ 1 200 km, la largeur de 150-200 km jusqu'à 300 km dans la partie orientale. Les hauteurs des sommets dans les massifs importants sont la plupart du temps entre 3 000-4 300 m, le point culminant est le Mont-Blanc (4 807) ».
http://www.spiegel.de/lexikon/54298326.html
Geographie Infothek: Alpen
« Les Alpes font partie d'un jeune système montagneux, qui s'étend de l'Atlas marocain à la Sierra Nevada, aux Alpes, aux Apennins, aux Carpates, aux Balkans, au Caucase, en continuant vers le Proche-Orient et les montagnes de l'Himalaya en Asie du Sud. L'expansion nord-sud de la surface alpine est de 250 km, l'extension est-ouest est d'environ 1 000 km. Les plus hautes altitudes dépassent les 4400 m, la hauteur moyenne des montagnes se tient aux alentours de 2500 mètres d'altitude.
Les Alpes représentent l'un des espaces montagneux les plus densément peuplés au monde, c'est pourquoi nous sommes confrontés ici à plusieurs intérêts. Viennent généralement dans les Alpes, les fonctions de base de la vie et l'environnement économique pour la population, une zone de loisirs pour les européens ainsi qu'une surface de compensation écologique. De plus, elles agissent comme un réservoir d'eau, un régulateur d'air et une niche écologique pour plusieurs espèces végétales et animales. Dans les Alpes se trouve plus de la moitié des espèces menacées en Europe. À cause de l'intervention humaine progressive dans la nature alpine, perturbe l'équilibre des fonctions de base, menaçant l'homme et la nature avec des conséquences telles que la pollution atmosphérique, la déforestation, l'érosion des sols, les avalanches.
Le tourisme est l'une des plus importantes sources de revenus dans la région, mais aussi le principal facteur négatif. Chaque année dans les Alpes, il y a environ 80 millions de voyageurs le week-end, 70 millions de visiteurs pendant les vacances et 50 millions de skieurs ».
www.klett.de/sixcms
Alpen Universalium: Alps
« Chaîne de montagnes de l'Europe, qui s'étend de la France à travers la Suisse l'Italie et Autriche, ainsi qu'en Slovénie et en Croatie. Point culminant, le Mont Blanc, 15 781 ft. (4 808,72 m).
Montagne système, le centre-sud en Europe.
Les Alpes s'étendent sur un croissant d'environ 750 mi. (1 200 km) de la côte méditerranéenne entre la France et l'Italie jusqu' à Vienne et couvre une superficie de plus de 8 000 miles carrés (207 000 km²). De nombreux sommets font plus de 10 000 ft. (3 000 m); le plus élevé est le Mont Blanc. Les Alpes forment une division entre l'océan Atlantique, la Méditerranée et la mer Noire et donnent naissance à de nombreux grands fleuves européens, y compris le Rhône, le Danube, et le Pô. Les glaciers couvrent environ 1 500 sq mi. (3 900 km²), principalement à des altitudes supérieures à 10 000 ft. (3 000 m). Le col du Saint-Gothard est l'un des plus importants tunnels alpins. Grenoble, Innsbruck et Bolzano sont les principales villes alpines ».
http://universalium.academic.ru/71231/Alps
Pierer's Universal-Lexikon : Alpen
« Certaines sources disent que le nom est d'origine celtique correspondant à haute montagne, d'autres de l'italien qui correspond à montagnes blanches (à cause de la blancheur des neiges qui couvrent leurs sommets).
Aspect historique :
Ces montagnes faisaient parties des monts Riphées-Ryphées (Hyperborées), elles ont vu passer Hannibal et ont été le théatre des guerres entre les Romains et les peuples alpins. Pour l'Antiquité, elles s'étendent depuis le Nord de la Narbonnaise à l'embouchure du Varus (Var), puis vers la Germanie dans une direction Est jusqu'à la Thrace, avec plusieures branches dans différentes directions. A propos de la hauteur les mesutes étaient incertaines, Pline donnait 50.000 pieds.
Ce sont les plus grandes et les hautes montagnes européennes qui s'étendent en longueur avec une direction principale d' O. en E. entre le 23-34 ° de Longitude Est, et se situent des deux côtés du 46e Parallèle, presque à mi-chemin entre l'équateur et pôle Nord ».
http://www.zeno.org/Pierer-1857/A/Alpen
SELON LA CONVENTION ALPINE
Les Alpes : Le périmètre de la Convention alpine
« Les Alpes sont une jeune chaine montagneuse, la plus haute d'Europe, née de la collision des plaques continentales de l'Europe et de l'Afrique.
Il y a moins de 200 millions d'années, l'Europe méridionale était recouverte d'un océan, la Thétis. Au cours de millions d'années, les dépôts venus de la terre ferme (la Pangée) et les organismes marins morts se sont déposés au fond de la mer et sous la pression de l'immense masse d'eau se sont solidifiés jusqu'à se pétrifier.
Il y a 130 millions d'années environ, les plaques européennes et africaines entrèrent en collision et les forces libérées, agissant comme un étau, soulevèrent du vieil océan les couches rocheuses déposées sur le fond qui se plissèrent et s'accumulèrent les unes sur les autres se soulevant de plus en plus vers le haut.
L'activité de compression bien que remontant à des millions d'années est toujours en cours, de même que le phénomène d'érosion généré par l'eau, le vent, le gel, le dégel, les glaciers qui a façonné l'actuelle conformation géologique et physique.
Les processus d'érosion et de plissement sont encore actifs et les Alpes continuent à s'élever d'un millimètre par an.
Les Alpes dont le point culminant est le Mont Blanc (4808,72 m) présentent une hauteur décroissante d'ouest en est. La partie occidentale de la chaine totalise 127 sommets au dessus de 4 000 m et le sommet le plus élevé de la partie orientale, le Piz Bernina, atteint 4049 m.
Le territoire de la convention s'étend sur une superficie de 190 959 km² et comprend 5 867 communes (en 2008). L'aire ainsi délimitée s'étend sur 1 200 km répartis sur 8 pays, de la côte ligure jusqu'aux portes de Vienne. Dans sa partie la plus large entre Rosenheim et Affi (au nord de Vérone), le territoire de la Convention couvre une surface d'environ 300 km.
L'Italie et l'Autriche détiennent avec une étendue respective de 54 759 et 51 995 km² le pourcentage le plus élevé des territoires alpins. Les trois quarts de la superficie de la Convention se trouvent divisés entre l'Autriche, l'Italie et la France. En 2007, la population résidant sur le territoire de la Convention des Alpes est de 14 millions de personnes, la majorité demeurant dans les Alpes italiennes ».
SELON WORLD WILDLIFE FUND (WWF)
Situées en Europe centrale, les Alpes s'étendent à travers les pays de la France, l'Italie, l'Allemagne, l'Autriche, la Slovénie, la Suisse et le Liechtenstein. Comme d'autres chaînes de montagnes à proximité, les Alpes ont une importance considérable, car elles contribuent de façon significative à ce qui reste de la couverture forestière originelle de l'Europe centrale et méridionale. Certaines des dernières forêts européennes dans un état presque naturel se trouvent dans cette écorégion .
Les Alpes se sont formées pendant les époques de l'Oligocène et du Miocène. C'est un milieu naturel ayant un niveau élevé de biodiversité. Situées entre les régions biogéographiques euro-siberienne et méditerranéenne en Europe, les Alpes sont un système de montagnes qui constitue un espace de nature écotonial (écotone = espace d’interface entre deux écosystèmes) et sont divisés en trois grands secteurs :
La région de l'Ouest est influencée par les courants d'air doux et humide de l'Atlantique, la région centrale a un climat continental, et la région de l'Est un climat méditerranéen. Les montagnes alpines couvrent une superficie qui est d'environ 1200 km de long, sont réparties entre sept pays différents, et ont une population totale de 11,1 millions de personnes.
Il s'agit d'un système de montagne relativement jeune, dont le « gradin » morphologie a été façonnée par la glaciation Pleistocène. Les soubassements alpins peuvent être divisés en deux grands groupes : les roches calcaires et les matériaux siliceux. Le climat est principalement froid et tempéré, avec de légères variations locales, par exemple dans les zones en bordure à « caractère méditerranéen ».
Les Alpes sont une chaîne de montagnes interzones (Orobiome), ou une « zone de transition » entre l'Europe centrale et méditerranéenne, et ont encore de grandes zones vierges et un haut degré de naturalité.
The european Alps (Programme Alpin du WWF)
Les Alpes forment une des chaînes de montagnes les plus importantes et les plus élevées au monde. Décrivant une courbe de 1 200 km de long entre Nice et Vienne couvrant environ 192 000 km² elles abritent pas moins de 30 000 espèces animales et 45 000 espèces végétales.
La chaîne de montagnes se étend sur huit pays différents, où environ 13 millions de personnes sont réparties sur environ 6000 communes. C'est la raison de leur riche patrimoine culturel. Bien que les Alpes soient comme l'un des écosystèmes de montagne les plus intensément exploités dans le monde, elles continuent à maintenir un haut degré de naturalité. Les processus naturels dynamiques remodelent en permanence le paysage et sont la force motrice de la diversité biologique.
Les Alpes représentent un des derniers espaces sauvages du continent européen, en dépit de la forte présence d'activités humaines.
SELON LES ALPINISTES
W.A.B COOLIDGE The Alps in nature and history 1908 - WHAT ARE * "THE ALPS" ?
The Alps,
« It is tolerably certain that most readers of these pages will not feel the slightest hesitation in answering the question which forms the title of this chapter. so they will state with the utmost confidence, is, of course, the name given to the principal mountain range in Europe. Can there be any doubt on this point ? they will ask, with a spice of incredulity. Have we all along been deceived or taken in by this word ? or has the writer set us a conundrum ? The latter alternative may be at once dismissed. But the former contains a germ of truth, and perhaps also a glimmering idea on the part of the questionists that their belief is not so solidly based as they fondly imagined. No doubt the sense of the term indicated above is that which is most widely accepted by those who do not dwell amid the mountains, and are therefore far more numerous than the Alpine folk. But if we look a little further into the matter, we shall discover that the inhabitants of the Alps attribute to the name we are considering a meaning which is quite distinct from that already noted. When they speak of ' the Alps ' they have in mind the highland summer pastures, that extend along the mountain slopes below the snow-line, yet at a considerable height above the village itself. To the Alpine folk, as we shall have occasion to point out in the next chapter, ' the Alps ' in this sense are of overwhelming Both senses of the term can be traced back through many centuries. It is not clear, indeed, which is the older or the original meaning of the word. It may be that the mountain dwellers gave the name to the highland summer pastures, and that the early travellers who visited the Alpine valleys learnt from them this new term and inaccurately applied it to the great peaks that tower above these pastures. Or, perhaps, the mountain dwellers themselves, when questioned on the matter, gave their visitors to understand that the great peaks, in the eyes of those over whose homesteads they frowned, were simply continuations or extensions of the summer pastures, perhaps indeed once the site of such pastures in former days, before the frightful increase in the extent of the barren region of ice and snow. The confusion between these two meanings of ' the Alps ' finds an exact parallel in that which prevails in the case of the more general words, ' Berg,' ' alpe,' ' montagne,' or 'monte.' To the Alpine folk any of these terms conveys the idea of a highland summer pasture, though the dweller in the plains thinks naturally of the lofty snowy summits.
Having thus obtained a general idea of what ' the Alps really are in the most usually accepted sense of that term, let us now briefly fix the limits by which they are marked off from the Apennines on one side, and the hills that stretch towards the borders of Hungary on the other, reserving a detailed examination of the internal structure of the great chain for ChapterXIII. To settle this question we must make up our mind as to the precise meaning we attach to the name ' Alps.' Are we to use it to signify the whole of the great range, that, stretching roughly from Genoa to Trieste, joins the Apennines to the outliers of the Carpathians? In this case our limits will be, on the W., the Col di Cadibona or d'Altare (1624 ft.), between Turin and Savona, near Genoa, and on the E., the Semmering Pass (3215 ft.), that leads from Vienna past Marburg and Laibach to Trieste. But much of the region thus included is snowless and below any possible snow-line, however varying ».
Traduction :
« Il est vraisemblable que la plupart des lecteurs de ces pages n'auront pas la moindre hésitation dans le fait de répondre à la question qui forme le titre de ce chapitre (que sont les Alpes ?). Ils affirmeront donc avec la plus grande confiance que le nom correspond, évidemment, à la principale chaîne de montagnes d'Europe. Peut-il n'y avoir aucun doute sur ce point ? ils demanderont, avec une pointe d'incrédulité. Depuis le début, avons-nous été trompés ou nous sommes-nous laissés prendre par ce mot ? Ou l'auteur nous a-t-il posé une énigme ? La dernière alternative peut être immédiatement écartée. Mais la première contient un début de vérité et peut-être aussi une idée lumineuse, de la part de celui qui pose les questions, que leur croyance n'est pas ancrée solidement qu'ils ont tendance à l'imaginer. Sans doute le sens du terme indiqué ci-dessus consiste à ce que qui est plus largement accepté par ceux qui ne demeurent pas dans les montagnes et qui sont donc beaucoup plus nombreux que les populations alpines. Mais si l'on prend un peu de recul, nous découvrirons que les habitants des Alpes attribuent au nom une signification qui est tout à fait distincte de celle déjà décrite. Quand ils parlent d'"Alpes" ils entendent les pâturages d'été des régions montagneuses, qui s'étendent le long des pentes, au-dessous du niveau d'enneigement, cependant à une hauteur déjà considérable au-dessus du village lui-même. Quand aux populations alpines, comme nous aurons l'occasion de le souligner dans le chapitre suivant, elles ont le sentiment écrasant que le double sens du terme "Alpes" peut être retracé à travers de nombreux siècles. Il n'est pas clair, en effet, de savoir quelle est la signification la plus ancienne ou le sens originel du mot.
Il se peut que les habitants des montagnes aient donné le nom à l'alpage d'altitude, et que les premiers voyageurs qui ont visité les vallées alpines ont appris d'eux ce nouveau terme et l'ont appliqué malencontreusement aux grands sommets qui dominent ces pâturages. Ou, peut-être, les montagnards eux-mêmes, quand on les interroge sur la question, ont fait croire à leurs visiteurs que les grands sommets, dans les yeux de ceux qui froncent les sourcils au-dessus des fermes, fussent tout simplement la suite ou l'extension des pâturages d'été, peut-être en effet ce qu'ils étaient jadis avant l'augmentation effrayante de l'étendue d'une région aride, de glace et de neige. La confusion entre ces deux significations d'«Alpes» trouve un parallèle exact en ce qui prévaut dans le cas de mots plus généraux, «Berg», «alpe», «montagne» ou «monte». Pour la population alpine, aucun de ces termes ne donne l'idée d'un pâturage d'été de hauts plateaux, mais l'habitant de la plaine pense naturellement à des hauts sommets enneigés.
Ayant ainsi obtenu une idée générale de ce qui les Alpes sont vraiment dans le sens le plus généralement accepté de ce terme, nous allons maintenant brièvement fixer les limites par lesquelles elles se découpent à partir des Apennins, d'un côté, et les collines qui s'étendent vers les frontières de la Hongrie de l'autre, en se réservant un examen détaillé de la structure interne de la grande chaîne dans le chapitre XIII. Pour régler cette question que nous devons nous représenter quelle signification précise nous attachons à la dénomination «Alpes». Dirons-nous, pour représenter l'ensemble de ce grand système, qu'il s'étend approximativement de Gênes à Trieste, rejoint les Apennins aux valeurs aberrantes des Carpates ? Dans ce cas, nos limites seront, à l'ouest, le Col di Cadibona ou d'Altare (1 624 pieds), entre Turin et de Savone, près de Gênes, et à l'est, le col de Semmering (3 215 pieds), qui mène de Vienne et passe par Maribor et de Ljubljana à Trieste. Mais une fois individualisée une grande partie de la région est sans neige et au-dessous d'un éventuel étage nival, au demeurant variable. »
Roger FRISON-ROCHE "Les montagnes de la terre" 2 vol. 1964
À la fin du volume 1 (pag. 285-286) "Les montagnes de la terre, description générale des montagnes" Roger Frison-Roche écrit dans le chapitre 12 "L'axe parallèle en Europe-Les Alpes" :
« Ce sont des montagnes extraordinaires ! La synthèse des montagnes du monde !
L'archétype du soulèvement et du plissement ! Il y a si longtemps que les savants les gravissent, les contemplent, les mesurent, les étudient, les dissèquent en tirent des plans, des profils, des coupes. Malgré sa grandeur et sa variété, l'individualité de ses vallées et de leurs climats, la complexité de sa coupe (en apparence si simple), la chaîne des Alpes est la plus anciennement connue...
Les Alpes sont à la connaissance des montagnes du monde ce qu'est le latin au français : indispensables !
Leur importance, trés grande à l'échelle européenne, n'est pas négligeable à l'echelle mondiale : de Vienne (Autriche) à Nice, elles s'étirent en arc de cercle sur 1 200 km de longueur et une largeur moyenne de 200 km ! Les deux branches d'orientation sont nettement différentes : la branche orientale, étirée d'est en ouest, est la plus longue; la branche nord-sud forme les Alpes occidentales, les nôtres.
Pour les étudier, deux principes de subdivision peuvent s'appliquer successivement car ils se complètent ; I. les zones longitudinales - II. les zones transversales. »
Tony HIEBELER Lexicon der Alpen, 1977 pag.28) **
Dictionnaire encyclopédique crée par Toni Hiebeler, alpiniste et publiciste allemand, auteur très prolixe sur les Alpes. (1930-1984).
« Alpes, les plus hautes montagnes en Europe : comprises entre 43 ° 30 'de latitude nord et 48 ° et 5 ° et 16 ° 30' de longitude est.
De forme convexe à l'ouest, l'arc s'incurve en longueur vers l'est et s’étire du golfe de Gênes à Vienne.
Elles commencent au col d’Altare (459 m) situé dans les Alpes ligures, à la frontière avec les Apennins. Au Nord-Est, les Alpes se heurtent à la chaîne des Carpates, dans le Sud-Est à la chaîne des montagnes dinariques. Au Nord-Ouest, l’Arc (alpin) longe le Jura suisse. La frontière (limite) des Alpes est marquée dans sa partie occidentale par la vallée du Rhône, dans le Nord par les Préalpes (avant pays) de la Suisse, de l’Allemagne et de l’Autriche, à l’Est par la Hongrie. Au Sud, les Alpes se situent au Nord de l'Italie où elles se terminent de manière escarpée (abrupte). Les Alpes mesurent environ 1 200 km de long sur 150 à 250 km de large au niveau du méridien de Vérone et à l'extrémité Est, où les chaînes de montagnes s’étalent en s’écartant individuellement vers le Nord-Est et le Sud-Est (wo die einzelnen Gebirgsketten nach Nordosten und Südosten auseinander strahlen). Les Alpes couvrent une superficie sur la carte de 220 000 km². »
Gaston REBUFFAT - Préface de l'album photo de Shiro Shirahata "Les Alpes" (1979)
Les Alpes comme « cadeau extraordinaire ».
Reinhold MESSNER Die Alpen 2002
« Les Alpes avec 1 100 km de long, jusqu'à 260 km de large et 4 808,72 m de haut à son point culminant, sont les plus grandes montagnes d'Europe.
C'est dans cette fascinante chaîne, un système montagneux courbe entre le golfe de Gênes et Vienne. qu'a pris son essor l'escalade et le commencement de l' exploration des montagnes. Le géologue Léopold Kober, appelle les Alpes, "…les montagnes, géologiquement parlant, les plus merveilleuses de la terre" et Edward Whymper, avec sa première ascension du Cervin, en peu de temps, devint l'un des pionniers de l'alpinisme, pour avoir trouvé un accès plus intense à ces hauteurs. Même Johann Wolfgang von Goethe, qui voyagea deux fois en Suisse avait, en 1775 sous le col du Gothard, ressenti un fort désir : " de me jeter dans l'infini du ciel, pour flotter sur l'abîme terrifiant et m'installer sur un rocher inaccessible ».
Alessandro GOGNA - Marco MILANI - Le Alpi
Pouvons-nous nous immaginez une Europe sans Alpes ?
SELON LES ÉCRIVAINS VOYAGEURS
François PETRARQUE - Familiarium rerum, liber IV, ep. 1 [De Ascensu montis Ventosi]
« J'ai fait aujourd'hui l'ascension de la plus haute montagne de cette contrée que l'on nomme avec raison le Ventoux, guidé uniquement par le désir de voir la hauteur extraordinaire du lieu. Il y avait plusieurs années que je nourrissais ce projet, car, comme vous le savez, je vis dès mon enfance dans ces parages, grâce au destin qui bouleverse les choses humaines. Cette montagne, que l'on découvre au loin de toutes parts, est presque toujours devant les yeux ».
Albrecht von HALLER - poème "Die Alpen" 1932 (Trad. française 1949) - Premier voyage dans les Alpes et autres textes, 1728-1732.
Jean-Jacques ROUSSEAU - Julie ou la Nouvelle Héloïse 1761.
Johann Wolfgang von GOETHE - Italienischen Reise 1786 - Schweizerreise 1797 - Voyage en Italie, en Suisse et dans les Alpes - Voyages de 1775, 1779 et 1797.
Rodolphe TÖPFFER - Voyages en zigzag 1844 - Nouveaux voyages en zig-zag 1854 - (Récits)
John RUSKIN - Modern Painters - Vol. IV, Part V "Of mountain beauty" - chap. XIX The Mountain Gloom - The Mountain Glory chap. XX (1856)
« They seem to have been built for the human race, as at once their schools and cathedrals; full of treasures of illuminated manuscript for the scholar, kindly in simple lessons to the worker, quiet in pale cloisters for the thinker, glorious in holiness for the worshipper ».
Traduction :
« Elles semblent avoir été bâties pour la race humaine; elles en sont l'école et les cathédrales : pleines des trésors des manuscrits enluminés pour le clerc, riches de simples leçons pour l'artisan, silencieuses dans leurs pâles cloîtres pour le penseur, grandioses de foi pour le croyant. »
Sesame: Of Kings - Part III 35. IV.
« You have despised Nature; that is to say, all the deep and sacred sensations of natural scenery. The French revolutionists made stables of the cathedrals of France; you have made race-courses of the cathedrals of the earth. Your one conception of pleasure is to drive in railroad carriages round their aisles, and eat off their altars. You have put a railroad bridge over the fall of Schaffhausen. You have tunneled the cliffs of Lucerne by Tell`s chapel; you have destroyed the Clarens shore of the Lake of Geneva (...)
the Alps themselves, which your own poets used to love so reverently, you look upon as soaped poles in a bear garden, which you set yourselves to climb, and slide down again with "shrieks of delight." When you are past shrieking, having no human articulate voice to say you are glad with, you fill the quietude of their valleys with gunpowder blasts, and rush home, red with cutaneous eruption of conceit, and voluble with convulsive hiccough of self-satisfaction. I think nearly the two sorrowfullest spectacles I have ever seen in humanity, taking the deep inner significance of them, are the English mobs in the valley of Chamouni, amusing themselves with firing rusty howitzers; and the Swiss vintagers of Zurich expressing their Christian thanks for the gift of the vine, by assembling in knots in the "towers of the vineyards," and slowly loading and firing horse-pistols from morning till evening. It is pitiful to have dim conceptions of duty; more pitiful, it seems to me, to have conceptions like these, of mirth ».
traduction par Marcel Proust :
« Vous avez méprisé la nature, c'est-à-dire toutes les sensations profondes et sacrées des spectacles naturels. Les révolutionnaires français ont fait des écuries des cathédrales de France; vous avez fait des champs de courses avec les cathédrales de la terre. Votre unique conception du plaisir est de rouler dans des wagons de chemins de fer autour de leurs nefs et de prendre vos repas sur leurs autels. Vous avez été placer un pont de chemin de fer sur les chutes de Staffhouse. Vous avez fait passer un tunnel à travers les rochers de Lucerne près de la chapelle de Tell, vous avez détruit le rivage de Clarens au lac de Genève. (...)
Les Alpes elles-mêmes à qui vos propres poètes ont voué un amour si révérent, vous les regardez comme des mâts de cocagne dans un jardin d'ours après lesquels vous vous mettez à grimper pour vous laisser glisser jusqu'en bas, avec «des cris de joie». Quand vous ne pouvez plus crier, n'ayant plus la force d'articuler des sons humains pour dire que vous êtes heureux, vous remplissez la quiétude de leurs vallées de détonations de pétards et vous rentrez précipitamment chez vous, rouges d'une éruption cutanée d'amour-propre et secoués d'un hoquet de contentement de vous-mêmes (de vanité satisfaite). »
Ruskin porte aux Alpes une admiration quasi mystique. Elles sont « la Bible du paysage » des « temples silencieux », « où la présence de Dieu est sensible. »
BERLEPSCH, Hermann-Alexander : Die Alpen in Natur- und Lebensbildern. 1861.
Les Alpes - descriptions et récits. Avec seize illustrations d'après les dessins de E. Rittmeyer.
CARACTÈRES GÉNÉRAUX :
« Les Alpes sont un des monuments les plus gigantesques de la création, mais pour les contempler dans toute leur majesté il ne suffit pas de pénétrer jusqu'aux premiers gradins de leurs vastes ramifications. Il faut, à travers les ruines et les décombres d'un monde primitif, sonder les abymes, gravir les rocs escarpés, escalader les cimes, s'aventurer dans les labyrinthes des glaciers et des champs de neige, après avoir erré au bord des lacs limpides, sur les pentes fleuries qui encadrent les bruyantes cascades, ou dans la sombre solitude des forêts. Alors seulement l'oeil peut admirer la sublimité de la nature alpestre, voir ce que celle-ci présente de magnifique et de terrible. C'est surtout au moment où les éléments sont déchaînés et où la charpente du globe semble ébranlée que la grandeur du spectacle se montrera dans toute sa majesté.
Les Alpes présentent une telle profusion de formes et de nuances, un luxe si pompeux d'effets majestueux, que le spectateur reste accablé au premier moment, puis peu à peu il laisse, sous le charme d'une puissante émotion, errer ses regards sur la scène grandiose qui l'entoure, et chaque instant lui fait découvrir de nouveaux sujets d'étonnement et d'admiration. En présence de ces merveilles, l'homme s'humilie devant le Créateur et l'adore, puis à cette impression mêlée de terreur vient s'ajouter un sentiment de calme et de paix, qui fait d'autant mieux apprécier ce qu'une telle nature offre de grand, d'imposant et d'admirable. L'observateur se recueillant après cette contemplation s'efforce de comprendre, à l'aide de ces monuments qui marquent l'ère de la création, quelle puissance les a fait sortir des profondeurs de la terre pour les élever à la lumière. Il cherche à déterminer l'époque de la formation du globe par l'analyse de ces roches qui dévoilent la chronique du monde; il étudie le mode et le but de l'existence de ces dernières. Alors, ces masses inertes s'animeront pour lui et lui révèleront un vaste champ d'idées nouvelles quoiqu'il soit encore impossible d'établir un système basé sur des données incontestables. Les diverses théories, qui ont été formées pour expliquer ces phénomènes, sont encore loin de résoudre les grands problèmes que soulèvent toutes ces questions, il faut donc se borner à des conjectures plus ou moins ingénieuses.
Les Alpes s'étendent en formant un vaste demi-cercle sur toute l'Europe méridionale. Elles servent de base à la charpente des trois grandes presqu'iles de la Méditerranée, où elles continuent par les Pyrénées, les Apennins, le Tschardagh et l'Hémus. »
SELON LES GUIDES ET LES MANUELS DE VOYAGE
J.G EBEL « Manuel du voyageur suisse », 1810
« Communément on désigne sous ce nom les montagnes qui séparent l'Italie de la France et de la Suisse; mais il convient de l'entendre dans un sens moins étroit. A proprement parler, les Alpes s'étendent depuis les bords du Rhône dans la France méridionale jusque sur les frontières de la Hongrie, espace qui renferme 12 degrés de longitude. Elles traversent la Provence et le Dauphiné en France, toute la Savoie, une grande partie du piémont, comme aussi du Milanais et du ci-devant état de Venise lesquels forment aujourd'hui le royaume d'ltalie, toute la Suisse, le Tyrol, le pays de Salzbourg, la Carinthie, la Carniole, la Styrie, la Croatie, l'Esclavonie, et les parties méridionales de la Bavière, de la Souabe ét de l'Autriche. Leur Iargeur est de 2 jusqu'à 4 degrés de latitude ».
John MURRAY - Handbooks for Travellers 1838 - Switzerland
Karl BAEDEKER VERLAG 1844 - Die Schweiz - la Suisse
GUIDES JOANNE 1877
Itinéraire général de la France par Adolphe JOANNE : Jura et Alpes Françaises; Provence, Alpes Maritimes, Corse.
Itinéraire descriptif et historique de la Suisse, du Jura français, du Mont-Blanc et du Mont-Rose.
GUIDE BLEU ÉVASION 1997
Alpes du Nord - Hachette
GUIDES MICHELIN
« Les Alpes du Nord » et « Les Alpes du Sud » :
« Les Alpes constituent une mosaïque de territoires, de paysages et de cultures extraordinairement riche. Au domaine de la haute montagne réservé aux initiés et qui fit la réputation des massifs alpins s'adosse une vaste étendue située entre 500 et 2 500 m formant la moyenne montagne.
Entre montagne et Méditerranée, les Alpes du Sud, région peu urbanisée et peu industrialisée, constituent un véritable sanctuaire naturel, que protègent, en outre, des parcs nationaux ou régionaux. »
Le PETIT FUTÉ
« Alpes italiennes, les Dolomites » et « Les Alpes » (françaises) :
« Les Alpes ne sont pas nées de la dernière pluie et il n'est qu'à regarder ces montagnes majestueuses pour lire un peu de l'histoire de notre planète. De la Méditerranée à l'Europe centrale, l'arc alpin se déroule sur 1 200 km formant un gigantesque croissant dont la largeur varie entre 100 et 200 km. »
Guide du ROUTARD : Alpes
Alpes françaises :
« Les Alpes sont reines parmi les montagnes, toujours altières, vives, scintillantes. »
Cette liste n'est pas exhaustive. Bien d'autres ont donné « leur » définition des Alpes qui ne répond pas forcément à des critères scientifiques (comme on a pu le voir pour certains auteurs), mais renvoie à une vision artistique, sportive, voire anthropologique. Nous pensons aux alpinistes Gaston REBUFFAT, Alessandro GOGNA, ou les journalistes et écrivains tel que le "prolixe" Enrico CAMANNI, Sylvain JOUTY et ses nombreux articles ou encore Dino BUZZATI, poète des Dolomites…