Les climats de l'arc alpin
L'arc alpin se positionne à un carrefour climatique qui combine des composantes atlantique, méditerranéenne et continentale (Eurasiatique) avec un « potentiel vertical » car l'élévation joue un très grand rôle.
Il est possible de déterminer 4 ou 5 tendances ;
- Océanique sur les bordures occidentales et septentrionales, humide et froid.
- Continental sur la partie orientale ainsi que dans la zone intra-alpine avec de fortes amplitudes.
- Méditerranéen particulièrement fort sur les Alpes françaises du sud, Alpes Ligures et marginalement sur le sud du Piémont, sec et chaud.
- Insubrien (à forte influence méditerranéenne) d'Ivrea à Ljubljana dépendant de la plaine du Pô et du bassin Adriatique, chaud et humide.
- Polaire, lié à l'altitude, aux limites des neiges éternelles.
Quelques interprétations...
Werner Bätzing, par exemple, se réfère à quatre éléments essentiels.
- L'hypsométrie influence fortement le climat, car avec l'altitude, la température chute en moyenne de 0,55° par 100 m d'élévation.
- Les variations entre la marge alpine, influencée par l'air humide océanique, donnant de fortes précipitations et la zone intra-alpine, avec une tendance continentale entrainant de fortes amplitudes thermiques et un climat plus sec.
- Les paramètres en fonction de la latitude correspondent à une opposition entre un Nord froid et un Sud chaud.
- La distinction océanico-continentale oppose un flux qui passe d'un Ouest océanique humide à un Est continental sec. Mais cette tendance est relative, car on ne peut ignorer les influences de la méditerranée, caractérisées, par exemple, par de la sécheresse dans les Alpes françaises du Sud alors que les massifs proches de l'Adriatique, Alpes Carniques et Juliennes, sont copieusement arrosés.
Le projet Histalp, basé sur une étude historique du climat depuis 1760, dans un espace appelé "Grande Région Alpine" (Greater Alpine Region-GAR) situé entre 4° et 19° Est et 43° et 49° Nord, et une altitude comprise entre 0 et 3 500 m, fait une séparation des Alpes en quatre sous-régions climatiquement homogènes :
Nord-Ouest ; Sud-Ouest
; Nord-Est : Sud-Est, avec une prédominance des effets verticaux.
En combinant ces quatre zones, une régionalisation supplémentaire est possible à partir de :
- Gradients climatiques verticaux avec une sous-région de faible altitude (L-low) < 1 500m et une sous-région de haute altitude (H-high) > 1 500m.
- Gradient climatique dans la zone de transition entre les vents d'ouest au Nord à la Méditerranée au Sud en correspondant aux sous-régions du Nord (N) et Sud (S), avec une influence notable des Alpes comme barrière orographique.
- Gradient climatique causé par la continentalité croissante vers l'Est de l'Europe-(W-E) (sans influence de l'orographie alpine).
Le massif alpin se situe au confluent de trois zones climatiques ; une zone méditerranéenne, une zone tempérée fraiche et humide et une zone continentale.
Ces grandes tendances s'accompagnent de quelques traits caractéristiques de l’ambiance climatique alpine.
Le pouvoir de l’altitude
Le phénomène essentiel est la rapide diminution des températures avec l’altitude ; elles chutent d’environ 0.55 degré par 100 mètres d’élévation. La raréfaction de l’oxygène entraine une intensification du rayonnement solaire et avec lui des variations notables entre l’adret et l’ubac impliquant des extrêmes au niveau de la présence des végétaux. Cet ensoleillement crée des conditions favorables à l’installation humaine à des altitudes non négligeables, et ce, au détriment des fonds de vallée privés d’insolation.
Les vents
Le relief alpin conditionne fortement l’ensemble des vents qui soufflent sur l’Europe occidentale et auxquels la chaine est exposée. Le cloisonnement des vallées, l’altitude, l’inégale distribution des pressions entre les zones externes et internes, ces facteurs multiples influent sur l’aérologie alpine.
Les vents externes
Les vents de Nord, les Bises des régions septentrionales ou le Mistral à des latitudes plus méridionales amènent le froid et la sécheresse.
Les vents d’Ouest/Sud-Ouest apportent les précipitations venant de l’Atlantique à l’instar des vents à tendance Est, souvent générés par une dépression en Méditerranée, comme la Lombarde, qui pénètre la chaîne jusqu’au Mont Blanc.
Les vents internes
Presque toutes les vallées connaissent des vents spécifiques résultant d’une opposition thermique entre les sommets qui se refroidissent et se réchauffent plus rapidement que les fonds de vallée. Ces phénomènes entrainent une pulsation quotidienne qui adopte le rythme suivant:
- la journée, la brise de vallée plutôt chaude et humide souffle de bas en haut (Talwind, Unterwind, Ora, etc.)
- en soirée et la nuit, la brise de montagne plus fraiche, descend des sommets vers la vallée.
(Bergwind, Oberwind, vent des glaciers, etc.)
Le Fœhn (Föhn)
« Un jour de Fœhn dévore autant de neige que 14 jours de soleil » dit un proverbe de l’Œtztal.
Le nom vient de la mythologie romaine « Favonius » (Grec : Zéphyr), vent d'ouest favorable, mais qui est en réalité sans direction prédéfinie. C'est un vent sec et chaud, engendré par la configuration morphologique générale du territoire et qui tire son origine d’une différence marquée de pressions entre deux versants de la chaine. On parle souvent d'« effet de Fœhn ».
Le domaine de prédilection de ce vent se situe principalement dans les vallées de l’arc alpin central ; Bas et Haut-Valais, les Grisons, Le Vorarlberg et le Tyrol, mais on le retrouve dans toutes les Alpes. Il est baptisé de noms divers issus d'expressions dialectales et locales comme "Schneefresser - mangeur de neige" au printemps, "Traubenkocher - cuiseur de raisins" à l'automne, "Türkenwind" au Tyrol, car il permet la maturation du mais, Tauernwind dans le Salzkammergut ou encore Jauk dans la vallée de la Drave.
Le Südföhn ou fœhn du sud
Illustration parfaite de cette manifestation climatique fréquente en hiver et demi-saisons, plus rare en été, permet d'expliquer ce phénomène.
Lorsqu'une dépression océanique (îles britanniques ou golfe de Gascogne) très creusée circule sur la partie externe des Alpes et que la pression est élevée sur l'Italie du Nord (bassin méditerranéen), l'air des vallées du versant nord est « siphonné » par la dépression. Sur la partie méridionale de la chaine, un courant frais s'élève et se charge en humidité se déversant sous forme de pluies abondantes, voire de neige. L'air déchargé de son humidité rejoint la ligne de crête où s'érige un mur de nuages, le Föhnmauer ou mur du fœhn. La température de l'air augmente à la fois par la condensation de la pluie et aussi au fur et à mesure qu'il descend sur le versant opposé, par effet de compression dû à une pression de plus en plus élevée. Ce vent chaud déferle avec violence dans les vallées du versant nord, prenant une vitesse considérable en dévalant la pente (pointes pouvant atteindre 120 à 150 km/h). Des écarts thermiques proches des 20° sont parfois observés au cours d'une même journée.
Le Nordföhn ou fœhn du nord
Il nait d' un contraste opposé à celui qui génère le Südföhn : une haute pression sur l'Atlantique voisin et une basse pression sur le nord de l'Italie. Il souffle en rafales sur la région des lacs insubriens, dans le Tessin appelé localement Tedesco ou Favonio, la Valteline, le Haut-Adige (Südtirol) ainsi que les bassins orientaux au pied des Tauern. Cependant son réchauffement est moindre à cause d'un air anticyclonal froid et sec.
Les effets de ce vent sont spectaculaires. Ses bienfaits climatiques sont indéniables, car il permet une meilleure utilisation des terres agricoles (viticulture) due à une fonte des neiges précoce ainsi qu'à des températures plus élevées, mais il est aussi dévastateur, provoquant avalanches et incendies. Par ailleurs, il n'est pas dénué de conséquence sur la santé de l'homme qu'il rend irritable, voire angoissé.
Le relief influence fortement la répartition et l'abondance des précipitations.
Les zones les plus pluvieuses sont généralement celles préalpines hormis les Préalpes françaises du Sud.
Le climat méditerranéen a deux tendances : chaud-sec et chaud-humide (dit insubrien, mélé d'influences continentales).
La pluviosité augmente régulièrement avec l'altitude. Il existe toutefois des poches avec peu de précipitations et un climat sec, souvent en correspondance avec les grandes vallées longitudinales.
Carte des précipitations annuelles moyennes dans les Alpes. | min |
max |
« À partir de 1 500 mètres, il peut neiger à chaque mois de l’année », nous dit Paul Guichonnet dans « histoire et civilisation des Alpes ». Cependant, « l’épaisseur et la durée du manteau neigeux varient fortement en fonction des conditions locales de relief et d’exposition. La persistance de l’enneigement varie entre 8 à 10 semaines vers 600 mètres d’altitude, 20 à 28 semaines vers 1 400 mètres, 30 à 35 semaines vers 2 500 mètres. Cette durée est fortement variable d’une année à l’autre, extrêmement contrastée d’un versant à l’autre (déneigement précoce sur les adrets et persistance sur les ubacs).
La neige est un élément fondamental du climat alpin et sur les hautes régions, à l'origine des glaciers.