Homoalpinus

Alps - Alpes - Alpi - Alpen - Alpe

Entre crise et prospérité (XIe-XVe s.)

À l'époque de Charlemagne, Les sociétés alpines sont nettement cloisonnées, dépourvues de contact les unes avec les autres.
Sur fond de victoires militaires sur les Hongrois (955) et les Sarrazins (980), avec la consolidation politique du Saint Empire Romain Germanique, et un sensible réchauffement climatique, peu à peu les relations s'établissent à partir du XIe siècle et les Alpes commencent à s'entrouvrir.

Il s'ensuit une extension prodigieuse de la superficie agricole utile se traduisant par un défrichement forestier et la fixation de nouveaux habitats.
Les Alpes s'ouvrent largement pendant deux siècles du XIIIe jusqu'au XVe siècle. Les Alpes se situent au cœur des trafics qui s'organisent entre les grands centres urbains d'Italie et ceux du Nord et du Nord-Ouest de l'Europe. À l'origine de cette évolution économique, sociale et politique, il faut reconnaître le rôle majeur exercé par les deux institutions que sont l'Église et la noblesse. Abbayes, couvents, monastères, églises se multiplient et par son savoir-faire, la communauté ecclésiastique favorise l'exploitation de terres agricoles. Parallèlement, les seigneurs féodaux cherchent à développer leurs fiefs, ce qui a pour conséquence une prolifération de châteaux, lieux de perception des péages, impulsant la constitution d'agglomérations nouvelles, le long des axes de communications. Les sièges d'évêchés ont souvent constitué les premiers marchés.

Au niveau des sociétés paysannes, on distingue deux systèmes économiques :
- une économie paysanne montagnarde latine, caractérisée par une pratique à égalité entre les cultures (seigle, orge, pois, etc.) et l'élevage,
- une économie basée sur un mode d'exploitation germanique qui se singularise par la puissance de l'élevage favorisant le flanc septentrional des Alpes, mettant ainsi en valeur un espace qui n'intéressait pas leurs homologues latins.

En Europe, la croissance qui succède à cette expansion va commencer à s'essouffler à cause d'une démographie trop importante par rapport aux ressources. Des périodes de famines prolongées suivies de la Peste noire de 1348 assènent un coup fatal à la croissance. Bien que certaines zones soient plus affectées que d'autres, les Alpes semblent avoir été moins atteintes par ces calamités que la plupart des autres régions, grâce à une plus grande richesse matérielle et une plus grande stabilité politique. À partir du XVe siècle, avec l'avènement de l'ère moderne marquée par la découverte de l'Amérique et du développement en Europe des sciences, de l'art et de la culture, les Alpes rejoignent la voie du sous-développement.