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La douce tyrannie de la Tech  -  par Capleymar

Le 6 février dernier, Étienne Klein invitait Philippe Delmas pour parler de son livre,  Un pouvoir implacable et doux. La Tech ou l’efficacité pour seule valeur (Fayard).

Philippe Delmas nous met en garde contre la douce tyrannie de la Tech, qui a profondément pénétré nos vies, envahi notre quotidien malgré nous , mais sans laquelle nous ne pourrions plus vivre. Il évoque son hégémonie indiscutable, mais suggère quelques solutions pour utiliser les nombreux services qu’elle rend à la société dans son ensemble tout en échappant à son emprise.

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Philippe Delmas : la Tech est-elle doucement despotique ?

Une révolution qui touche tous les aspects de la vie

L’intention pour l’auteur n’a pas pour objectif de faire le procès de la « Tech », mais d’expliquer quels sont les bouleversements que cette révolution engendre. La Tech nous rend d’immenses services au quotidien, mais elle transforme nos sociétés d’une façon que nous n’avons pas mesurée et nous ne trouvons pas toujours les solutions adaptées.

P.D. définit la Tech, comme « tout ce que l’électronique a produit depuis l’apparition de la puce ». Elle polarise la société ; 80 % des Africains possèdent un téléphone portable.

Après la révolution industrielle, la révolution numérique dont on peut estimer l’apparition à la fin des années 60 (1969, invention de la puce électronique), pénètre profondément notre société et ébranle ses fondements.

Le constat le plus flagrant lorsqu’on compare la révolution industrielle et la révolution numérique est que, autant la première rassemblait, autant la seconde divise.

La révolution industrielle est à l’origine d’un contrat social collectif, basé sur le partage au moins partiel de la richesse, la société prend soin de ses membres, et chacun peut espérer mieux pour soi-même et pour les siens.

L’économie de la Tech s’appuie uniquement sur la performance. Aujourd’hui, la réussite individuelle des salariés ne compte pratiquement plus dans l’augmentation des salaires, seule compte la performance moyenne de l’entreprise, ses gains de productivité découlant de la Tech. À l’échelle de la société, la Tech divise, les entreprises, les salariés, les villes, les territoires, les pays. La Tech sépare la société en gagnants et en perdants. Les perdants stagnent et les gagnants avancent.

La conséquence est que chaque individu se perçoit comme seul responsable de sa vie et au fond éprouve l’impression d’abandon. Cette tendance est particulièrement sensible au niveau des jeunes générations. Désormais, on attend de l’État qu’il soit efficace en formant les élèves de manière à ce qu’il trouve un job.

La société industrielle acceptait les individus « moyens » et est d’ailleurs à l’origine de l’émergence de la classe moyenne.  La société fonctionnait dans une logique collective, de redistribution, comme dans un système scolaire avec bien sûr des admis et des recalés, mais aussi des élèves moyens. La Tech nous fait entrer dans une stratégie de concours : reçu ou collé, dedans ou dehors.

Il existe toutefois des points communs entre la révolution industrielle et la révolution numérique.

-           La granularité ; ces deux révolutions ont touché tous les aspects de la vie

-           La mobilité ; la possibilité d’aller vite.

L’avion, le train, la voiture, permettaient de se déplacer rapidement dans l’espace, aujourd’hui, la mobilité passe de plus en plus par le virtuel : ordinateurs, téléphones portables, tablettes, etc. Le développement du télétravail encouragé par la crise sanitaire illustre parfaitement cette tendance. (2 milliards d’objets qui communiquent se vendent chaque jour)

-           La profondeur du changement

La révolution industrielle se caractérisait par des transformations visuelles : poteaux électriques, antennes , etc.

La révolution numérique pourrait être qualifiée de « révolution du rien » de l’invisible. C’est un réseau de machines dont ignorons totalement l’existence qui gère des logiciels dont nous n’avons aucune idée. (ex : le billet d’avion). Ce tissu-là organise au jour le jour toute notre vie.

Des monopoles économiques

Les innovations cumulatives tendent à produire des monopoles. Jusqu’aux années 70, les leaders enrichissaient l’ensemble du tissu économique. Dans le cadre de la Tech, les choses sont différentes. Les entreprises innovantes ont des cycles très courts et sont capables dans des délais relativement rapides d’acquérir des positions à partir desquelles il est très difficile de leur faire concurrence. Un des exemples éloquents est celui d’Intel qui était déjà présent en 1969 et reste leader en 2020. Les grandes entreprises de la Tech ont la capacité de consolider très vite leurs innovations et de financer leurs recherches, mais aussi d’empêcher l’apparition de la concurrence.

Google, Apple, Facebook achètent depuis 10 ans en moyenne une startup tous les mois.

« Apple pourrait racheter Total en cash » P.Delmas

L’emploi

Que deviennent les conducteurs de métro, les caissiers, etc., concurrencés par les machines ?

Un emploi dans la Tech crée en moyenne 2 à 5 emplois.

-           La nature des emplois change.

La quasi-totalité des emplois des classes moyennes disparaît.

-           Une focalisation territoriale

La Tech est très concentrée, elle se situe dans une dynamique d’agglomération.

En France entre 2008 et 2015 le nombre d’emplois a progressé de 20 % en Ile-de-France, dans les quatre régions du quart nord-est de la France il a baissé de 10 % ; quatre fois plus d’emplois sont créés en Ile-de-France que dans ces 4 régions. Le revenu moyen de ces emplois est deux fois plus élevé.

Quelle que soit l’organisation du territoire dans les différents pays du monde, la Tech se concentre dans les grandes agglomérations, les dynamise, les enrichit et génère 5 emplois de service de proximité. (Coiffeur, bar, restaurant, hôtel, cinéma, etc.).

L’absence de ces emplois et la déperdition des industries traditionnelles appauvrissent des villes moyennes qui n’ont pu développer la Tech. Le phénomène est universel.

-           Des salaires qui stagnent

Dans les 25 pays les plus riches du monde, les 2/3 des salaires n’augmentent pas.

-           Au niveau des pays

Le revenu par habitant des pays en voie de développement a cessé de rattraper celui des pays riches.

De manière générale, les pays en développement ne maitrisent pas suffisamment la Tech.

La révolution industrielle a mis entre 50 à 100 ans pour se diffuser dans les pays en développement.  La rapidité de l’essor de la Tech, aurait pu faire espérer qu’elle soit maitrisée à courte échéance, mais malheureusement ce n’est pas le cas.

La Tech est un tissu et pour qu’elle soit efficace, elle doit s’appuyer sur un réseau.

L’exemple du Kenya est éclairant. 70 % des entreprises sont sur le Net, le paiement au marché s’effectue très couramment au travers de la monnaie électronique. Pourtant la conséquence sur la croissance du pays est quasi nulle, car les entreprises demeurent isolées. Le cas de l’Inde est similaire ; les entreprises de la Tech sont complètement coupées du reste du pays, elles n’irriguent pas l’économie. La Tech aujourd’hui divise les pays en leur sein entre gagnants et perdants.

Les écarts entre pays riches et pays pauvres se creusent, car ces derniers se développent, mais beaucoup moins rapidement.

« Une modernisation de la misère » E.Klein

Les pays riches intègrent la Tech qui pénètre la société en profondeur. L’exemple de la généralisation de la fibre en France est significatif. Sur 20 ans, cette technologie va transformer le pays. Mais c’est un luxe que les pays pauvres ne peuvent s’offrir.

Que devient le pacte politique ?

Face à la logique des vainqueurs, dans 80 % des cas révélés par une étude de la banque mondiale portant sur 100 pays, le citoyen demande à l’État de l’efficacité et non de la démocratie.

Les États disposent pourtant d’outils législatifs et économiques pour rétablir un équilibre et corriger les effets délétères de la Tech. Aux États-Unis 10 % des dépenses de santé (1 % du PNB) sont destinés à soigner - à mettre sous médicaments - les salariés de la Tech dépressifs qui ont perdu leur emploi et éprouvent un violent sentiment de déclassement. Au Danemark, le même pourcentage de perte d’emplois n’implique pas les conséquences rencontrées aux États-Unis, car l’État a mis en place un système de préparation, d’accompagnement et de formation.

L’émergence des  réseaux sociaux 

Un des travers de la Tech est la confusion entre croyance et connaissance qui transite par le biais des réseaux sociaux. La différence n’est pas toujours très nette et alimente les thèses complotistes.

Par ailleurs, la conjonction de la Tech qui individualise (le portable est un objet intime, les réseaux sociaux offrent du sur-mesure à chacun) et la tendance déjà annoncée par Tocqueville à l’individualisation dans les sociétés modernes, entrainent un isolement et un appauvrissement de l’esprit. Naturellement, l’inclination est à se rapprocher uniquement de ses semblables. Le sens de la diversité, la richesse de la différence tendent à être oubliés. « Chacun se resserre dans son petit monde, et laisse dans sa petite société » disait Tocqueville, le risque est en effet pour l’individu de ne plus participer à la vie collective, ne plus côtoyer des personnes qui pensent autrement, ne plus supporter la différence. Cette perte du sentiment d’appartenance à « la grande société » représente un danger pour le contrat social.

Des solutions pour rééquilibrer la donne ?

Un des écueils  de la Tech réside dans le risque de préférer la donnée et le calcul au jugement. Le plus grand enjeu de nos sociétés contemporaines est la façon dont nous allons former l’esprit de nos jeunes. Apprendre la liberté de penser indépendamment de la machine, de l’enseignement, de l’autorité.

La Tech est un instrument qui nous rend beaucoup de services, mais que globalement nous maitrisons mal. Nos sociétés, nos dirigeants doivent les mettre sous contrôle. Nous disposons des outils pour que la Tech ne nous dévaste pas. Transformer nos sociétés en douceur représente une des missions primordiales de nos gouvernants.

L’Europe peut jouer un rôle crucial en ce sens. C’est la première partie du monde où les grandes entreprises de la Tech ont été mises à l’amende pour comportement concurrentiel. C’est également une des rares parties du monde qui s’intéresse à la vie privée des gens. Ce qui différencie l’Europe du reste du monde c’est son attachement à la diversité.

Enfin, les choses évoluent et on commence à percevoir un désir de temps long, même dans les jeunes générations.

Publié le 06/03/2021 14:14  - 1 commentaire -
Le guide et le procureur  -  par Capleymar

La haute-montagne est-elle un lieu de non droit ?

Publié le 28/02/2021 03:10  - aucun commentaire -

France culture - Cultures Monde

Privées de la majorité de leur clientèle par les restrictions de circulation et par des mesures sanitaires strictes, les stations de ski sont bien loin de vivre un hiver comme les autres. Néanmoins, les années à venir pourraient bien être à l’image de la saison actuelle pour le tourisme d'hiver...

Publié le 27/02/2021 19:49  - aucun commentaire -
Les hommages à Chick Corea  -  par Capleymar

Quelques hommages à Chick Corea du milieu de la musique 

Herbie Hancock

[The news of Corea’s death] hit me like a ton of bricks...

So when I think of Chick, I think of a person with a big heart. And that’s what we all need: We all need a big heart and to always be willing to share anything that we’ve learned, anything that we’ve discovered, so that everybody has a chance to move forward. That’s what Chick was really about.

Remembering Chick Corea

Publiée par Herbie Hancock sur Mardi 16 février 2021

Heartbroken doesn’t even touch the tip of the iceberg of how this one feels…RIP to my dear brother-in-arms Chick...

Publiée par Quincy Jones sur Jeudi 11 février 2021

The great Chick Corea has left this life but the incredible music he gave us and the meaningful memories will live on in...

Publiée par Al Di Meola sur Jeudi 11 février 2021

Man, we lost Chick. Chick Corea represented to me, the highest level of musical creativity, honesty, curiosity, and...

Publiée par Marcus Miller sur Jeudi 11 février 2021

Prince was influenced by the work of Chick Corea from an early age, beginning with Chick's work in the jazz-funk group...

Publiée par Prince sur Vendredi 12 février 2021

Chick Corea (1941-2021) Pianist Armando Anthony “Chick” Corea, one of the great improvising musicians of our time, a...

Publiée par ECM Records sur Vendredi 12 février 2021

''Chick my friend, you have shaped my life like no one has, or ever will. I will always love you dearly.''❤️ Avishai Chick Corea Razdaz Recordz Loop Prod

Publiée par Avishai Cohen sur Vendredi 12 février 2021

RIP maestro ????

Publiée par Igor Gehenot sur Jeudi 11 février 2021

Comforting words of wisdom I will always turn to in times of creative uncertainty. Chick Corea was a giant, an icon, and...

Publiée par Connie Han sur Vendredi 12 février 2021

RIP Chick....!!!!!!!

Publiée par Patrick Deltenre sur Jeudi 11 février 2021

It was always a pleasure and deep musical journey playing alongside Chick. His technical brilliance, musical creativity,...

Publiée par Terence Blanchard sur Vendredi 12 février 2021

Bye bye Chick Corea...

Publiée par Alain Pierre sur Vendredi 12 février 2021

Rest in peace, Chick Corea ܔ “The concept of communication with an audience became a big thing for me at the time....

Publiée par Taj Mahal sur Vendredi 12 février 2021

God bless Chick Corea, one of the most innovative and inspired musicians I ever had the privilege to work with. His...

Publiée par Yusuf / Cat Stevens sur Jeudi 11 février 2021

RIP

Publiée par Weather Report sur Jeudi 11 février 2021

2 images

© Tous droits réservés 

Publiée par Wayne Shorter sur Jeudi 11 février 2021

J'ai retrouvé une photo ! Lors d'un festival en Irlande avec Philip Catherine, Chick Corea était là avec son groupe Spanich J'en profitais pour faire une photo avec mon Héros ! J'étais tellement fier !!!

Publiée par Mimi Verderame sur Jeudi 11 février 2021

Today we were so shocked and devastated by the loss of @chickcorea. There aren’t enough words to express my love,...

Publiée par John Patitucci sur Jeudi 11 février 2021

Return to Forever Maestro Chick Corea ???? Thank you....

Publiée par Nathan East sur Jeudi 11 février 2021

Wow! A Master Musician & Musical Visionary has changed frequencies & is no longer with us on this planet. Mr. Chick...

Publiée par William "Bootsy" Collins sur Jeudi 11 février 2021

Saying Goodbye to another hero...

Publiée par Julian Lennon sur Jeudi 11 février 2021

Publié le 16/02/2021 12:29  - aucun commentaire -

LE TOURISME ALPIN A L’HEURE DU VIRUS. (Entretien à la CIPRA)

La crise que nous vivons actuellement met finalement en exergue les questions récurrentes soulevées par la fréquentation touristique en général et en particulier dans les territoires alpins.

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En effet, le problème fondamental réside dans l’équilibre entre une fréquentation intensive dans les grandes stations de sports d’hiver mettant en péril l’équilibre écologique et un nombre de visiteurs insuffisant à faire vivre certaines zones alpines. Le géographe, Werner Bätzing, étudie depuis longtemps ce phénomène au travers de deux communes situés aux deux extrémités de la chaine, Sambuco dans le Piémont (Italie) et Bad Gastein dans le land de Salzbourg (Autriche)

La crise du Covid-19 ayant entrainé la fermeture prématurée des stations de sports d’hiver, comment alors penser l’avenir touristique, une des sources de revenus majeures de l’arc alpin ?

La question a été posée à Stefanie Pfahl qui dirige le département du tourisme et des sports de la BMU, le ministère fédéral allemand de l'Environnement, de la conservation de la nature et de la sûreté nucléaire.

Le deuxième expert interrogé est Christian Baumgartner. Il enseigne et recherche sur le tourisme durable à l'Université des Grisons / CH et est vice-président de CIPRA International.

L’entretien a été conduit par Michael Gams et Paul Froning représentants de la CIPRA.

La promiscuité dans les grandes stations à l’instar des zones urbanisées est un terreau pour cette maladie. C’est une des dérives du tourisme intensif moderne pense Christian Baumgartner.

Les médias allemands ont qualifié certaines stations alpines, fréquentées par une majorité de touristes allemands, de véritables « nids » à Coronavirus. Stéfanie Pfal considère que c’est un phénomène tellement nouveau que l’on peut se demander si les règles de sécurité sanitaire ont été respectées. Par ailleurs, ce qui s’est déroulé dans le Tyrol n’a pas été complètement éclairci, mais est-ce vraiment utile ? Les autorités ont attendu la dernière minute pour fermer les stations, ignorant les symptômes manifestes de la maladie de leurs employés. Les intérêts économiques ont clairement prévalu sur les intérêts sanitaires.

Les stations de sports d’hiver dans le Tyrol songeaient à rouvrir à la mi-mai, mais le public a déjà compris qu’il faudrait sans doute davantage de temps pour pouvoir se déplacer de nouveau en toute liberté et que peut-être il ne pourrait retrouver ce qu’il aimait faire avant l’arrivée du virus.

Quoi qu’il en soit il faudra veiller au respect de l’environnement.

Donc, les questions qui devaient être soulevées lors de la conférence du BMU (Bundesministerium für Umvelt) sur la durabilité du tourisme de plein air, initialement prévue au mois de mai et reportée à l’automne ou à l’année prochaine, prendront en considération les effets de la pandémie.

Nos deux intervenants s’accordent sur le fait que le tourisme de plein air même après la crise du Covid-19 devra répondre à deux exigences :

  • -          Les activités sportives de plein air devront être gérées judicieusement pour limiter leur impact sur l’environnement
  • -          Par ailleurs, c'est bien sûr un pilier économique vital que l’on ne peut pas négliger et donc la question de la crise économique générée par le Coronavirus sera à prendre en considération.

Comment peut-on alors concevoir le tourisme de plein air comme un pilier économique en limitant en même temps l’utilisation des ressources naturelles et environnementales ?

Christian Baumgartner évoque la crise de 2009/2010/2011 pendant laquelle les territoires engagés dans un « tourisme doux » ont été moins frappés par la crise que les grands centres touristiques.

Les clients se montraient plus fidèles et revenaient plus souvent à l’occasion de leurs congés.

De manière générale, la diversification des activités économiques peut représenter une solution, car une concentration supérieure à la moyenne de l’économie régionale dans un secteur unique, en l’occurrence le tourisme, a un impact considérable en situation de crise. Le tourisme doit faire partie d’un développement régional, et répondre à des orientations bien définies.

Actuellement, en raison de la crise, beaucoup d’entreprises ne survivront pas, en particulier les plus petites. Le tourisme international des voyagistes va subir un grand déclin. Mais avec des aides de l’État, le tourisme interne et transfrontalier peut repartir. L’aspect culturel devra être développé, de sorte que la région puisse vivre toute l’année en mettant en valeur et préservant dans le même temps son patrimoine.

Il faudra quoi qu’il en soit adopter une approche régionale globale en prenant en compte différents paramètres comme « la consommation électrique, la mobilité touristique et d’autres domaines pertinents tels que l’agriculture et la biodiversité ». « L’objectif doit être d’axer la politique d’aide sur des interventions en réseau, viables et à long terme en faveur d’un tourisme hivernal ou quatre saisons durable, et de conserver la valeur ajoutée sur le territoire ».

Cette crise sanitaire pourrait être l’occasion de tendre vers un rééquilibrage géographique et économique des activités dans l’arc alpin en permettant aux différentes régions de se développer harmonieusement.

Alpentourismus in der Coronakrise (podcast)

Coronavirus : le tourisme alpin frappé de plein fouet

Publié le 15/04/2020 15:00  - aucun commentaire -

Le statut de patrimoine de l’UNESCO est-il un gage de protection  des sites classés ?

Dans la publication du mois de juillet 2019 de la CIPRA, Andreas Riedl, directeur de CIPRA Haut-Adige, pose cette question intéressante, voire préoccupante.

La Grossglockner-Hochalpenstrasse se verra vraisemblablement attribuer bientôt le statut de patrimoine mondial de l’UNESCO. Or, on constate que cette distinction qui est supposée offrir une protection des sites classés, est à l’origine dans bien des cas de dérives liées au tourisme de masse. Ainsi, certains sites des Dolomites par exemple, sont actuellement saturés, voire dégradés par la sur fréquentation touristique.

La promotion des sites bénéficiant de ce statut ne va-t-elle pas à l’encontre de leur conservation ? Qu'adviendra-t-il du site du Mont-Blanc candidat au patrimoine  mondial ou d'autres lieux qui souffrent déjà des effets délétères du tourisme de masse  ?

https://www.cipra.org/fr/nouveautes/se-debarrasser-des-fantomes-de-l2019unesco

https://www.la-croix.com/France/Le-Mont-Blanc-vise-Patrimoine-mondial-lUnesco-2017-10-30-1200888322

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Publié le 09/08/2019 14:48  - aucun commentaire -

Le tourisme alpin : une relation contradictoire avec le paysage

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Dans le numéro 104 de la revue thématique Alpenscène, au titre évocateur «  Le paysage est négociable », la CIPRA (Commission Internationale pour la Protection des Alpes) met en évidence la relation paradoxale du tourisme avec le paysage alpin. Une des vocations principales de la CIPRA consiste précisément à proposer des solutions transnationales pour un développement durable dans les Alpes.

Les Alpes, un univers exotique pour le citadin

« Faire une ascension c’est passer ainsi du monde civilisé à une nature en quelque sorte exotique… » écrit Jean-Paul Guérin.

Pourtant l’homme signale sa présence depuis la fin du quaternaire. Les bergers à la tête de troupeaux d’ovins conquièrent les alpages et avec les progrès technologiques (métallurgie du bronze puis du fer), la pression démographique et la nécessité de se nourrir, de se chauffer, la présence humaine marque fortement son empreinte sur l’environnement. Ainsi les forêts exploitées pour différentes raisons sont façonnées depuis longtemps par l’homme. La culture des céréales en altitude qui constitue une source de nourriture conséquente modèle également le paysage.

Avec l’exode, l’abandon des terres implique une nouvelle modification du milieu naturel et de la faune.

Toujours selon le géographe Jean-Paul Guérin, l’homme et la nature alpine ont évolué concomitamment. Il n’existe pas à proprement parler de nature vierge que l’homme aurait colonisée, mais un paysage « produit - en continu - de l’action de l’homme. » Par ailleurs, la pression de la modernité est très inégale dans l’ensemble des Alpes, certains secteurs sont très urbanisés, tandis que d’autres ne sont plus marqués par l’action humaine depuis des décennies, ce qui ouvre des perspectives nouvelles sans que l’on puisse préjuger d’un équilibre potentiel.

Ainsi le paysage alpin ne se résume-t-il pas à une nature domptée par l’être humain, il revêt tantôt une apparence sauvage, tantôt une configuration par endroit très urbanisée.

Une dimension esthétique des paysages

Au-delà des contingences matérielles qui ont conduit l’homme par nécessité d’adaptation à façonner en partie son milieu naturel, il existe une dimension symbolique dans les paysages de l’arc alpin. Ils naissent de la perception par l’être humain de son environnement. Cette perception varie en fonction de chaque individu, de sa culture, de son histoire.

Toutefois, les normes et valeurs sociales conditionnent notre appréhension du paysage. Les intérêts parfois contradictoires peuvent être source de conflits : protecteurs de l’environnement et adeptes du marketing touristique ne partagent pas toujours des objectifs convergents. Dans de nombreuses régions des Alpes, le tourisme repose sur un paradoxe : les sites naturels et ruraux constituent l’essence de l’activité touristique qui  dans le même temps est grande destructrice de paysages alpins.

La voie de la raison

Face au dérèglement climatique entrainant la pénurie de neige, à l’urbanisation à outrance et ses effets délétères sur l’environnement, la nécessité d’une orientation touristique nouvelle, s’impose. Cette direction innovante, plus respectueuse d’un équilibre entre l’homme et la nature devra être adoptée en concertation avec tous les acteurs du territoire.

À l'inverse des erreurs commises précédemment, il faut pour faire évoluer les mentalités une réelle synergie : les responsables de parcs doivent prendre en compte l’avis et la vie des résidents et les habitants doivent comprendre que leur patrimoine naturel est leur véritable ressource économique, en détruisant leur environnement, ils portent un coup fatal à leur source de revenus.

La série de quatre documentaires passionnants, diffusée du 4 au 7 février derniers sur France Culture dans l’émission LSD, illustre parfaitement au travers de l’histoire du Parc de la Vanoise, la difficulté à concilier des intérêts parfois divergents, mais finalement souvent convergents.

https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/vanoise-un-parc-national-pour-qui-14-quand-un-territoire-devient-parc-national

https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/vanoise-un-parc-national-pour-qui-24-tarentaise-a-la-poursuite-de-lor-blanc

https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/vanoise-un-parc-national-pour-qui-34-haute-maurienne-un-parc-conteste-par-ses-habitants

https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/vanoise-un-parc-national-pour-qui-44-bestiaire-dune-zone-protegee

Publié le 22/02/2019 08:58  - aucun commentaire -

Le directeur de CIPRA International, Kaspar Schuler, lance un appel à la sagesse.

Dans un communiqué de presse et devant la montée des crises politiques au sein de l'Europe, Kaspar Schuler encourage les pays alpins à partager un espace commun et à lutter de manière solidaire contre une double menace : la crise climatique et les nationalismes.

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"Entretenir la flamme de la solidarité au lieu d’allumer le feu de la discorde"...

Voici son texte :

"La crise climatique et le nationalisme sont les deux plus grandes menaces de notre temps, déclare Kaspar Schuler, directeur de CIPRA International depuis juin dernier, à l’occasion du 30e anniversaire de l’action « Feux dans les Alpes ».

Tout a commencé il y a 30 ans : dans la haute vallée de Madris dans les Grisons, tout près du Val Bregaglia italien, un feu a brûlé en montagne pour lancer un appel à l’aide et à la résistance. Je travaillais alors comme berger alpin. Avec une poignée de gens courageux, habitants de souche et nouveaux arrivants, je me suis battu avec ma famille contre un projet de retenue destiné à une centrale de pompage-turbinage – un projet comme il en existait des douzaines à l’époque dans les Alpes suisses. La construction débridée d’autoroutes de transit à travers les Alpes, la dévalorisation de l’agriculture de montagne, l’avènement des canons à neige et la prolifération des stations de ski nous ont également mobilisés pour la défense de l’environnement. Les feux traçaient un lien entre les thématiques, les régions et les gens. Nous imaginions cette chaîne de lumières vue par un oiseau survolant de nuit les Alpes, de Vienne/A à Nice/F.

La diffusion de la notion de durabilité en tant que concept fondamental du développement montre que les innombrables pionniers avaient raison. En particulier ceux qui, depuis les années 1950, ont défendu inlassablement l’idée d’un traité de protection à l’échelle alpine. Ce traité est devenu réalité en 1995. Depuis cette date, la Convention alpine définit le cadre politique d’un développement économique compatible avec le respect de l’environnement.

Mais le travail n’est pas terminé. Une crise climatique imminente menace la région alpine. Et un poison bien connu palpite dans les veines de nombreux habitants des Alpes : le nationalisme.

Le changement climatique a montré ses crocs cet été avec la grave sécheresse qui a frappé les Alpes germanophones et qui, dans certains endroits, a entraîné une interdiction générale de faire du feu. Les feux dans les Alpes ont donc été remplacés par un show lumineux qui a fasciné les participants de l’événement organisé par l’Initiative des Alpes, Mountain Wilderness et la CIPRA à l’occasion du 30e anniversaire de l’action.

Le nationalisme célèbre une sombre renaissance en promettant des recettes simples pour résoudre les problèmes politiques. Or, il ne produit qu’une seule chose : des perdants. Mes vacances d’été au bord des eaux turquoise de la Soça en Slovénie me l’ont rappelé. Les rencontres chaleureuses avec les habitants des Alpes juliennes m’ont fasciné, au-delà des langues et des frontières. Mais les cicatrices du front de l’Isonzo encore visibles à flanc de montagnes et dans les villages ont ravivé en moi les terribles souvenirs de la Première Guerre mondiale. Au nom des idéaux nationalistes, les soldats slovènes, autrichiens, hongrois, allemands et italiens se sont entretués pendant deux ans sur les crêtes et dans les vallées, dans des combats qui ont coûté la vie à quelques 200 000 personnes.

C’est donc à nous, les habitants des Alpes d’aujourd’hui, qu’il incombe d’affronter ces deux menaces : le nationalisme et la crise climatique. Avec des actes d’innovation et de modestie, avec esprit d’ouverture et humanisme, unis par-delà les cimes et les frontières nationales. Pour que les feux ne brûlent pas en dévastant tout sur leur passage comme la guerre ou les feux de forêt, mais qu’ils fassent naître dans nos cœurs une flamme de solidarité."

https://www.cipra.org/fr/nouveautes/point-de-vue-entretenir-la-flamme-de-la-solidarite-au-lieu-d2019allumer-le-feu-de-la-discorde

Publié le 20/10/2018 08:36  - aucun commentaire -
Le Mont-Blanc sur réservation  -  par Capleymar

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Le Mont-Blanc sur réservation

J’ai eu envie d’écrire ce texte dans le prolongement des articles de Cédric Sapin-Defour et Jocelyn Chavy, tous deux parus dans la jeune revue en ligne Alpinemag.

Il s’agit du fameux permis pour l’accès par la voie normale du Mont-Blanc que le premier magistrat de Saint-Gervais compte mettre en place.

Cette petite révolution dans le monde de la montagne a déjà fait couler beaucoup d’encre.

Le texte de Cédric Sapin-Defour est à l’évidence volontairement excessif (néanmoins remarquablement écrit), et provocateur. Le maire de Saint-Gervais, Jean-Marc Peillex n’a certainement pas prononcé ces paroles, mais il a sans doute mis délibérément en exergue ce qui demeurait anecdotique : un peu comme, actuellement en Italie, on a tendance à rendre responsables les migrants de tous les actes de délinquance perpétrés sur le sol transalpin.

Je ne pense pas que les gens se battent régulièrement aux portes du refuge du goûter, mais plutôt qu’ils ont envie de partager une expérience unique. Il y a sans doute des excès dus à la sur fréquentation de la voie normale, mais globalement est-ce réellement ce genre d’incident qui domine ?

Il n’en reste pas moins que l’afflux touristique immodéré provoque, comme toujours, des dérives peu souhaitables, mais pour autant, l'instauration d'un permis est-elle la solution ? Seuls ceux qui pourront s’offrir un guide auront la possibilité d’accéder au toit de l’Europe puisque l’ascension sera conditionnée à la disponibilité en refuge et à la réservation par les guides rendue vraisemblablement prioritaire. Si ce permis est gratuit, c’est du moins ce qu’annonce le maire de Saint-Gervais, le restera-t-il et quels seront les critères de sélection à remplir pour son obtention ? Quelles seront les modalités de contrôle appliquées par « la brigade blanche » et quelles seront les sanctions encourues ?

Le premier magistrat de Chamonix, Éric Fournier apparemment non concerté, déplore cette décision, qui va selon lui déplacer le problème et sans doute l’aggraver en matière de sécurité : les alpinistes refoulés de la voie normale emprunteraient un itinéraire plus technique et plus dangereux (l’ascension par les trois monts).

De manière générale, cet évènement pose la question fondamentale de la liberté.

 

La montagne est par essence un espace de liberté.  De quel droit peut-on en autoriser ou en restreindre l’accès ?

Le paradoxe à l’heure actuelle c’est que les endroits préservés des excès générés par le tourisme de masse par des parcs naturels nationaux ou départementaux deviennent tellement protégés que quasiment tout y est interdit et réprimé. Mais, dès que les frontières du parc sont franchies, le bruit et la fureur reprennent leur droit. Ainsi les grands cols alpins sont-ils le théâtre d’une frénésie touristique démesurée : la rumeur des véhicules en tous genres résonne dans les parois et le calme si précieux de la nature se trouve sérieusement compromis. Il en va de même pour les stations de sports d’hiver et leur impact délétère sur l’environnement.

Alors, comment faire pour que la montagne ne devienne privatisée et réservée à une élite sans que pour autant elle se transforme en Disneyland d’altitude ?

Apparemment, nul ne détient la solution, mais des pistes sont déjà envisagées dans le cadre d’un tourisme « doux » qui consiste à considérer la montagne sous un angle différent de celui de la performance.

Tout est dans la nuance évidemment…

Pour aller plus loin...

https://www.montagnes-magazine.com/actus-un-permis-mont-blanc-vraiment

https://www.francebleu.fr/infos/societe/en-2019-il-faudra-un-permis-pour-monter-au-sommet-du-mont-blanc-1536011827

https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/haute-savoie/chamonix/permis-gravir-mont-blanc-que-sait-on-brigades-blanches-qui-seront-chargees-du-controle-1535796.html

Publié le 25/09/2018 14:25  - aucun commentaire -

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Paul Rebeyrolle

Arturo ESCOBAR : Faire monde

Le numéro du 27/06/2018 de l’excellente émission « Matières à penser » de Dominique Rousset, ou comment « penser demain » au carrefour de la science et de l’écologie, de l’économie et la vie sociale, était consacré à Arturo Escobar anthropologue colombien. Voici une tentative de résumer l’essentiel de sa pensée.

Arturo Escobar s’inspire du mouvement sud-américain dit « décolonial ».  Ce dernier remet profondément en cause la conception dualiste et hégémonique occidentale qui sépare corps et esprit, émotion et raison, savant et indigène, humain  et animal, végétal et corporel. C’est d’ailleurs révélateur d’un tournant de l’anthropologie moderne incarné entre autres par Philippe Descola qui considère comme problématique la pensée dualiste occidentale basée sur la séparation entre nature et culture. 

Le concept fondamental d' Arturo Escobar est une invitation à « pluraliser les mondes ». Pour cela, il remet profondément en question le système occidental fondé sur l’individualisme, la compétition et la domination.

Il s’appuie sur les mouvements d’Amérique latine tels les zapatistes au Chiapas, les Aymaras en Colombie, etc. 

Pour lui, ces mouvements représentent un avant-gardisme dans le mode d’organisation de la société sur la base d’autonomies locales fondées sur des relations sociales non capitalistes. Sa vision écologiste repose sur le souhait de composer un monde à partir de tout y compris les éléments de la nature, montagne, rivière, mer, etc. qu’il considère comme des « êtres sensibles ». Sa pensée s’articule autour de concepts tels : le décolonialisme, le post-extractivisme (ex. d'extractivisme : la déforestation), les nouvelles « pensées ontologiques pluriverselles » construites autour de la « relationalité » et de la « communalité ». 

Pour A.E, il existe des liens de continuité entre les mondes biophysiques, humains et surnaturels.

« Toutes les choses du monde sont faites d’entités qui ne préexistent pas aux relations qui les constituent ». Dit-il .

Il prône une politique de la « relationalité » qu’il retrouve dans différents mouvements sociaux sud-américains, mais aussi occidentaux, comme les zadistes de Notre-Dame-des-Landes. 

Tout en critiquant l’universalisme occidental sous ses aspects dominateurs, il défend un universalisme qui serait fondé sur un projet commun destiné à se reconnecter avec la terre, pour mieux vivre avec elle.

Publié le 17/08/2018 11:12  - aucun commentaire -