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Villes et urbanisme

Toutes ces données entrent dans le cadre des limites de la Convention alpine. (Werner Bätzing - Manfred Perlik)

Plus de 90% des villes alpines comptent moins de 50 000 habitants.

Seules 6 villes dépassent les 100 000 habitants :
Grenoble en France, Salzburg et Innsbruck en Autriche, Trente et Bolzano/Bozen en Italie, Maribor en Slovénie.

8 villes oscillent entre 50 000 et 100 000 habitants :
Klagenfurt et Villach en Autriche, Kempten et Rosenheim en Allemagne, Chambéry et Annecy en France, Luzern en Suisse, Kranj en Slovénie.

De plus, on peut distinguer 10 aires urbaines de plus de 100 000 habitants :
Grenoble, Salzburg, Luzern, Innsbruck, Annecy, Rosenheim, Bolzano/Bozen, Trento, Chambéry et Maribor.


Grenoble (Isère)

Fabrizio Bartaletti, géographe italien spécialisé dans l'étude des villes, adopte d'autres limites et intègre des villes comme Como ou San Remo.

Les villes alpines

De manière générale, la configuration du relief n’est pas très propice à de grandes concentrations humaines. C’est au XIVe siècle, avec l’extension des pouvoirs de l’état et de l’église que l’on voit apparaître des centres urbanisés. D’après le géographe Manfred Perlik, au XVIIe siècle, 15 évêchés se partagent le territoire français.

La rareté des villes au sein du massif justifie sans doute le peu d’étude consacré à ce sujet. Fabrizio Bartaletti évoque même une « zone grise » de la recherche. En pratique, l’absence de consensus de la communauté scientifique autour des critères définissant le concept de cité alpine, la difficulté à déterminer une délimitation univoque des Alpes et une uniformisation des données statistiques, tous ces facteurs expliquent le manque d’informations dans ce domaine.

Le géographe italien Giuseppe Dematteis en 1975 est un des premiers à réaliser une étude approfondie des villes alpines. Sont considérées alors comme villes, les agglomérations susceptibles de fournir des services à une population d’au moins 5.000 habitants (noyaux urbains et localités environnantes). Un quart de siècle plus tard, avec la croissance démographique et le développement des zones périurbaines on récence de nombreuses villes d’approximativement 10.000 habitants, mais 90 % en comptent moins de 50.000. Si on s’appuie sur les limites de la Convention Alpine, seules 7 dépassent les 100.000 habitants (Innsbruck, Klagenfurt, Salzbourg en Autriche, Grenoble en France, Trento et Bolzano en Italie, Maribor en Slovénie). En 2000, Manfred Perlik, dans une monographie consacrée à ce sujet considère comme villes les communes de 10.000 habitants ou 5.000 postes de travail, 10.000 habitants étant le critère, un peu « brut », retenu par l’office fédéral suisse.

Les différents types de cités alpines

Les géographes Werner Bätzing et Fabrizio Bartaletti ont une vision assez similaire du processus d’urbanisation au sein du massif :

- La métropolisation

Les villes localisées en bordure de chaine, mais faisant partie intégrante du massif, communes de fond de vallée ou situées sur les bassins sont aisément accessibles des grandes métropoles circumalpines et s’intègrent à ce paysage de « grandes nébuleuses urbaines ». Werner Bätzing souligne les aspects positifs de ce phénomène d’un point de vue économique, mais s’inquiète également de la perte d’indépendance des villes alpines condamnées à un rôle périphérique, parfois de cités-dortoirs.

- Les lieux centraux (localité centrale) 

Ils ont à la fois un rôle administratif, commercial, industriel, culturel et de services pour leur propre arrière-pays, mais aussi de carrefour supranational surtout pour la collecte et la redistribution. Dans les villes moyennes, ces deux fonctions s’équilibrent tandis que l’économie supranationale prend le dessus dans les grandes agglomérations (Grenoble, Innsbruck, Bolzano).

- L’urbanisation linéaire en ruban

Elle se développe le long des larges sillons alpins, plutôt de basse altitude, parcourus par d’importants flux de trafic transalpin, une situation avantageuse d’un point de vue économique. C’est une frange linéaire entremêlant habitat, industries et infrastructures de communication, rattachée à des centres autrefois ruraux, aujourd‘hui liés à des activités de type urbain.

- L’urbanisation touristique

L’émergence du tourisme à la fin du XIXe siècle, puis son extension à partir de 1945 pendant la période des « trente glorieuses » s’accompagne de la naissance de nouvelles communes vouées à cette activité. Ces dernières, apparues récemment, rejoignent aujourd’hui des caractéristiques et des fonctions de vraies villes en offrant des services spécialisés non directement liés à l’activité touristique. Davos propose par exemple un centre scientifique l’institut Fédéral pour l’étude de la neige et des avalanches. Le complexe urbain a des dimensions supérieures à celles auxquelles on pourrait s’attendre relativement à la taille de la population résidente. C’est une des résultantes du surcroit de la fréquentation touristique saisonnière. Comment alors définir une ville alpine ?

Cette question contient de manière sous-jacente l’éternelle interrogation sur le périmètre alpin. En effet, l’insertion ou l’exclusion de certains centres urbains dans la chaine prendra tout son sens, en fonction des limites du massif que fixent, la Convention Alpine, l’Interreg. IV, ou encore les différents géographes spécialisés dans cette étude. Manfred Perlik s’appuie sur trois critères pour cerner le concept de « cité alpine » :

• Le relief qui conditionne l’accessibilité, l’exposition aux risques naturels, et la limitation de la surface disponible.
• Une croissance démographique et une demande de services spécialisés restreints, des marchés limités. Un coût d’infrastructure par habitant élevé.
• Une tertiarisation retardée par rapport à la plaine.

Luigi Gaido émet l’idée selon laquelle le monde alpin représente dans l’imaginaire collectif un espace naturel par excellence et en ce sens, à cause de cette dimension, s’oppose au concept même de ville. « Se  sentir ville alpine » dépend de deux éléments ; d’une part la localisation et de l’autre une perception de la propre identité, sensation qui dépasse de loin la valeur donnée par la situation géographique. Dans cette optique, les villes alpines seraient celles « internes » et « externes » à l’arc alpin qui ont un lien particulier avec lui et trouvent en lui une solution à leurs problèmes territoriaux. Les villes « internes » ou « villes de montagne », au sens de « à l’intérieur » du massif, « sur » les montagnes s’opposeraient aux villes « externes » localisées à proximité du massif ou dans les vallées.

Villes-Références bibliographique